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FILMS / CRITIQUES France / Belgique

Critique : Mon crime

par 

- François Ozon s’amuse et nous amuse avec une comédie très maîtrisée, aussi légère que caustique, donnant des accents MeToo à une pièce des années 30 et un joyeux terrain de jeu à ses interprètes

Critique : Mon crime
Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz dans Mon crime

"Pardon, je confonds avec un autre crime, avec le souvenir d’un vieux film." Quand le prolifique et talentueux François Ozon qui rebondit à un rythme incroyable (22 longs métrages depuis 1998) de genre en genre, décide de réaliser une comédie, comme cela lui arrive parfois (et toujours avec succès en attestent 8 Femmes [+lire aussi :
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en 2002 et Potiche [+lire aussi :
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en 2010), l’ironie ludique et la gaité cinéphilique sont toujours de la partie dans une atmosphère de légèreté qui n’exclut pas l’intelligence caustique.

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Lancé par Gaumont le 8 mars dans les salles françaises, Mon crime [+lire aussi :
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interview : François Ozon
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, libre adaptation d’une pièce parisienne de 1934 signée Georges Berr et Louis Verneuil, ne fait pas exception, le cinéaste donnant libre cours à son admiration pour les comédies de l’âge d’or d’Hollywood (Ernst Lubitsch en tête), pour le débit mitraillette des interprètes et l’enchaînement des péripéties dans le respect de l’artificialité des traditions comiques théâtrales (tout peut arriver, rien ne prête vraiment à conséquence). Mais le cinéaste repatine l’ensemble d’une épaisseur de modernité en plaçant la quête d’indépendance des femmes et la lutte contre le patriarcat ("n’est-il pas possible, en 1935, de mener sa carrière, sa vie de femme, sans contrainte, en toute liberté, en toute égalité ?") au cœur de son film.

Il est également question d’art (la protagoniste principale est une jeune actrice), de cinéma (du muet au parlant), d’aspiration à la célébrité, de pauvreté et de richesses, d’enquête policière, du fonctionnement de l’institution judiciaire, d’amplificateur médiatique, d’industrie du pneu, d’hommes d’affaires, d’arrangements avec la vérité et d’opportunisme réactif sur fond de sincérité. Bref, le film ne manque pas de ressorts et progresse tambour battant, gagnant sans cesse en qualité et en plaisir du spectateur jusqu’au final (après un temps d’adaptation au démarrage inhérent à son style – décors, interprétation - très différent du cinéma contemporain).

L’intrigue ? Sans dévoiler toutes les ramifications, il est question de deux jeunes amies désargentées : la première, Madeleine (Nadia Tereszkiewicz), est accusée du meurtre d’un puissant producteur de spectacles qui a tenté de l’agresser sexuellement en échange d’un petit rôle. La seconde, Pauline (Rebecca Marder), avocate, prend sa défense. Acculées par les coïncidences et par le juge d’instruction (Fabrice Luchini), les jeunes femmes choisissent la stratégie du mensonge (en réalité, Madeleine est innocente), de la légitime défense féministe ("soyons, mesdames, nos propres gardiennes dans une société française gangrenée par les hommes") et de la médiatisation de l’affaire. C’est l’époque de l’affaire Violette Nozière et Mauvaise Graine (le seul film français de Billy Wilder) passe au cinéma. Acquittée, Madeleine est désormais célèbre et croule sous les propositions, tout comme Pauline ("ton crime fait de miracles"). Mais surgit Odette Chaumette (Isabelle Huppert), une vedette déchue du cinéma muet : "je suis la vraie tueuse. Vous m’avez volé mon crime, il va falloir me le rendre"…

Mis en scène à la perfection et offrant moult rôles délectables à tous ses interprètes, Mon crime ne se prend pas au sérieux et pétille de bons mots ("j’avoue que cette mort soudaine est l’un des événements les plus heureux de ma vie", "une femme qui va jusqu’au crime pour rester honnête, on ne lui offre pas une aventure, on l’épouse"), mais traite de sujets sérieux. Un réglage très fin pour une comédie qui a "le parfum des roses, le goût léger des choses qui ne durent pas" et qui plaira au plus grand nombre.

Produit par Mandarin & Compagnie, Mon Crime a été coproduit par Foz, Gaumont, France 2 Cinéma, Scope Pictures et Playtime (qui pilote les ventes internationales).

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