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CANNES 2023 Compétition

Critique : The Old Oak

par 

- CANNES 2023 : Le nouveau film de Ken Loach ne contient pas une once de cynisme, juste de l’espoir

Critique : The Old Oak
Ebla Mari dans The Old Oak

Ken Loach a 86 ans et il croit en l’homme. Voilà. Voilà à quoi pourrait se résumer la critique. Il croit à tel point en l’humanité qu’il pourrait nous mettre mal à l’aise, nous rendre méfiants, et enfin, peut-être un peu optimistes aussi.

Ce n’est pas par naïveté, parce qu’il en a déjà vu beaucoup trop. Loach croit en l’homme parce qu’il le veut, c’est un choix. Ce n’est pas si compliqué. On peut choisir d’aider les autres ou de ne pas le faire. Curieusement, ce sont les cinéastes les plus expérimentés qui pensent que le monde vaut la peine d’être sauvé cette année au Festival de Cannes, à l’instar d’Aki Kaurismäki, et ce même en dépit de toutes les guerres. Les jeunes, eux, pensent que c’est déjà trop tard.

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Si The Old Oak [+lire aussi :
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, présenté en compétition officielle, est vraiment le dernier film de Ken Loach, il est ce que le réalisateur souhaite pour l’avenir. Les choses ne vont probablement pas s’arranger, et la méchanceté continuera de se déverser, sur le net et en dehors. Alors, allez-vous lutter contre toute possibilité de changements, cracher des insultes assis au bar tout en déclarant que vous n’êtes pas raciste, mais…, ou allez-vous saisir cette possibilité pour améliorer les choses ? Encore une fois, c’est un choix. C’est aussi à ça que TJ Ballantyne (Dave Turner) doit réfléchir.

Le malheureux n’est pas du genre démonstratif. Il est plutôt du genre discret et gentil. Lorsque des réfugiés syriens affluent dans le village, tout ce qu’il fait, c’est ramasser un appareil photo que quelqu’un a cassé. C’est celui de Yara (Ebla Mari), c’est l’une des choses auxquelles elle tient le plus. Voilà que bientôt, contre toute attente, un film sur l’amitié va naître.

Étonnamment, ces deux-là se comprennent très bien. TJ se souvient du temps où son village était différent, un village plein de vie et de mineurs. Elle aussi se souvient du temps où son pays était différent. Inutile de s’attarder là-dessus, même si Loach laisse à ses personnages le temps de faire leur deuil. Ils doivent passer à autre chose et faire des choix difficiles. Même TJ, "endormi" depuis des années, l’admet.

L’interprétation de Turner nous touche au cœur. Ce n’est pas un sauveur, il aurait d’ailleurs lui-même besoin d’être sauvé. Mais il a déjà commis des erreurs et il a perdu sa famille. C’est ce qui le rend peut-être plus sage. Ou du moins, il est désormais plus tendre, plus calme. Il prend soin de sa petite chienne, Marra, qui l’a littéralement sauvé. Ils pourraient se contenter de vivre heureux ensemble, jour après jour, tranquillement. Mais les choses vont prendre une autre tournure. Il va y avoir du bruit dans le village, trop de bruit pour faire la sourde oreille.

Loach n’a pas l’habitude d’être sentimental, mais il est indéniable qu’ici, il l’est, et qu’il l’affiche même. Honnêtement, partager son optimisme n’est pas chose facile, ni d’ailleurs se lasser berner par des répliques comme "dans la vie, il n’y a pas besoin de mots, seulement de nourriture." Jusqu’ici, Mange, prie, aime.

Et pourtant, l’appel à la "solidarité, pas à la charité" a du sens. Les gens ne veulent pas que l’on s’apitoie sur leur sort. Ils veulent exister aux yeux des autres, se sentir inclus. Ils veulent s’asseoir dans un pub qui peine à tenir debout et attendre le lendemain, avec son lot de désespoir. Et ils veulent le faire ensemble. Dans l’univers de Loach, il ne s’agit de dire que tout va pour le mieux, mais plutôt de s’assurer que, lorsque ça ne va pas, on ne soit pas seul.

The Old Oak, signé du scénariste Paul Laverty, est une coproduction britannique, française et belge de Sixteen Oak Limited, de la BBC, France 2 Cinéma, Why Not Productions, Les Films du Fleuve, du BFI et de la société Goodfellas, qui gère également les ventes à l’étranger.

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(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)


Galerie de photo 27/05/2023 : Cannes 2023 - The Old Oak

16 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Ken Loach, Paul Laverty, Ebla Mari, Dave Turner, Claire Rodgerson
© 2023 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it

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