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ZAGREBDOX 2023

Critique : The Love Room

par 

- Dans son premier long-métrage documentaire, Suzana Dinevski se penche sur la souffrance de deux femmes dont les maris sont derrière les barreaux

Critique : The Love Room

Quand les fictions comme les documentaires abordent le sujet de la prison, ils restent généralement l’intérieur de ses murs et se concentrent selon les cas sur les détenus, les gardes, ceux qui gèrent l'établissement ou sur le système carcéral dans son ensemble. Les réalisateurs s’intéressent généralement très peu à ceux qui restent à l’extérieur et dont les proches sont derrière les barreaux. The Love Room de Suzana Dinevski fait partie des rares films à le faire : le film se penche en particulier sur les épouses de deux détenus incarcérés dans la même prison, celle d'Idrizovo près de Skopje.

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En tant que WIP, The Love Room a gagné le Prix Neaniko Plano du sous-titrage l'année dernière au Festival du documentaire de Thessalonique (lire l’article). Sa première mondiale au Festival du film de Phoenix et sa première européenne dans le cadre de la compétition régionale de ZagrebDox se sont suivies à trois jours d'écart. Compte tenu de l'universalité de son sujet et de l'angle neuf que le film adopte, ce travail deDinevski devrait pouvoir parcourir les petits festivals dédiés au documentaire et aux films sur les droits humains.

Milan Zarubica a été condamné à 13 ans de prison pour la production et la distribution illégale de stupéfiants. Daniel Ilievski a écopé de dix ans pour agression. Ils sont tous deux mariés et pères de famille, de sorte qu'ils ont droit à deux visites familiales par mois plus une visite conjugale dans une des pièces qui donnent son nom au documentaire. En plus, Daniel est autorisé à plusieurs sorties pour le week-end chaque année. Ceci étant dit, quoiqu’on observe fréquemment leur routine en prison (et dans le cas de Daniel également pendant ses permissions), les deux hommes ne sont pas les héros du film de Dinevski : ce sont leurs femmes, Olivera, celle de Milan, et Ljupka, celle de Daniel, qui nous intéressent ici. En plus de suivre leur quotidien pendant que leurs maris sont absents, et lors de leurs visites en prison, elles ont aussi l'occasion de s'exprimer et de faire part de leurs sentiments dans des interviews et passages narratifs.

Dinevski use au début d'une sorte de "hareng rouge" : elle montre la routine de Daniel à l’intérieur de la prison et celle d’Olivera au dehors pour nous tromper et nous amener à penser qu’ils sont en couple. Ce n’est que quand on apprend que Daniel va sortir voir sa famille et qu'Olivera, avec son fils Filiip, vient rendre visite à Milan qu’on se rend compte des relations existant entre les personnages et de leur statut, à l’intérieur et au-dehors. La réalisatrice établit aussi son propre style signature, qui fait figure d'un mélange raffiné de plusieurs approches documentaires glissant de la méthode observationnelle, mâtinée de moments lyriques et pensifs (tout à l'honneur de la cheffe opératrice de Honeyland [+lire aussi :
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, Fejmi Daut, qui fait un travail tout aussi impressionnant ici), à des moments d'interviews-portraits plus contenus. Et cela fonctionne bien, la plupart du temps. Dans les parties qui se rattachent plus au documentaire d’observation, Dinevski opte parfois pour un usage fréquent des gros plans et d'angles insolites qui ajoutent au dynamisme de l'ensemble. Son recours à la musique composée par Duke Bojadžiev, bien dosé et aux bons moments, ajoute un peu d’atmosphère.

Les différences d'extraction sociale entre les deux couples ajoute un élément de diversité, mais les mêmes différences font que les deux narratrices féminines n’ont pas droit au même traitement en tant que "personnages" du documentaire. Pour dire les choses simplement, Olivera, qui est plus éduquée et éloquente que Ljupka, plus terre à terre, est davantage dans la lumière et elle a une meilleure chance de raconter son histoire de manière convaincante. Un autre problème apparaît : la répétitivité des thèmes qui affleurent dans leurs monologues, ce qui suggère que Dinevski n’a pas osé les encourager à s’ouvrir complètement et que The Love Room aurait mieux servi son propos dans un format plus compact, par exemple comme moyen métrage. Cependant, le film reste tout de même un long-métrage documentaire bien fait.

The Love Room a été produit par les sociétés macédoniennes Suzi Kju Production et Award Film & Video, avec le soutien de la North Macedonia Film Agency.

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(Traduit de l'anglais)

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