27/05/2023 - CANNES 2023 : Dans ce film d'Alex Lutz qui a fait la clôture de la section Un Certain Regard, une rencontre parisienne de hasard devient romantique, bavarde et résolument française

Après la sélection de son astucieux mockumentaire Guy [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film] pour la clôture de la Semaine de la Critique en 2018, l’acteur, réalisateur et comique Alex Lutz assure de nouveau la conclusion d’une section parallèle du Festival de Cannes, cette fois Un Certain Regard, hors-compétition. Une nuit [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film] suit un personnage incarné par le réalisateur lui-même. Le scénario a été co-écrit par Lutz avec Hadrien Bichet et la favorite habituelle des César Karin Viard, qui lui donne ici la réplique.

Bien que le genre "Before Sunrise" soit bien plus ancien que les films de Richard Linklater, l’étiquette est instantanément familière, de sorte qu'on peut l'apposer sans souci sur ce film. Aucun doute non plus qu'Une nuit fasse quelques clins d’œil au scénario de Linklater et emprunté quelques ingrédients, mais il s'est aussi consciemment retenu d'en utiliser d’autres.

Par une journée apparemment ordinaire dans le métro parisien, deux inconnus se heurtent l'un à l'autre si littéralement qu'ils en viennent aux cris, se réclamant des excuses l'un à l'autre. Ils n'en auront pas. Une minute plus tard, ou pas loin, on les voit forniquer énergiquement dans une cabine de photomaton puis s’apprêter à se séparer. Mais comme le veut le genre, ça ne s'arrête pas là (surtout que le titre du film parle d'une nuit)... Auront-ils droit à une histoire sentimentale et une exploration en profondeur de leur moi intime ? Pourquoi pas ?

Il se présente comme Aymeric, elle s’appelle Nathalie. Ils sont tous deux mariés, parents d'enfants adolescents et tout dévoués à leurs conjoints respectifs, de sorte que "cette relation n'ira nulle part, mon gars", comme le dit Nathalie sans prendre de gants. Les dialogues sont abondants et surtout faits pour un public francophone, qui a qui plus est l'avantage de bien connaître les deux acteurs. Pour le spectateur étranger, le film fait probablement l’effet du film typique de Cannes qu'on ferait regarder à une audience dans un film de fiction sur Cannes. Si tous ces bavardages très frenchy (visiblement répétés de nombreuses fois) peuvent faire un peu beaucoup, Lutz et Viard sont indéniablement très faciles à aimer, personnellement et dans leurs personnages, et une petite surprise dans l'intrigue rend certainement les choses plus intéressantes. On a aussi un plan incruste à une fête, un dîner gratuit au restaurant chinois, du champagne tout aussi gratuit aussi dans un club échangiste avec Noémie de Lattre et Jérôme Pouly parmi les présents, et des iPhones jetés dans la Seine. Et bien sûr, il y a toujours Paris, même si la ville semble moins romantique que le Helsinki des Les Feuilles mortes [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film] d'Aki Kaurismäki, un autre film inscrit au programme à Cannes qui parle de deux inconnus qui se rencontrent par hasard, sauf qu'il est résolument moins bavard.

Une nuit a été produit par la société française Maneki Films et la belge Versus Production. Les ventes internationales du film sont assurées par StudioCanal.

(Traduit de l'anglais)