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GALWAY 2023

Critique : The Martini Shot

par 

- Le drame existentiel surnaturel de Stephen Wallis est unique en son genre : il évoque la création, l’art, la vie, la mort, l’amitié et l’amour avec maestria

Critique : The Martini Shot
Matthew Modine dans The Martini Shot

Ces temps-ci, il est extrêmement rare de trouver un aussi petit film avec un aussi grand cœur. Avec tact, créativité et simplicité, Stephen Wallis a composé un très beau film sur la vie, la mort, l’amour et l'art intitulé The Martini Shot, qui a fait sa première mondiale dans la section Cinéma irlandais du Galway Film Fleadh.

The Martini Shot suit Steve (incarné par le comédien aguerri Matthew Modine), un metteur en scène de cinéma souffrant qui essaie de tourner son dernier film avant de passer de vie à trépas. Dans ce portrait, Modine insuffle à son personnage de l'ironie, de la tendresse, du mystère, parfois même de l’arrogance et de l'imprudence, ce qui fait de lui quelqu'un de très mystérieux, mais plaisant et aimable. Au début, il est assez clair que ce qu'on voit n'est probablement pas vrai, et ne reflète certainement pas un espace-temps réaliste.

Du reste, Wallis ne cache pas la nature fascinante mais aussi confondante de son film : il l'ouvre sur un captivant monologue pendant lequel Steve se tient au bord des falaises de Moher, qui parle de la manière dont l'empathie et l'ironie diffèrent selon la distance à laquelle un personnage est filmé. "La réponse est simple : il n’y a pas de vérité, il n’y a que de la perception, et nous nous cognons tous aux murs de ces illusions en espérant trouver des vérités qui n'existent pas et n'ont jamais existé", dit-il, anticipant peut-être sur ce qui s'avèrera être le propos central de toute l’histoire.

L'Irlande rurale est le décor grandiose de ce parcours surnaturel et sa beauté frappante et éthérée est utilisée presque pour en faire un "non-endroit" où tout est possible, et où rien n'est (entièrement) réel. Ceci étant dit, on se rend compte que Steve est au courant du sort qui l'attend sous peu, qu'il évoque constamment comme la "finalité". Le fait que l'intrigue se concentre sur le sens de la vie et l'idée de vivre ses derniers jours de la meilleure manière possible justifie largement le choix de ce terme.

En chemin, Steve sera accompagné par une série de personnages singuliers. Chacun va lui donner l’opportunité d’explorer un thème en particulier (ou juste d'en gratter la surface), de reconsidérer son passé et de parler du futur, quel que soit le sens que cela puisse avoir dans le contexte du film (peut-être s'agit-il de ce qu'il y a après la vie). Parmi ces personnages forts se démarquent sa fille Rose (Cat Hostick), ses comédiens préférés, Errol (Derek Jacobi) et Philip (Stuart Townsend), et son assistante Mary (Fiona Glascott).

Tandis le temps qu'il lui reste s'écoule, Steve croise régulièrement une psy jeune et provocante (Morgana Robinson) et un médecin cryptique (John Cleese) qui essaient tous les deux de bousculer les convictions de Steve.

Dans l’ensemble, ce qui fonctionne le mieux dans ce film est la large place laissée aux multiples interprétations, du fait de son style très fragmenté. Le spectateur peut se sentir désorienté au début, mais dès qu'il comprend l'intention principale de Wallis, qui est de le mener vers une dimension mystique (où les choses ne sont pas expliquées, mais où les événements auxquels on assiste transmettent tout de même des sentiments), il peut choisir de se laisser porter et d'ouvrir son coeur à l'univers "philosophique" et onirique de Steve.

De plus, il faut mentionner que Wallis a assemblé pour raconter son histoire une formidable troupe d'acteurs. Ses dialogues sont brillants et poétiques, de sorte que s'il avait choisi les mauvais interprètes, ils auraient pu tout gâcher. Heureusement, ils parviennent tous à trouver le bon équilibre entre abstraction, émotion et intelligibilité. Sur le plan technique, le film de Wallis se caractérise par une musique instrumentale qui calme (Alain Mayrand), une palette de couleurs vive et rassurante (résultat du travail de Russ De Jong) et un montage assez audacieux (également par De Jong) qui colle bien avec le ton peu conventionnel du récit.

The Martini Shot a été produit par Indie Magic Studios (Canada) et Babyjane Productions (Irlande). Les ventes internationales du film sont gérées par l'enseigne canadienne Double Dutch International.

(Traduit de l'anglais)

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