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CANNES 2023 Marché du Film

Le réalisateur chilien Thomas Woodroffe amène son projet Blocs erratiques à Cannes

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- CANNES 2023 : Ce projet excitant, qui combine un tournage vieux de 100 ans en Terre de feu avec le réchauffement climatique, l’appropriation culturelle et des fantômes, participe à La Fabrique Cinéma

Le réalisateur chilien Thomas Woodroffe amène son projet Blocs erratiques à Cannes
Le réalisateur Thomas Woodroffe

Le Chilien Thomas Woodroffe sera présent à La Fabrique Cinéma à Cannes avec un premier projet de long-métrage, Blocs erratiques, une coproduction des sociétés Fiebre (Chili), La Belle Affaire (France) et Un Puma (Argentine). Il s’agit d’une fiction dont l’action se déroule sur un siècle, inspirée du documentaire ethnographique méconnu La Terre de Feu, que Lucien Le Saint, cameraman d’une expédition française en Patagonie et en Terre de Feu, a filmé en 1925. Il s’agit de l’archive la plus ancienne sur les peuples indigènes de cette région, à savoir les Indiens Kawésqar et Yagán.

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Dans le projet de Woodroffe, l’esprit de Le Saint, resté prisonnier d’un glacier, se réveille un siècle plus tard à la fonte dudit glacier. Il suit alors la même voie de navigation que celui-ci avait empruntée un siècle auparavant, et observe les nouveaux habitants des lieux où il avait filmé les indigènes.

Blocs erratiques associe cette idée avec celle des blocs erratiques, ces énormes rochers pris dans la glace, qui s’échouent 1600 km plus loin à la fonte du glacier. C’est en outre à la cinémathèque de Toulouse, à des milliers de kilomètres de son lieu d’origine, que le film de Le Saint a été découvert. Woodroffe en avait entendu parler dans un article écrit par l’anthropologiste français Dominique Legoupil.

"Le Saint est lui aussi une sorte de bloc erratique. En effet, il est prisonnier d’un glacier, figé dans la glace à la suite d’une malédiction, et retrouve sa liberté à cause du réchauffement climatique," déclare Woodroffe. "Tout cela est devenu une métaphore de l’idée sur laquelle s’articule le film."

Woodroffe avait déjà choisi La Terre de Feu comme lieu de tournage de son court-métrage Austral Fever, présenté en avant-première à la Mostra de Venise en 2019. La directrice de la photographie était Emilia Martín et le film avait été produit par Rodrigo Díaz et Pascual Mena. Et c’est cette même équipe, dont la première rencontre s’est faite alors qu’ils étudiaient à l’Université du Chili à Santiago, que l’on retrouve aujourd’hui sur ce passionnant projet.

"Au départ, le film s’inspirait de deux documents principaux : les vestiges de La Terre de Feu et le tracé actuel de l’itinéraire emprunté par Le Saint," explique Díaz. "Au cours de l’écriture du projet, de solides éléments de fiction ont émergé. Nous avons donc fait appel à Valeria Hofmann pour coécrire le scénario. Thomas et Valeria se sont mis à façonner la personnalité du fantôme de Le saint, et ont amené le scénario jusqu’au point de rupture entre la réalité et l’imaginaire. C’est ce moment de transition qui nous a conduits à réorienter notre stratégie de production."

La phase de recherche et de développement a commencé en 2019, la première fois que Woodroffe s’est rendu à Toulouse pour voir La Terre de Feu. Elle s’est poursuivie avec le soutien financier que la région Occitanie et le Chili ont apporté au développement du projet. En 2022, le scénario a été écrit en collaboration avec le Pop-Up Film Residency de Bratislava et Arca, une résidence multidisciplinaire à Puerto Williams au Chili, dans la région où l’histoire du film se déroule. Cela leur a permis de pouvoir demander et obtenir du Fond audiovisuel chilien un financement pour la production d’un long-métrage de fiction.

Blocs erratiques de Thomas Woodroffe

Travailler en étroite collaboration avec les membres des communautés Kawésqar et Yagán était essentiel pour l’équipe. "Ceux qui apparaissent sur les images n’ont jamais pu les voir. La question se résume à qui produit les images et qui y apparaît, qui regarde et qui est regardé," précise Woodroffe. "Un jour, lors d’une de mes visites au peuple Yaghan, je leur ai montré le film de Le Saint que j’avais sur mon ordinateur. Deux des membres les plus âgés ont fondu en larmes après avoir reconnu leur mère, qui n’était à l’époque qu’un bébé."

Mena est le producteur chargé d’établir et d’entretenir un lien entre les communautés locales et les organisations. "Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les communautés, et nous avons discuté de chaque aspect de notre démarche," explique Mena. "Nous souhaitons qu’ils soient impliqués, et nous voulons les écouter et faire preuve de sérieux étant donné la nature sensible des archives sur lesquelles repose le film."

C’est l’un des aspects du projet qui a séduit le producteur français Jérôme Blesson de La Belle Affaire Productions, associé au projet. "Tout d’abord, j’ai été ébloui par Austral Fever. J’adhère vraiment à l’esthétique de Thomas et notamment à ses mises en scène," déclare Blesson. "De plus, la question de l’appropriation culturelle est très présente en France aujourd’hui. Prenez par exemple les œuvres d’art du Bénin, propriétés du Musée du Quai Branly à Paris, qui ont été au cœur d’un débat houleux autour d’une éventuelle restitution au Bénin. Il est essentiel pour les peuples indigènes de se sentir liés aux traditions, aux valeurs et au passé et c’est l’essence même de Blocs erratiques."

C’est la deuxième fois que le projet est présent à Cannes. En 2022, Díaz et Blesson l’avaient présenté au Focus COPRO’ alors que Woodroffe, Mena et Martín se trouvaient en Patagonie pour leurs recherches. Ils voulaient voir comment la méthode qu’ils avaient pensée pour dresser le portrait de Le saint fonctionnait dans la pratique. Selon eux, cette combinaison était indispensable pour comprendre le lien entre les éléments relevant de la réalité et de la fiction dans leur projet.

Aujourd’hui, avec après avoir réuni 40 % du budget et dans l’attente des résultats des concours financiers en France et en Argentine, où Jerónimo Quevedo, d’Un Puma a rejoint l’équipe en qualité de producteur associé, ils recherchent des agents de ventes et des distributeurs susceptibles de rejoindre l’aventure.

"Avec le budget dont nous disposons, nous pouvons produire en Terre de Feu et à Toulouse, mais nous recherchons d’autres financements qui nous permettront de tourner dans de bonnes conditions à Ushuaïa et en Patagonie, mais aussi de postproduire le film," affirme Díaz. "Je pense que le stade auquel le projet se trouve est idéal pour participer au Marché du Film et être présenté aux partenaires. Ces derniers pourront se rendre compte de ses ambitions et de tout le travail accompli. "

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)

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