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CANNES 2023 Compétition

Critique : La passion de Dodin Bouffant

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- CANNES 2023 : Amour infini et partagé de la gastronomie et duo sentimental en cuisine pour Benoît Magimel et Juliette Binoche, dans une recette à la fois originale et classique signée Tran Anh Hung

Critique : La passion de Dodin Bouffant
Juliette Binoche et Benoît Magimel dans La passion de Dodin Bouffant

Consommé, turbot, carré de veau choisi, omelette norvégienne. Et bien non, vous n’êtes pas dans restaurant gastronomique, même si d’innombrables précisions suivront susceptibles d’exciter les papilles des affamés et des gourmets, mais dans le nouveau Tran Anh Hung, La passion de Dodin Bouffant, offert en quasi dessert dans la compétition au 76e Festival de Cannes. Un film offrant un contraste plus que saisissant avec Club Zero [+lire aussi :
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, présenté deux jours auparavant avec ses adolescents cessant de s’alimenter pour le bien de l’humanité et celui soi-disant de leurs organismes.

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Il faut donc croire que la programmation de la course à la Palme d’or se plait à jouer à thèse-antithèse car ici tout n’est que bonheur absolu de la confection et de la dégustation des mets les plus sophistiqués : du potager arrivent les légumes fraichement cueillis,  les poêles grésillent, les écrevisses sont filtrées jusqu’au nectar, les circuit de fabrication des sauces défient l’entendement des néophytes, et on apprend même, entre autres multiples leçons de cuisine, qu’un physicien américain a découvert que l’œuf battu constituait une barrière naturelle protectrice pour la glace. Et ceci pour ne rien dire des vins qui accompagnent cette bombance dont les bénéficiaires soupirent d’extase en gourmets avertis enchaînant les plats les plus succulents et les disséquant ensuite en paroles en spécialistes et historiens de la gastronomie, évoquant entre autres au passage des figures mythiques de la profession comme Antonin Carême ("le roi des chefs et le chef des rois") et Auguste Escoffier. Mais attention, contrairement aux apparences et notamment à une première demi-heure exclusivement dédiée au ballet en cuisine de la préparation d’un repas, ce n’est pourtant pas d’un documentaire qu’il s’agit puisque Juliette Binoche et Benoît Magimel sont aux fourneaux.

"Retiens-bien ce goût, il faudra le comparer avec celui qu’il aura après sa clarification". En plein XIXème siècle, dans la cuisine du château de Dodin Bouffant (Magimel), surnommé "le Napoléon de l’art culinaire", le perfectionnisme heureux est à son paroxysme sous la houlette d’Eugénie (Binoche), cuisinière d’exception, bras droit de Dodin et sa maîtresse depuis de très nombreuses années. On coupe, on pile, on frit, on filtre, on mélange, on cuit et on recommence jusqu’à disparition de toute impureté, mais on goûte aussi (avec les jeunes aides Bonnie Chagneau-Ravoire et Galatea Bellugi) avant de servir à l’étage le petit cercle des amis gastronomes (Emmanuel Salinger, Patrick d’Assumçao, Fréderic Fisbach et Jan Hammenecke) de Dodin. La philosophie du lieu ? "La découverte d’un mets fait le bonheur de l’humanité bien plus que la découverte d’une étoile." Mais il y a bientôt un défi à relever pour Dodin : répondre à une invitation et à un repas haut de gamme et pantagruélique orchestré par les chefs au service du prince d’Eurasie par un simple pot-au-feu, comme un symbole de la cuisine française. Et Eugénie commence à souffrir d’inquiétants malaises…

Mise en scène avec une douceur enveloppante, La passion de Dodin Bouffant, adaptation du roman La vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet de Marcel Rouf (paru en 1924), est un film d’amour, d’amour total pour la cuisine filmée et discutée dans les plus infimes détails, et d’amour tout court entre les deux (excellents) protagonistes. Le très harmonieux Tran Anh Hung signe un long métrage relativement audacieux (mention spéciale au très bon Jonathan Ricquebourg à la direction de la photographie) renvoyant à l’âge de pierre les multiples émissions culinaires faisant le miel des télévisions. Une œuvre cinématographique très à part dont le mélange de classique romantique et d’immersion gastronomique circulera sans nul doute dans le monde entier en digne émissaire de la culture et du "soft power" français.

Produit par Curiosa Films, La passion de Dodin Bouffant a été coproduit par France 2 Cinéma, par les Belges d’Umedia et par Gaumont qui pilote les ventes internationales.

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Galerie de photo 24/05/2023 : Cannes 2023 - La Passion de Dodin Bouffant

18 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Tran Anh Hung, Benoît Magimel, Juliette Binoche
© 2023 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it

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