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IFFR 2023 Compétition Big Screen

Critique : Avant l'effondrement

par 

- Le premier long-métrage d’Alice Zeniter et Benoît Volnais promet une étude de caractères captivante et pertinente, mais finit par laisser le spectateur perplexe du fait de son manque de clarté

Critique : Avant l'effondrement
Niels Schneider dans Avant l'effondrement

Avant l'effondrement [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, premier long-métrage de la romancière et metteure en scène de théâtre française encensée Alice Zeniter, co-écrit et co-réalisé avec Benoît Volnais, également débutant, a fait sa première dans le cadre de la Compétition Big Screen de l'IFFR. Le film doit beaucoup, en termes de forme, aux autres professions de Zeniter, mais les influences littéraires et théâtrales n’aident pas à sa clarté dans sa forme comme dans le ton adopté, ce qui sape sérieusement l’effet de ce qui est autrement un drame captivant et tout à fait actuel.

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Tristan (Niels Schneider), 35 ans, est directeur de campagne pour la candidate de gauche Naïma (Myriem Akheddiou) aux prochaines élections législatives. Il fait très chaud à Paris en ce mois de juin, et le chef opérateur Jean-Louis Vialard rend bien cette ambiance : le soleil aveuglant, les gouttes de sueur sur le corps des personnages et le brouillard gris de la pollution, dont la télévision dit en second plan qu’elle atteint des niveaux dangereux.

Ces circonstances vont rendre le problème de Tristan insupportable, et lui à moitié fou et à peine fonctionnel. Le problème en question, c'est qu'il a reçu un test de grossesse positif qui lui a été envoyé anonymement par courrier. La chose ne l'ébranlerait peut-être pas autant si sa mère n’était même pas morte d’une maladie neurologique rare dont il pourrait avoir hérité, sauf qu'il n'a jamais fait de test pour en avoir le cœur net. Il est aussi sous pression du fait de son travail, extrêmement stressant, et parce que son père atteint de démence sénile, qui vit en maison de retraite, n'a plus longtemps à vivre. Il se met donc à enquêter frénétiquement.

Il est assisté dans ses recherches par sa colocataire, une professeure de littérature vivace et politiquement engagée nommée Fanny (Ariane Labed), et passe avec elle en revue les femmes qui pourraient lui avoir envoyé le courrier anonyme. Il y en a quatre : une stagiaire sur la campagne, une infirmière dans l'établissement médicalisé où réside son père, une fille rencontrée dans un bar lors d'une soirée d'ivresse et son ex Pablo (Souheila Yacoub), qui vit désormais dans une des nombreuses communes pratiquant l'agriculture biologique et autosuffisante existant en France. Les circonstances conspirent (à moins que ce soit Tristan qui attire les problèmes avec son sens des priorités mal placé) pour faire coïncider la visite dans la commune avec le meeting le plus important de Naïma et la mort de son père.

Le film, divisé par cinq chapitres et deux sous-titres, recourt à une voix off féminine qui décrit la toile de fond des relations entre les personnages et l’enfance de Tristan. Dans le segment central, intitulé "Tristan", le point de vue se déplace et on adopte le sien, exprimé par un monologue intérieur.

Si le récit s'intéressait jusqu'ici avant tout à l'autoapitoiement de Tristan et son incapacité à gérer ses soucis, il dérive quand Fanny et lui arrivent à la commune et finit par abandonner totalement ces considérations pour se lancer dans une discussion politique prolongée. Pendant le dîner, Fanny et Pablo, qui se sont déjà fâchées plusieurs fois depuis qu'elles se connaissent, entrent dans un conflit intellectuel qui remet sur le tapis tout les sujets de conversation typiques des bourgeois de gauche sur le capitalisme, l'environnement et la révolution, dans une scène qui dure bien plus qu’on ne le souhaiterait.

Quoique ces sujets soient présents dans le film et intimement liés à ce qu'on concevait comme étant le thème central, ils ne s'imbriquent pas tout à fait bien avec lui. Les co-réalisateurs ont bien fait leur travail pour ce qui est de planter le décor, mais le ton du film change trop souvent. La manière confuse (tantôt tragiquement sérieuse, tantôt presque satirique) dont le film traite les émotions et humeurs fait qu'on n'est pas sûr de ce qu’on est censé ressentir pour Tristan et le reste des personnages.

Dans certaines scènes, la musique réunissant piano et instruments à cordes composée par Sophie Trudeau semble être utilisée ironiquement, mais dans d’autres, elle est bien trop exaltée, ce qui laisse le spectateur perplexe et surtout, très peu touché par ce qu'il a devant les yeux. En tant qu’étude du personnage de Tristan, le film fonctionne dans une certaine mesure, mais cet aspect ne happe pas l'attention du spectateur plus que les autres thèmes présents ici, qui sont certes importants, mais traités de manière redondante.

Avant l'effondrement est une production française de Elzévir Films, France 2 Cinema et Paragon. Les ventes internationales du film sont assurées par Pyramide International.

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(Traduit de l'anglais)

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