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LOCARNO 2023 Piazza Grande

Critique : Voyage au pôle Sud

par 

- Luc Jacquet part de nouveau dans le pôle Sud, mais cette fois pour nous parler du parcours personnel qui l'amène à y retourner encore et encore

Critique : Voyage au pôle Sud

Il y a quelques années déjà, en 2015, le documentariste français Luc Jacquet a connu le succès au box-office et la gloire aux Oscars avec La Marche des Pingouins [+lire aussi :
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, qui a aussi marqué le début de la "pinguoin-mania" au cinéma. Jacquet est revenu sur ces animaux douze ans après, avec L’Empereur [+lire aussi :
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, qui n'a cependant pas répété le succès de son prédécesseur. Le cinéaste était retourné sur le continent des pingouins, l'Antarctique, deux ans plus tôt, pour faire un documentaire sur le réchauffement climatique, La Glace et le ciel [+lire aussi :
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, qui a été assez bien accueilli par la critique mais n’a pas fait sensation dans les salles.

Avec Voyage au pôle Sud [+lire aussi :
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, Jacquet retrouve de nouveau l'Antarctique qui l'inspire tant, mais l'angle sous lequel il l'aborde est un peu différent. La clef est dans le titre : il s'agit ici du réalisateur lui-même, et de son obsession de cet endroit du monde. Ce documentaire a fait sa première mondiale dans la section Piazza Grande de Locarno, et il va probablement attirer l’attention des festivals, dédiés au documentaire et généralistes.

Dans Continent magnétique, le parcours personnel du réalisateur commence au sud de la Patagonie, à la pointe des Andes, où il commente ce phénomène naturel dans toute sa dureté mais aussi son éblouissante beauté. Il se rend ensuite en Terre de feu, où il titille les spectateurs qui espèrent peut-être voir des pingouins en leur montrant quelques uns de ces attachants oiseaux, après quoi il embarque sur un navire et se retrouve, après une excitante traversée sur une mer agitée, réuni avec le continent qui ne cesse de le rappeler à lui, encore et encore.

Ce n'est toutefois pas, on peut le supposer, le voyage au sens physique qui nous intéresse ici, mais plutôt le voyage du cœur et de l’esprit qui pousse ce cinéaste à revenir encore et encore dans ce lieu largement inhabitable. Jacquet parle moins des pingouins, de la glace et du ciel, et plus de lui-même, dans un enchaînement apparemment sans fin de pensées, de rêveries et d'observations qu'il nous livre lui-même en voix off. Sur cet aspect, le réalisateur n'atteint peut-être pas les mêmes hauteurs et profondeurs philosophiques que Werner Herzog ou Chris Marker, mais il arrive bien à conserver l’intérêt des spectateurs pour sa tentative d'exprimer verbalement une chose qu'il n'est pas si facile que cela de traduire avec des mots.

Heureusement, les réflexions de Jacquet ont la toile de fond auditive et visuelle qu'elles méritent. Les musiques composées par Cyrille Aufort, omniprésentes, croisent avec aise différents genres néoclassiques, incorporant les influences de plusieurs genres cinématographiques en chemin, pour faire monter la tension et dicter l'émotion. Ce n’est peut-être pas très subtil, mais c’est plus qu’efficace, et la même chose vaut pour le design sonore. C'est néanmoins la photographie qui brille le plus, encore plus que l'auteur. Les images, souvent tournées au moyen de drones par le trio des chefs opérateurs (Christophe Graillot, Jérôme Bouvier et Sarah Del Ben) dans un noir et blanc très fortement contrasté, ce qui pourrait faire l’effet d’un choix très risqué, ces images couplées avec le montage précis de Stéphane Mazalaigue, maintiennent les yeux du spectateur fixés sur l’écran et ses oreilles ouvertes à tout ce que Jacquet a à nous dire. En somme, en sortant de Continent magnétique, nombreux sont ceux qui pourraient entendre l'appel de l'Antarctique, avec sa glace, son ciel, ses eaux turbulentes et... ses pingouins.

Voyage au pôle Sud est une production française de Paprika Films en coproduction avec Aster Production, Memento Production et ARTE France Cinéma. Les ventes internationales du film ont été confiées à Playtime.

(Traduit de l'anglais)

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