email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

CANNES 2023

Dans la compétition courts-métrages cannoise, des figures types du réalisme se heurtent à un sentiment surréaliste

par 

- CANNES 2023 : Cineuropa présente un aperçu de certains des courts-métrages en compétition officielle à Cannes, qui parcourent un vaste éventail de genres et de styles différents

Dans la compétition courts-métrages cannoise, des figures types du réalisme se heurtent à un sentiment surréaliste
27 de Flóra Anna Buda

Bien que beaucoup de courts-métrages traitent d’incidents spécifiques liés à de grandes préoccupations de leur temps (comme l'immigration, la guerre, le genre et l'identité sexuelle, la politique), la sélection des courts-métrages en compétition officielle cette année à Cannes est plus générale que cela. Sur toute une gamme de genres et de styles différents couvert, les films nous montrent un monde teinté d'une sorte de malaise, un sentiment que la vie moderne (qu'on soit dans un pays riche ou en développement) a quelque chose de brisé. En confrontant cette année des motifs réalistes à un sentiment de fond que le monde est dans une situation surréaliste, la compétition 2023 montre comment une nouvelle génération de réalisateurs tente de comprendre le monde.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)
Hot docs EFP inside

As It Was d'Anastasia Solonevych et Damian Kocur (Pologne/Ukraine) suit une jeune fille de retour à Kiev après un temps à Berlin, après l’éclatement de la guerre d'Ukraine. En attendant que sa famille n'arrive, elle passe la journée avec une amie. Ce qui est remarquable, dans ce travail tendre et évocateur, c'est sa retenue : si le spectre de la guerre plane au-dessus de tout (on entend des sirènes annonçant des attaques aériennes, on passe un peu de temps dans des abris anti-bombes), on se sent aussi très ancré dans le quotidien. Le film explore la manière dont la guerre a déchiré trop de choses et de vies, mais il examine aussi des sentiments universels : la peur du changement et la prise de conscience graduelle que les choses ne peuvent jamais rester immobiles.

La sexualité est au coeur d'un certain nombre de films. Eivind Landsvik (Norvège) propose un film au titre aussi résonnant que cru, Tits (litt. "nichons") où on suit dans le détail la naissance possible d’une amitié entre deux adolescents, après des débuts chaotiques. Landsvik manie habilement les clichés du genre "récit d’apprentissage" pour composer un travail sobre et touchant qui traite de l’image qu'on a de son corps et du fait de grandir. L'avancée vers l'âge adulte et la sexualité sont également abordées dans le court-métrage d’animation La Perra de Carla Melo Gampert (Colombie/France), où une histoire vieille comme le monde (la relation difficile entre une mère et sa fille) a droit à un traitement anthropomorphique frappant. Melo Gampert joue avec un sujet qui se prêterait normalement à un drame social réaliste, et son approche rend l’histoire rafraîchissante et (quelle ironie) très humaine. Le personnage principal de 27 de Flóra Anna Buda (Hongrie/France) a clairement grandi, car elle atteint l'âge du titre, mais comme elle vit encore chez ses parents, elle se trouve dans cet espace transitoire étrange entre l’enfance et l’âge adulte. C’est une exploration franche et intelligente de la sexualité et de la féminité qui bénéficie d'un travail d'animation excellent et séduisant. C'est une exploration sexuelle plus ludique qui est au centre du Sexe de ma mère de Francis Canitrot (France) : un homme d’âge moyen qui s’occupe de sa mère malade est encouragé par elle à chercher l'épanouissement sexuel avec une voisine. Quoique le film soit riche en moments familiaux inconfortables et en sexe sans filtre, ce film d'animation au moyen de marionnettes est en réalité un hymne touchant et attachant à l'amour et au bonheur.

Aunque es de noche de Guillermo García López (Espagne/France), tremblant d'urgence, raconte l’histoire de deux adolescents qui vivent dans le plus grand bidonville d'Europe. À la crudité et au désespoir de la situation fait pendant, dans cette évocation de l’amitié et du besoin d’évasion, une veine d'authentique tendresse. La même chose vaut pour Nada de todo esto de Patricio Martínez et Francisco Canton (Argentine/Espagne/États-Unis), où une mère et sa fille se retrouvent à visiter par accident une maison de banlieue résidentielle. Un travail souvent tendu, quoique tempéré par un ton satirique sous-jacent, qui explore avec intelligence les inégalités sociales et la jalousie humaine. Encore plus d’introspection sociétale est au programme avec Fár de Gunnur Martinsdóttir Schlüter (Islande), où une femme qui assiste à une réunion d’affaires dans un café est déstabilisée par un événement extérieur. L'histoire, racontée avec une subtilité qui évoque le rêve, fait un parfait usage de la forme courte pour sonder ces moments apparemment insignifiants qui ont d'énormes répercussions sur nos vies.

Encore plus surréaliste, Wild Summon de Karni Arieli et Saul Freed (Royaume-Uni), où la voix narrative est celle de Marianne Faithful, ré-imagine le cycle de la vie d’un saumon sous une forme humaine. Si ce film est une réalisation animée virtuose sur le plan technique, créant un monde qui est à la fois familier et troublant, c’est aussi un traité sur notre approche de l’environnement et la manière dont on se rapporte au monde naturel.

Voici toute la liste des titres en compétition officielle courts-métrages à Cannes cette année : 

27Flóra Anna Buda (Hongrie/France)
As It WasAnastasia Solonevych, Damian Kocur (Pologne/Ukraine)
Aunque es de nocheGuillermo García López (Espagne/France)
Basri & Salma in a Never-ending ComedyKhozy Rizal (Indonésie)
FárGunnur Martinsdóttir Schlüter (Islande)
La perraCarla Melo Gampert (Colombie/France)
Le sexe de ma mèreFrancis Canitrot (France)
Nada de todo estoPatricio Martínez, Francisco Canton (Argentine/Espagne)
PoofMargaret Miller (États-Unis)
TitsEivind Landsvik (Norvège)
Wild SummonKarni Arieli, Saul Freed (Royaume-Uni)

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy