email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2023 Compétition

Critique : Comandante

par 

- VENISE 2023 : Ce récit historique d'Edoardo De Angelis, qui défie les films de guerre internationaux, revient sur un épisode de la Seconde Guerre mondiale qui peut servir d'avertissement pour aujourd'hui

Critique : Comandante
Pierfrancesco Favino dans Comandante

Il y a dans le récit historique Comandante [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
d'Edoardo De Angelis, qui a fait l’ouverture de la compétition officielle de la 80e Mostra de Venise, une boutade déterminante, prononcée par le héros, qui fait réfléchir (et pourrait entraîner des débats). Pierfrancesco Favino incarne ici Salvatore Todaro, le commandant du sous-marin Cappellini qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, a sauvé les naufragés du navire à vapeur belge Kabalo, qui transportait du matériel de guerre britannique et que le Cappellini venait à peine de couler. Un acte courageux contraire aux ordres auxquels devaient se plier les sous-marins en zone de guerre. Quand le capitaine du Kabalo lui demande, en débarquant dans la baie de Santa Maria des Açores, pourquoi il a pris un tel risque, contrevenant aux directives de son commandement, Salvatore Todaro répond par ces mots qui l'ont rendu célèbre : "Parce que nous sommes italiens".

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Déployant des dispositifs de mise en scène en mesure de rivaliser avec les gros films de guerre internationaux (en particulier ceux qui se passent justement dans l'espace confiné d’un sous-marin) grâce à un budget conséquent (entre 16 et 17 millions d’euros), De Angelis a voulu revenir sur l’histoire d’un héros oublié. Le réalisateur a écrit le scénario avec l’écrivain Sandro Veronesi (auteur du roman dont le film s'inspire) après avoir eu vent de cette histoire, invoquée par un amiral lors de la célébration des 123 ans de la Garde côtière. Ils ont tous les deux eu accès aux archives de la famille Todaro, y compris les lettres que le commandant écrivait à sa femme pendant ses missions. C’est ce que nous entendons dans le film. Todaro souffrait de graves lésions à la colonne vertébrale, suite à un accident aérien survenu en 1933 : dans le film, on le voit porter un corset de fer qui le faisait souffrir à tel point qu’il était obligé d'avoir recours à la morphine. Passé dans les forces sous-marines en 1940, après l’entrée en guerre du Royaume d'Italie contre l’Empire britannique et la France, Todaro se voit confier le nouveau sous-marin océanique Comandante Cappellini, parmi les meilleurs de la flotte nationale. Une fois arrivé dans l’océan, après avoir passé le dangereux détroit de Gibraltar pour une mission, Todaro intercepte le bateau à vapeur d'un pays encore neutre, la Belgique, qu’il va cependant couler au canon.

Après un prologue situé sur la terre ferme (quand il est encore auprès de sa femme, incarnée par Silvia D’amico), De Angelis nous présente l'équipage du sous-marin, composé d'hommes venus des quatre coins de l'Italie. Il y a le bras droit du commandant et son fidèle ami (Massimiliano Rossi), le marin napolitain qui va héroïquement dégager le sous-marin des mines subaquatiques, le Sarde qui abat un avion britannique, vérifier, le cuisinier napolitain (Giuseppe Brunetti) qui connaît toutes les recettes du monde entier. Dans les moments dramatiques où les marins "ennemis" (joués par Johan Heldenbergh et Johannes Wirix) sont accueillis à bord, ce qui emporte mille difficultés, la tension (bien soulignée par les musiques composées par Robert Del Naja, ancien membre de Massive Attack) va s'atténuer quand les Belges cuisinent leur "plat national" : les frites. On note une certaine prédilection du réalisateur pour les personnages parthénopéens, à tel point qu’à un moment, on voit aussi apparaître une mandoline.

La rhétorique culinaire se mélange à la rhétorique fasciste, insupportable. Todaro, adoré de ses hommes, est loin d'être un pacifiste : c’est un militaire, et il s’exprime dans le langage d’un fasciste convaincu en guerre, avec tous les tics linguistiques de l’époque ("ces hommes transforment la peur en force dévastatrice"). Ce qui le distingue, c’est la conscience que les lois de la mer sont au-dessus des raisons de la guerre. "Ma très chère Rina, écrit-il, aujourd’hui est un jour heureux. Nos ennemis et nous, ensemble, nous sommes secourus". Le lien avec la situation actuelle de la mer Méditerranée, devenue pour des milliers d'individus une tombe, comme au temps de la guerre, s'établit naturellement, aussi naturellement que cette réponse, "parce que nous sommes italiens", doit se transformer en un plus général, et non déclamatoire, "parce que" tout court.

Comandante a été produit par Indigo Film, O’Groove avec Rai Cinema, Tramp LTD, V-Groove et Wise Pictures, en association avec Beside Production et en collaboration avec Paramount+. En Italie, le film sera distribué par 01 Distribution. Ses ventes internationales sont gérées par True Colours.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)


Galerie de photo 30/08/2023 : Venise 2023 - The Commander

21 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Edoardo De Angelis, Sandro Veronesi, Massimiliano Rossi, Johan Heldenbergh, Silvia D’Amico, Pierfrancesco Favino
© 2023 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy