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IFFR 2023 Compétition Tiger

Critique : La Palisiada

par 

- Le premier long-métrage de l’Ukrainien Philip Sotnychenko, qui suit une enquête de police, a hérité des meilleures traditions du "slow cinema"

Critique : La Palisiada
Oleksandr Parkhomenko dans La Palisiada

Ukraine, 1996. Quelques mois plus tard, un État indépendant va ratifier le protocole N° 6 de la Convention européenne de sauvegarde des Droits de l'Homme et des libertés fondamentales relatif à l'abolition de la peine de mort, mais au moment du film, cette décision reste à venir. Dans une pièce sombre située dans un sous-sol, le responsable du meurtre d’un colonel de police est exécuté à bout portant. Son corps est emballé dans un sac et les traces du sang sur le carrelage sont lavées avec de l’eau.

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Cette affaire, qui est pratiquement devenue une vengeance personnelle, fait l’objet d’une enquête par le psychiatre médico-légal Alexander (Andrii Zhurba) et l'inspecteur Ildar (Novruz Hikmet). Le crime a été commis en Ukraine de l’Ouest, où Alexander et Ildar se rendent depuis Kiev. Sur place, à Oujhorod, ils rencontrent la veuve de l'homme qui vient d'être abattu et assistent à la cérémonie accompagnant son dernier voyage, au son du chant folklorique ruthène "Oh mouton, mon mouton". Chez lui, Alexander a un jeune fils, et Ildar une fille.

Ces deux jeunes gens nous apparaissent dans un prologue étrange et assez long qui laisse entrevoir l'univers des jeunes artistes (dont un est incarné par un acteur non professionnel, le réalisateur Yarema Malashchuk). Une soirée douillette en compagnie de personnes de la vieille génération s'achève sur un coup de pistolet choquant. Les liens familiaux entre les personnages jouent un rôle clef pour permettre de relier les points dans La Palisiada [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Philip Sotnychenko
fiche film
]
de Philip Sotnychenko, projeté à l'IFFR dans le cadre de la Compétition Tiger.

Selon le réalisateur, "lapalissade" est un terme philologique qu’Alexander aime utiliser pour se faire valoir devant ses collègues. Dans son premier long-métrage, Sotnychenko (déjà auteur du court-métrage The Nail, tourné dans un style pseudo-documentaire) se montre diaboliquement attentif aux moindres détails dans sa reconstitution méticuleuse de la vie et des traditions au point médiant des années 1990. Dans son film, les acteurs ne jouent pas : ils "vivent". Sotnychenko ne les empêche pas d’exister, de la manière la plus naturelle qui soit, dans cette époque, retrouvant là le style de la "Nouvelle Vague ukrainienne", qui se rapproche assez du cinéma roumain et géorgien récent. Le public est immergé dans le monde de ces héros imparfaits pour lesquels tout se fait : un verre de horilka en regardant le groupe ukrainien Vatra, une visite à un concert d'enfants ou des adieux bruyants au chef de la police qui prend sa retraite.

Cependant, La Palisiada est plus politique qu’on pourrait le croire au premier abord. La scène finale de l'exécution a été tournée dans une prison de Bucha, ville désormais devenue le sinistre symbole des crimes de guerre des Russes. Et l’esprit du colonialisme impérial plane sur le film tout du long, que ce soit dans le discours en russe du père d’une des héroïnes que dans l'héritage encombrant de mesures punitives à des lieues des standards européens. Sotnychenko gère admirablement la tâche consistant à créer un monde spécial à l’écran, dans le contexte d'ensemble d'un polar rétro. On peut dire avec certitude que le cinéma ukrainien s'enrichit avec ce film d'un autre chef-d’œuvre produit par un réalisateur de la jeune génération.

La Palisiada a été produit par Contemporary Ukraine Cinema (CUC) et Viatel.

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(Traduit de l'anglais)

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