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PULA 2023

Critique : Good Times, Bad Times

par 

- Nevio Marasović excelle avec cette approche franche et nette, profondément émouvante, des bons moments et des moments difficiles de la vie, de la culpabilité, des pères, des fils et de la mort

Critique : Good Times, Bad Times
Radko Polič Rac dans Good Times, Bad Times

"Attendez-vous à l’inattendu" serait un très bon conseil à donner à un spectateur qui s'apprête à voir un film du Croate Nevio Marasović, qui tend à prendre des risques avec son approche facétieuse des genres filmiques établis. Son dernier travail en date, Good Times, Bad Times, qui a fait sa première mondiale en compétition nationale à Pula avant de commencer sa tournée des festivals, continue d’explorer les relations père-fils, qui étaient déjà le sujet principal de son film précédent, Comic Sans [+lire aussi :
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(2018), en adoptant une approche cinématographique sans compromis similaire à celle des mélodrames américains classiques. Pour cette raison, et grâce à son intelligente structure, c’est peut-être son meilleur travail à ce jour. Un coup du sort tristement ironique (que l'acteur principal d'un film sur l’attente de la mort meure vraiment avant la grande première) a conféré au film une charge d’émotion poignante supplémentaire.

L’acteur en question, le Slovène Radko Polič Rac (à qui le film est dédicacé), joue un vieillard, Hrvoje Kasum, qui va dans un restaurant dont Il semble être un client régulier. Une serveuse lui propose du vin et du brandy, qu’il accepte avant de sortir fumer un cigare. Là, un autre serveur s’approche de lui et lui propose les mêmes choses, que le vieux gentleman accepte, avant de se mettre à observer les autres convives du restaurant : un jeune couple en premier rendez-vous, un autre couple qui attend un enfant, de jeunes familles, quelques familles brisées qui gèrent des traumatismes émotionnels, un politicien qui prononce un discours pour galvaniser ses "apôtres", quelques duos père-fils, etc.

Kasum n'interagit pas avec eux, mais lui comme les gens qu’il observe interagissent avec le serveur et le chef/propriétaire du restaurant (le comédien couronné aux EFA Zlatko Burić). Il semble que tous ces gens et leurs histoires individuelles, saisies à ce moment précis dans le temps, sont connectés d’une manière ou d’une autre à une même histoire de trahison et qu'ils sont, plus spécifiquement, reliés à travers le restaurant et son personnel. Le son d’un match de football hurlant depuis un poste de télévision quasiment toujours hors-champ tout au long de la durée compacte du film (il ne fait que 72 minutes) vend un peu la mèche.

Good Times, Bad Times est un projet audacieux à tous niveaux, de son confinement à un nombre limité de lieux à sa vaste troupe de comédiens, qui font tous partie de la crème de la crème des interprètes croates (y compris collaborateur régulier de Marasović Janko Popović Volarić) mais ne disposent ici chacun que de très peu de temps à l’écran pour montrer ce dont ils sont capables, en passant par le fait que Polič soit grosso modo mis sur la touche et relégué au rang d'un observateur sur toute la section médiane du film. Cependant, la prise de risque a payé, grâce à l'approche ingénieuse de Marasović de la direction d’acteurs dans des mini rôles, en les maintenant délibérément dans le noir quant à l'histoire du film dans son ensemble, un traitement diamétralement l’opposé à celui qu'il fait de son personnage principal et des deux acteurs secondaires, qui font preuve d'une alchimie formidable dans leurs interactions, tandis que Polič saisit bien l'occasion de livrer un chant du cygne impressionnant.

Sur le plan technique, le chef opérateur Damir Kudin fait de son mieux pour ouvrir les espaces confinés de l'action et les faire paraître plus vastes, le monteur Tomislav Pavlic maintient le rythme et le dynamisme d'un film qui aurait facilement pu semble disjoint. De plus, l’accord parfait entre les musiques originales d’Alen et Nenad Sinkauz et les chansons récurrentes d'Arsen Dedić et Gabi Novak achève de susciter chez le spectateur les émotions requises. En nous servant une bonne tranche de mystère au début et une expérience purement émotionnelle vers la fin, Good Times, Bad Times montre le talent de son réalisateur sous le meilleur jour qui soit.

Good Times, Bad Times a été produit par  Nina Petrović pour la société croate Švenk.

(Traduit de l'anglais)

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