email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2023 Generation

Critique : Le Paradis

par 

- BERLINALE 2023 : Zeno Graton passe au long métrage avec une lancinante fugue amoureuse, une histoire d’émancipation et de désir emprisonné

Critique : Le Paradis
Julien de Saint Jean et Khalil Gharbia dans Le Paradis

"Si un poisson est pris dans la glace, il ne ressuscite pas. Il meurt." Dans L’Attrape-coeurs, le jeune héros se demande où vont les canards de Central Park l’hiver quand l’eau est gelée. C’est la voix de Joe, sorte d’Holden Caulfield moderne rattrapé par ses sentiments qui nous embarque au début du Paradis [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Zeno Graton
fiche film
]
, s’interrogeant sur le sort de ces poissons qui ressemblaient à une famille, mais dont le coeur a arrêté de battre. Celui de Joe lui bat à tout rompre. Placé dans une maison d’arrêt pour mineurs, il avance jour après jour, comme perdu dans une mer d’uniformes, tour à tour anesthésié par la répétition des tâches quotidiennes et exalté par sa soif de liberté. Tellement exalté même qu’il fugue, encore une fois, alors que la liberté se profile à l’aube de sa majorité. Joe navigue tant bien que mal l’océan agité de ses émotions, jusqu’à ce que débarque un nouveau. Avec William, le coup de foudre est immédiat, une vraie onde de choc. Joe marche sur un fil, une deuxième chance s’offre à lui, mais laquelle ? La liberté, ou le désir ? C’est la question que pose le premier long métrage de Zeno Graton, présenté en première mondiale à la 73e Berlinale dans la section Generation 14plus.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Joe et William sont terrassés par la passion, surpris de s’être laissés prendre quand l’amour surgit là où l’on ne l’attendait pas, mais incapables de résister à ces pulsions de vie plus grandes qu’eux. La liberté qui attend Joe, c’est un paradoxe, comme le constate sa juge d’application des peines, car elle est aussi un renoncement.

Zeno Graton fait le choix audacieux et inspiré de précipiter une passion amoureuse au coeur d’un lieu qui pourrait y être hostile, mais où finalement les plus grands obstacles à cette passion revêtent une complexité inattendue. Ce n’est pas tant le monde extérieur qui s’y oppose, que le temps lui-même, l’impossible patience requise pour y laisser libre cours. Alors Joe et William vont laisser leurs coeurs et leurs corps s’embraser, quitte à y perdre un peu de liberté.

C’est une histoire d’amour et de désir assez simple finalement, portée par ses deux jeunes interprètes, Khalil Gharbia et Julien de Saint Jean, stupéfiants de grâce et d’intensité. Ils sont magnifiés par le travail à l’image d’Olivier Boonjing, qui culmine dans les très belles scènes où les jeunes du centre découvrent l’art de la camera obscura. Différentes pratiques artistiques viennent d’ailleurs ponctuer le récit, offrant quelques moments suspendus, lorsque William dessine à l’encre noire, sur les murs ou sur la peau de Joe, quand ce dernier aussi se laisse emporter par la musique (magnifique bande originale en passant du musicien franco-libanais Bachar Mar-Khalifé).

Le Paradis est produit par Tarantula (Belgique), et coproduit par Silex Films (France) et Menuetto (Belgique). Les ventes internationales sont assurées par Indie Sales. Le film sera distribué en France par Rezo Films, et en Belgique par O’Brother Distribution.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy