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LAS PALMAS 2023

Critique : Matar cangrejos

par 

- Dans le troisième long-métrage d'Omar A. Razzak, primé à Las Palmas et Malaga, un été à attendre Michael Jackson donne lieu à une intrigue tantôt amusante, tantôt émouvante

Critique : Matar cangrejos
Paula Campos et Agustín Díaz dans Matar cangrejos

Dans Matar cangrejos [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Omar Al Abdul Razzak
fiche film
]
, un film écrit, réalisé et produit par Omar Al Abdul Razzak, un enfant établit une relation complice, protectrice et de type père/fils avec un loup de mer, sauf que celui-ci n’est pas un gentil monsieur joyeux et pédagogue : il vit dans une maison-grotte, il est couvert de cicatrices et dans ses veines circule plus d’alcool que de sang. Ce film, qui a décroché deux trophées dans la section Zonazine du dernier Festival de Malaga, vient de remporter celui du meilleur long-métrage de la section Canarias Cinema au 22e Festival international du film de Las Palmas de Grande Canarie (lire l’interview du réalisateur).

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C’est justement dans une autre île de cet archipel, Tenerife, que se passe le film qui nous occupe : là-bas, en 1993, les gens attendaient comme le messie Michael Jackson, censé visiter prochainement cette enclave pour un de ses colossaux concerts. Un fait qui a convulsé le quotidien monotone des autochtones, qui rêvaient de rencontrer l’idole pop, comme c’est le cas des personnages principaux de Matar cangrejos : une mère célibataire rêveuse, ses enfants, une pré-adolescente aussi mature que canaille et un garçonnet curieux, et la grand-mère, qui va mettre son foyer en danger face à l’irrésistible spéculation touristique.

Ainsi, Razzak, avec sensibilité et de la tendresse pour ses personnages, profite d’une anecdote médiatique pour jeter ses filets sur des sujets délicats qui se dessinent à partir d’une intrigue tantôt amusante, tantôt émouvante : l’irruption de la maturité prématurée, la quête de référents paternels, le rejet paradoxal de ce qui vient de l’extérieur, la complicité juvénile, l’immigration clandestine qui prend alors son essor et la tourismophobie.

Avec des dialogues aussi naturels que 99 % des acteurs (et parmi la troupe, seule Sigrid Ojel est une comédienne professionnelle), des décors à des lieues de l’image de carte postale faits de façades bosselées, le récit, légèrement mélancolique, adopte les points de vue de ses très jeunes personnages (incarnés par Paula Campos, 13 ans, et Agustín Díaz, 8 ans seulement) pour se poser, dans le même temps, en lettre d’amour adressée à l’île de Tenerife (où Razzak a grandi), en panégyrique exalté de la liberté infantile dont on jouissait à l’époque analogique et en réflexion sur les contradictions du genre humain.

Attentif aux moindres détails, le réalisateur hispano-syrien se fond avec ses personnages, obtenant ainsi des scènes et dialogues d’une authenticité tellement réaliste que le film frôle le documentaire (Razzak s’est lancé dans la réalisation en 2014 avec le film documentaire Paradiso). On assiste à des scènes de la vie domestique, à des bals populaires et des excursions en bateau tandis qu’en toile de fond, la menace du capitalisme rampant cesse de n’être qu’un spectre. Par ailleurs, l’auteur tire un excellent parti du visage très expressif de la débutante Paula Campos, qui a bien mérité son prix d’interprétation au Festival de Malaga.

Matar cangrejos a été produit par la société espagnole Tourmalet Films en association avec IJswater Films (Pays-Bas). Le film sortira en Espagne le 26 mai, distribué par Filmax, qui en gère aussi les ventes internationales.

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(Traduit de l'espagnol)

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