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CANNES 2023 Un Certain Regard

Critique : Si seulement je pouvais hiberner

par 

- CANNES 2023 : Malgré la rudesse des hivers mongols, la version de Will Hunting que propose Zoljargal Purevdash est en fait très chaleureuse

Critique : Si seulement je pouvais hiberner
Battsooj Uurtsaikh dans Si seulement je pouvais hiberner

Si seulement je pouvais hiberner [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Zoljargal Purevdash
fiche film
]
de Zoljargal Purevdash, projeté dans la section Un Certain Regard, fait déjà les gros titres et marque une première historique, dans la mesure où c’est le tout premier film mongol à participer au Festival de Cannes en sélection officielle. On comprend sans problème comment il est parvenu jusque-là, car au lieu de s'appuyer sur l'aura particulière de son pays, Purevdash choisit de donner à son film un attrait universel. Cette histoire pourrait se passer n’importe où.

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Y compris à Boston, pourquoi pas : il y a des similarités entre ce titre et le classique de 1990 Will Hunting : de nouveau, on a affaire à l'histoire d'un génie sorti de nulle part. En l’espèce, il vient du quartier des yourtes d'Oulan-Bator et d’une famille en situation précaire qui ne peut même pas chauffer suffisamment son logement. Ulzii (Battsooj Uurtsaikh) ne profite toutefois pas de ses talents hors du commun : c'est un enseignant qui le remarque, et le pousse à essayer d'obtenir une bourse qui pourrait lui changer la vie. Chez lui, il est moins soutenu. Sa mère (Ganchimeg Sandagdorj), analphabète et prompte à se tourner vers la dive bouteille dès que le monde qui l'entoure la déprime, c'est-à-dire souvent, préférerait qu’il trouve du travail.

L’histoire n’est pas complètement nouvelle mais Purevdash, dont c'est le premier long-métrage, s'assure qu'elle soit suffisamment émouvante pour que ce ne soit pas un souci. Ses jeunes acteurs sont impressionnants, car ils ne laissent jamais les choses basculer dans le sentimentalisme : il n’y a pas de place pour cela dans leur vie, ni pour quelque auto-apitoiement que ce soit. Ces gamins ont l’esprit pratique, ils sont forts, même quand leur mère les laisse seuls à la maison pour aller chercher du travail à la campagne. Ils se démènent vraiment comme de beaux diables pour continuer d’avancer. Ça ne marche pas toujours, hélas, et toutes ces responsabilités pèsent lourdement sur Ulzii.  

Il est intéressant de noter que Purevdash a également grandi dans ce quartier. Un(e) autre cinéaste aurait aisément pu mettre l'accent l’élément "exotique" de la Mongolie dans le film, mais ce n’est pas ce qu’elle fait. Certaines traditions distinctives sont mentionnées (notamment une qui implique une bride de cheval et.... comment dire... des orteils), mais c’est juste parce qu'elles font partie du lieu et du quotidien dans ce lieu, tout comme l’alcoolisme et le fait de grelotter de froid.

Certaines observations sociales arrivent tout de même à s'insinuer dans le récit. On voit par exemple un groupe d'imbéciles qui s'est mis en tête de faire en sorte que la maison des enfants émette moins de fumée (Oulan-Bator est, dit-on, la capitale la plus polluée du monde), même s'il n'y a littéralement rien à brûler à la maison. Pas étonnant qu'un sentiment de résignation domine, de vies gâchées avant même d'avoir commencé. Dans ce contexte, quand on se voit offrir la moindre opportunité, il ne faut pas la laisser passer. Comme l'a dit Ben Affleck il y a des années : "Je veux dire, t'es là avec un ticket de loterie gagnant et t’es trop une lopette pour aller l’encaisser". Cependant, Purevdash semble garder l’espoir que ce cercle vicieux, ces erreurs répétées de génération en génération, vont enfin se terminer. Après tout, elle a encaissé son ticket gagnant.

Si seulement je pouvais hiberner a été produit par Amygdala Films (Mongolie) et Urban Factory (France). Les ventes internationales du film sont assurées par Urban Sales.

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(Traduit de l'anglais)

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