16/03/2023 - Cette comédie légèrement romantique de Mario Hernandez réunit deux personnages qui se donnent rendez-vous en secret au Festival de Malaga lui-même… mais pas pour voir des films

Il y a un énorme hôtel à Malaga, situé à côté de la cathédrale, face au port, où sont logées les équipes artistiques qui viennent présenter leurs films au Festival de Malaga,, qui célèbre actuellement son édition n°26. C’est précisément là que se déroule une grande partie de l’action de Tregua(s) [+lire aussi :
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fiche film], le premier long-métrage de Mario Hernández, une des surprises du festival andalou cette année, en lice pour la Biznaga d'or.

Les rôles principaux du film sont tenus par Salva Reina, qui incarne un scénariste, et Bruna Cusí (qui est résolument la reine de la compétition officielle du festival cette année, car elle joue également dans El fantástico caso del Golem [+lire aussi :
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fiche film]), qui joue une star de l’interprétation. Ils se donnent secrètement rendez-vous dans l’hôtel en question, non pas pour parler cinéma, mais (après avoir fait ce que vous aurez déjà imaginé) réfléchir aux deux directions opposées que réunissent leurs vies. Amants depuis des années, ils ont aussi, l'un comme l'autre, une relation de couple stable, ce qui ne les empêche pas de continuer à vivre leur passion, sporadiquement et clandestinement, une liaison facilitée par le fait qu’ils partagent le même environnement professionnel.

On a donc affaire ici à un film qui se passe à l’intérieur du monde du cinéma, mais qui est fortement théâtral, car il se limite à très peu de décors différents et repose principalement sur ses dialogues, qui ne manquent pas d’humour grâce à la contribution de Reina, comique connu notamment pour Todos lo hacen [+lire aussi :
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fiche film]. Hernández ne s'en cache pas, et même si la première demi-heure devient un peu dense et fatigante, dès le moment où les personnages sortent de dessous les draps, l'émotion prend son envol jusqu'à un final inattendu qui parvient à surprendre... quoique plane sur lui l’ombre de l’incrédulité.

Quoi qu’il en soit, Tregua(s) parvient à être à la fois léger et profond. C'est un film scandé de plaisanteries, enrichi par une chanson et porté par deux êtres qui suscitent des tonnes d'empathie tandis qu'ils se demandent dans quelle mesure ils sont eux-mêmes dans les vies bien pleines qu'ils ont loin de Malaga, et qu'on constate qu'ils sont arrivés à ce que l'ennui de la routine n'ait jamais affecté leur relation secrète. En cela, le film rappelle (au-delà des titres cités par son réalisateur dans notre interview) Nola Darling n'en fait qu'à sa tête, le premier film de Spike Lee, où l'héroïne sait profiter des talents de ses trois amants (un qui la fait rire, un qui la fait jouir, et un qui stimule son cerveau) sans renoncer à aucun d'eux.

Ce qu'exprime Hernández à travers ce film (d'une facture humble qui trahit sa nature de production indépendante), avec fraîcheur et sans forcer ni sur le romantisme, ni sur le drame, c’est qu’il n'est pas opportun de mettre des étiquettes sur nos actions et qu'il est nécessaire d'avoir des moments à soi pour s'éloigner un peu de nos existences quotidiennes, des oasis de fantaisie qu'il convient de cultiver si on aspire à une forme d’équilibre.

Tregua(s) a été produit par Godello Entertainment, Producciones La Cochera, Sierra Gador Producciones et The Lobby. Le film arrivera dans les salles espagnoles le 26 mai, distribué par Syldavia Cinema.

(Traduit de l'espagnol)