email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2023 Cannes Première

Critique : Le temps d'aimer

par 

- CANNES 2023 : Katell Quillévéré revivifie la tradition du mélodrame en se déployant sur plusieurs décennies de l’après-guerre pour saisir comment l’amour peut dépasser la honte et les mensonges

Critique : Le temps d'aimer
Vincent Lacoste et Anaïs Demoustier dans Le temps d’aimer

"Je n’ai pas le droit d’être heureuse, je le sens". C’est une héroïne chargée d’un très lourd passé que le destin propulse sur une plage à la rencontre d’un homme tout aussi torturé intérieurement. C’est un couple qui se forme sous le regard d’un jeune enfant. C’est une existence commune particulière qui s’ouvre à la fin des années 40 et qui s’adaptera au gré des évènements des décennies suivantes. C’est Le temps d’aimer [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Katell Quillévéré
fiche film
]
de Katell Quillévéré, dévoilé au programme Cannes Première sur un Festival de Cannes où la romanesque, romantique et intense cinéaste français avait déjà présenté Un poison violent [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
et Suzanne [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Katell Quillévéré
fiche film
]
.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Sont convoqués furtivement dans le film, Kairos et Chronos, deux des trois facettes grecques de la conception du temps qui évoquent respectivement "la chance qu’il faut savoir saisir au vol" et le présent. L’opportunité de s’aimer, Madeleine (Anaïs Demoustiers) et François (Vincent Lacoste) ne la laissent pas passer quand ils font connaissance par hasard en bord de mer. Pourtant, ils n’ont rien en commun en apparence, surtout le milieu social. Madeleine est serveuse, François rejeton d’une riche famille industrielle du Nord prépare une thèse en archéologie à Paris. Mais ils cachent tous deux un secret honteux dont Madeleine s’empresse de se délivrer : son fils Daniel, âgé de cinq ans, est le fruit d’une liaison fugace en 1944 avec un officier allemand ensuite parti sur le front de l’Est, elle a été tondue à la Libération, puis chassée par sa famille. Quant à François, il faudra plus de temps pour découvrir ce qu’il dissimule.

Qu’importe, les voilà mariés et Daniel officiellement adopté. L’enfant pressent néanmoins qu’un mystère plane autour de ce père biologique sans identité dont on lui assure qu’il est mort. Des doutes qui le tarauderont jusqu’à ses 18 ans alors que l’existence de Madeleine et François rebondit en passant dans les années 50 par la gestion d’un dancing à Chateauroux (peuplé par les soldats d’une base américaine) puis par un quotidien plus bourgeois à Paris au début des années 60. Le temps passe, l’amour évolue, une petite fille s’ajoute à la famille, mais en sourdine l’équilibre est fragile...

Filmé caméra à l’épaule et en décors naturels, le film décline avec beaucoup de sensibilité maîtrisée une variante modernisée, quasi naturaliste, des classiques du mélodrame. Accordant à chacun des protagonistes (excellemment interprétés) la même attention, Katell Quillévéré tisse très habilement en trois temps (précédés d’un prologue d’archives et suivi par un épilogue dans la lignée consolatrice des meilleurs films du genre) une œuvre comme on en voit maintenant peu, un récit où le bonheur fait du funambulisme au-dessus des gouffres, porté par un désir comme celui exprimé par Stefan Zweig dans Amok : "Seulement si tu t'enflammes, tu connaîtras le monde autour de toi ! Car au lieu seul où agit le secret, commence aussi la vie."

Produit par Les Films du Bélier et par Les Films Pelléas, et coproduit par France 2 Cinéma, Gaumont, Pictanovo et les Belges de Frakas Productions, de la RTBF, de VOO, Be TV et Beside Productions, Le temps d’aimer est vendu à l’international par Charades.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Galerie de photo 21/05/2023 : Cannes 2023 - Le Temps d'Aimer

9 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Katell Quillévéré, Anaïs Demoustier, Vincent Lacoste, Morgan Bailey, Paul Beaurepaire
© 2023 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy