04/07/2023 - Le "Blade Runner tchèque” par Robert Hloz marie une esthétique rétrofuturiste et une exploration de la nature de l'humanité qui va captiver le grand public comme les amateurs de cinéma d'auteur

Le cinéma tchèque peut se targuer d’avoir un héritage riche et diversifié en matière de science-fiction, avec des travaux iconiques qui vont du légendaire Ikarie XB-1 aux escapades novatrices de Karel Zeman, en passant par les comédies de science-fiction de Václav Vorlíček et Miloš Macourek. Plus récemment, le cinéma national a flirté avec le genre à travers la comédie musicale animée Lajka [+lire aussi :
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fiche film] d'Aurel Klimt, sur le premier cosmonaute canin, et tout dernièrement, un projet ambitieux par le nouveau talent Robert Hloz, Restore Point [+lire aussi :
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fiche film] (son premier long-métrage après le court-métrage de science-fiction primé Numbers (2012), a fait couler beaucoup d'encre du fait de son échelle et son ambition, bien au-delà des normes locales. Le film a été projeté en séance spéciale à Karlovy Vary.

L’action de Restore Point se déroule en 2041, une ère où chaque citoyen a constitutionnellement le droit de vivre autant que le permet son espérance de vie. Une technologie révolutionnaire nommée Restore Point permet la résurrection en cas de mort prématurée, à condition que la personne prenne l’habitude de faire une sauvegarde de son cerveau toutes les 48 heures. Notre héroïne, une jeune détective nommée Emma Trochinowska (Andrea Mohylová), est sur la trace de River of Life, un groupe qui se rebelle contre la technologie de résurrection "antinaturelle" en troublant la vie civile au moyen d'actes de terrorisme. Trochinowska, nouvelle étoile montante des forces de police, se trouve impliquée dans une intrigue complexe où interviennent le groupe terroriste conservatiste, l'Institut de la restauration (le seule entité capable de ressusciter les gens) et des intérêts clandestins qui frisent la conspiration.

Restore Point est un film à intrigue, proche du film noir, mêlé de science-fiction spéculative, qui explore des questions profondes. La technologie de résurrection, qui est en gros un prototype pour l’immortalité, permet d'analyser plusieurs implications émotionnelles, psychologiques, sociales, éthiques, morales et politiques. Les scénaristes du film, Tomislav Čečka, Robert Hloz et Zdeněk Jecelín, abordent habilement ces sujets à travers des sous-intrigues et des dialogues nonchalants, dessinant adroitement un monde où une technologie de ce type existe, et les répercussions que cela aurait. Le film arrive à trouver le difficile équilibre entre récit de genre et travail qui philosophe sur l'impact social et individuel de la technologie en question, ce qui devrait plaire et au grand public fan d'action et de cinéma de genre, et aux cinéphiles amateurs de cinéma d'auteur qui ont envie de prendre part à une expérience théorique méticuleusement designée et offrant plusieurs niveaux de lecture.

Le film, surnommé le "Blade Runner tchèque" du fait de son esthétique cyberpunk, propose une vision intrigante du futur, avec des bâtiments et des objets améliorés dans un style rétrofuturiste, ou mieux (compte tenu du cadre centre-européen), sociofuturiste. Le chef décorateur Ondřej Lipenský et son département sont bien parvenus à matérialiser la vision de Hloz en composant un monde plausible, débordant de gadgets futuristes tout en honorant l'esprit du rétrofuturisme.

Le récit, qui se passe à Prague, où les éléments cyberpunk dominent et où la tension entre progrès technologiques et capitalisme est portée par un commentaire politique, acquiert une dimension rebelle quand il s’aventure au-delà de l'enceinte de la ville, suivant une enquête de notre héroïne sur un groupe de luddites. Ce contraste est non seulement bien adapté aux sujets très pertinents du film, qui interrogent la nature humaine, mais il accompagne bien ses transitions esthétiques, du cyberpunk inspiré de Blade Runner à des visuels dystopiques austères qui rappellent Children of Men. Dans le dernier acte, le film revient à son esthétique originale, avec quelques éléments de biopunk.

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fiche film], Restore Point devient un autre bel accomplissement en termes de science-fiction est-européenne qui voyage au-delà des frontières nationales. C'est un film de genre intelligent, sans être trop flashy.

Restore Point a été produit par la société tchèque Film Kolektiv, en coproduction avec D.N.A. Production, Film Produkcja (Pologne), Mali Budo (Serbie), la Télévision tchèque et Magiclab. Le film sortira dans les salles de tous les pays coproducteurs. Son distributeur à l'international, XYZ Films, a déjà signé pour l'Allemagne, la Suisse, la France, les pays scandinaves, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

(Traduit de l'anglais)