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FILMS / CRITIQUES Pays-Bas

Critique : Shabu

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- Ce portrait, par Shamira Raphaëla, d'un jeune de 14 ans débrouillard et plein d'énergie vivant dans la cité De Peperklip, à Rotterdam, est un éclat de joie et une ode à l'été et à la communauté

Critique : Shabu
Stephany et Shabu dans Shabu

Avoir 14 ans n’est pas facile, et le personnage éponyme de Shabu [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Shamira Raphaëla
fiche film
]
de Shamira Raphaëla, lancé aujourd’hui sur les écrans britanniques par T A P E, le sait bien. Au début du film, il se fait gronder par toute sa famille pour avoir accidenté la voiture de sa grand-mère, qui se joint au chœur des réprimandes par Skype depuis le Surinam. Shabu va devoir passer l'été à trouver une manière de réunir les 1200 € nécessaires pour réparer la voiture.

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En adoptant le point de vue de Shabu pendant tout le film, Raphaëla nous laisse partager son angle de vue, et même les spectateurs adultes pourront ressentir la profonde cruauté du châtiment. Sauf qu'un autre aspect clef du fait d'avoir 14 ans, c’est qu’on s’amuse, et Shabu est un expert en la matière. La photographie magnifiquement colorée du film transmet l'irrépressible joie de vivre de ce jeune garçon, contagieuse pour le public comme pour son entourage. Shabu est extrêmement sociable et dans ses premières tentatives pour trouver de l’argent, en vendant des esquimaux, il fait plus l'effet d’être la mascotte du voisinage qu’un homme d’affaires – à vrai dire, sa passion est la musique, et il dit à tout le monde qu’il sera un jour une grosse star. C’est osé, comme déclaration, mais plus le film avance, plus il semble tout à fait logique de le croire.

Le film, dont le format délicieusement libre fait écho à l’élément informe des chaudes journées d’été, a en réalité une structure, même si elle est plaisamment simple. Les espoirs et humeurs de Shabu sont élevés, puis retombent, puis s'envolent de nouveau, touchant reflet des gros changements d’humeur de l’enfance, où un obstacle relativement petit peut sembler dévastateur, et un texto d’une fille vous changer la vie. Shabu passe beaucoup de temps avec sa meilleure amie Jahnoa, à se promener dans le quartier mais aussi à se soutenir l'un l'autre dans des scènes touchantes de conversations à cœur ouvert. Dans une scène, les deux amis vont voir un ascenseur où une fusillade potentiellement mortelle a eu lieu. Le sang qui couvre le sol est encore frais, et Shabu et Jahnoa sont choqués. La scène renvoie à la violence occasionnelle qui sévit dans le quartier, mais vue à hauteur d’enfant, donc en fort contraste avec l'expérience que Shabu a généralement de cet endroit. Les deux charmants gamins, qu'on voit discuter très directement de l'horreur de cette image, paraissent à des années-lumière de ce qui s'est passé là.

À vrai dire, Shabu a du mal à ne pas avoir la tête dans les nuages. Aucun des boulots d’été ennuyeux qu’il trouve (vendre des glaces, travailler dans un supermarché) ne l'intéresse, et il finit toujours par battre le rythme avec les mains sur toutes les surfaces environnantes. Le jeune homme passe beaucoup de temps chez sa grand-mère sur l’ordinateur, à travailler sur sa musique, à jouer avec les sons et à s'enregistrer. Un membre de sa famille gentil joue le rôle d'entraîneur en musique, mais aussi de mentor en général, il est plein d'une sagesse que Shabu prend très au sérieux. C'est lui aussi qui amène l'adolescent à trouver sa meilleure idée : pour réunir de l’argent, Shabu va organiser une énorme fête de quartier, avec entrée payante.

Shabu en mode business est un régal à regarder, en particulier quand il se comporte comme un adulte au téléphone pour demander des services pour la fête. Dans la lignée de ce genre de jeu de mimétisme, Shabu adopte en revanche des opinions assez conservatrices sur les relations homme-femme, traitant sa "petite femme" Stephany de manière souvent contradictoire. C’est assez mignon de regarder les deux petits amoureux essayer de copier ce genre de comportements d'adultes, reproduisant clairement des dynamiques qu'ils ont vues ailleurs, mais quand Shabu affirme qu'il doit choisir entre sa "carrière" et sa petite amie, ça fait juste de la peine. Mais on peut sans doute espérer que là aussi, il va se laisser distraire et oublier ce qu’il a dit…

Shabu a été produit par Tangerine Tree (Pays-Bas) et Diplodokus (Belgique).

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(Traduit de l'anglais)

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