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TURIN 2022

Critique : Orlando

par 

- Ce film de Daniele Vicari, tourné à Bruxelles, s’articule autour de l’affectueuse rencontre-choc entre deux générations, et peut-être deux cinémas

Critique : Orlando
Michele Placido et Angelica Kazankova dans Orlando

Orlando [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
de Daniele Vicari évoque une rencontre-choc affectueuse entre deux générations aux antipodes l'une de l'autre, géographiquement et culturellement. Le film a été projeté hors-compétition au Festival de Turin et il sort le 1er dans les salles italiennes, distribué par Europictures.

Interprété avec naturel par l'acteur et réalisateur Michele Placido, 66 ans, le héros éponyme du film est un agriculteur austère et taciturne de Sabine, une région rurale située au nord-est de Rome, qui reçoit une demande d’aide de la part de son fils, établi à Bruxelles depuis vingt ans. Orlando n’a jamais pardonné au jeune homme la "trahison" qu'a représenté pour lui le fait qu'il émigre vers un autre pays, mais à présent, Valerio est à l’hôpital et il a besoin de lui. Orlando, qui a déjà du mal à parler l’italien, arrive donc dans la capitale belge pour apprendre que son fils est décédé et lui a laissé une petite-fille de 12 ans vivace et déterminée, Lyse (Angelica Kazankova). Orlando voudrait ramener la fillette en Italie, un peu comme si c’était un petit lapin récalcitrant qu'on trimbale par les oreilles, mais Lyse, dont la maman ne l'a pas reconnue à la naissance, s'y oppose. Elle ne veut pas quitter son école, le patinage, qu’elle adore, et ses amis pour partir vivre à la campagne avec un vieux ronchon. Dans ses échanges avec les services sociaux qui suivent l'affaire (représentés par Fabrizio Rongione et Christelle Cornil), Orlando entrevoit une solution : confier la petite et s'en retourner vers son verger et ses animaux. Entretemps, le grand-père et la petite-fille se flairent l'un l'autre, se rapprochent et parlent des rêves que Valerio n'a pas eu le temps de réaliser : il voulait ouvrir un restaurant italien à Bruxelles.

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Vicari ne quitte pas son vieux héros d'une semelle, multiplie les plans rapprochés sur le visage de Placido (magnifiquement filmé par Gherardo Gossi), lui fait traverser les rues d’une ville qu'il juge hostile mais dont il n’a pas peur. Le film, scénarisé par Daniele Vicari avec Andrea Cedrola, avance en ligne droite, sans soubresauts particulièrement dramatiques et sans ajouter un moment culminant. Il se concentre sur la relation familiale qui est en train de naître. Il y a un fort élément autobiographique dans le film, marqué par le nom du personnage-titre, qui est aussi celui du père du réalisateur : Vicari vient en effet de la zone d’où vient le héros et dès les premières images en Italie, montre le village où il est né. Cela dit, le motif qui domine est la contradiction entre deux mondes antithétiques, sans point de contact apparent, que Vicari avait mis en scène dès son deuxième long-métrage, L’orizzonte degli eventi, où des bergers originaires d’Europe de l'Est gardaient des brebis sur les hauteurs du Gran Sasso et vivaient une existence archaïque tandis que sous eux, dans les entrailles de la terre, dans un des laboratoires scientifiques les plus modernes d'Europe, des équipes internationales de physiciens conduisaient des recherches. Sauf que selon une euro-métacinématographique, on aime à penser que Vicari nous parle du Septième Art. Du cinéma des grands maîtres, d'abord, en confiant le rôle principal à un acteur qui est ensuite devenu réalisateur lui aussi, avec un premier film sur l’immigration, qui a tourné avec des grands noms comme Monicelli, Comencini, Bellocchio, Damiani, Rosi, Ferreri, Wertmüller... Vicari dédie d'ailleurs son film à Ettore Scola, avec qui il a créé une école de cinéma, dans les dernières années de la vie du maestro. Ce cinéma dialogue avec et se rend gentiment au "nouveau cinéma", celui qui jette un pont à travers l'Europe, dont Bruxelles et la jeune deutéragoniste sont les symboles et auquel appartient résolument le réalisateur, qui vient du documentaire et qui a souvent confronté réalités sociales et réalités politiques.

Orlando est une coproduction entre l’Italie et la Belgique qui a réuni les efforts de Rosamont avec Rai Cinema et Tarantula Belgique. Les ventes internationales du film sont assurées par Vision Distribution.

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(Traduit de l'italien)

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