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DIAGONALE 2023

Critique : Alma & Oskar

par 

- Dieter Berner livre un film historique solide qui dépeint une histoire d’amour brève, mais passionnée, entre deux artistes

Critique : Alma & Oskar
Emily Cox et Valentin Postlmayr dans Alma & Oskar

Les histoires d’amour passionnées entre des artistes exceptionnels ne durent souvent que peu de temps, mais restent longtemps dans les mémoires. C’est indéniablement le cas de la passion tumultueuse entre la pianiste et compositrice Alma Mahler et le peintre Oskar Kokoschka, survenue il y a environ 110 ans à Vienne. Ils sont les personnages-titres et principaux du nouveau film de Dieter Berner, Alma & Oskar, où le réalisateur autrichien-allemand continue d’explorer son intérêt pour la perception publique des vies privées des grands artistes, un terrain sur lequel il s’était déjà aventuré dans son long-métrage précédent, Egon Schiele: Death and the Maiden [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
(2016).

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Après avoir fait sa première mondiale l’année dernière au Festival international du film de Goa, Alma & Oskar a fait sa première autrichienne cette année à Diagonale. Cela dit, ce type de film en costumes grand public pourrait faire un parcours considérablement meilleur dans les salles que dans le circuit des festivals – il a du reste déjà trouvé des distributeurs pour quelques territoires.

On rencontre Alma Mahler (Emily Cox, de la série The Last Kingdom) alors qu’elle est en tournée aux États-Unis avec son mari Gustav, qui l'utilise comme une assistante et réprime ses ambitions artistiques. Elle lui avoue qu’elle a initié une liaison avec l’architecte allemand Walter Gropius (Anton von Lucke). Quand le grand compositeur meurt, peu après la tournée, l’artiste provocateur aux multiples talents Oskar Kokoschka (Valentin Postlmayr, avant tout un acteur de télévision) vient dans la maison du couple réaliser un masque mortuaire de Mahler pour un de ses nombreux projets artistiques, ce qui suffit à piquer l'intérêt d'Alma pour son travail. Leur liaison va cependant vraiment s'épanouir quand Alma, par sens de l’aventure, engage le jeune aspirant-peintre pour qu'il fasse un portrait d’elle.

Leur histoire d’amour est passionnée, mais explosive, du fait du caractère d'Oskar et de la position délicate d'Alma dans la société. Non seulement elle doit choisir entre le jeune peintre passionné et l'architecte, plus raisonnable mais aussi plus conservateur, mais elle doit aussi veiller au legs de son mari en s’assurant que sa dernière symphonie sera jouée en public, tout en essayant de bâtir sa propre carrière, à laquelle le génie de Gustav faisait jusqu'ici de l'ombre. Elle veut son indépendance, mais elle doit tout de même se conformer aux normes de l’époque, imposées aux femmes et aux figures mondaines. Au-delà de ça, le début de la Grande Guerre va changer la vie de tout le monde…

Alma, qui est le point de mire du film, est en fait le personnage principal, car le spectateur peut développer de l’empathie pour elle par rapport à sa position, ses choix et ses dilemmes. Comparé à elle, Oskar semble un peu bidimensionnel, déchiré comme il l'est entre son génie artistique et la face obscure de ce génie. Quant aux autres personnages secondaires, ils se trouvent réduits à un trait ou deux par le scénario linéaire écrit par Berner et sa collaboratrice Hilde Berger. Comme la mise en scène de Berner est très correcte, quoique conservatrice dans son style, c’est principalement aux acteurs de porter le film. Cox a été parfaitement bien choisie pour ce rôle, non seulement du fait de sa ressemblance physique au personnage, mais aussi pour la manière dont elle canalise l'élément tactile qu’on attend d’une telle figure. À l'inverse, Postlmayr adopte pour jouer Kokoschka un registre émotionnel exacerbé, presque hystérique.

Ceci étant dit, le film se rattrape par la qualité de sa facture, dont la minutie se voit et s'entend. Les décors et les costumes sont impeccables, et magnifiquement rendus par la photographie de Jakub Bejnarowicz, qui mêle de manière parfaitement fluide images analogiques et numériques, le tout sur des musiques de Stefan Will qui s'appuient très pertinemment sur les oeuvres de Gustav Mahler. En prenant tout cela en compte, Alma & Oskar reste un film historique solide.

Alma & Oskar est une coproduction entre l’Autriche, la Suisse, l’Allemagne et la République tchèque qui a réuni les efforts de Film AG, Turnus Film, Wüste Film et Dawson Films. Les ventes internationales du film sont gérées par Picture Tree International.

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(Traduit de l'anglais)

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