email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2023 Compétition

Critique : Ferrari

par 

- VENISE 2023 : Le portrait du légendaire ingénieur et industriel italien Enzo Ferrari par Michael Mann est un biopic maladroit de plus qui manque de crédibilité et cumule les stéréotypes

Critique : Ferrari
Adam Driver dans Ferrari

Dans son biopic très attendu consacré à l’ingénieur et industriel italien Enzo Ferrari, Michael Mann (de retour au cinéma après Blackhat) choisit de situer son histoire pendant les quatre mois qui ont précédé l'édition 1957 des Mille Miglia, féroce course d’endurance sur route ouverte qui a abouti à la tragédie de Guidizzolo. Ferrari [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Valentina Bellè
fiche film
]
a été présenté en avant-première en compétition lors de l’édition de cette année de la Mostra de Venise.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Le rôle-titre a été confié à Adam Driver, qui, sans que l’on sache pourquoi, semble être devenu l’acteur de prédilection pour jouer des personnalités italiennes, après son interprétation de Maurizio Gucci dans le médiocre House of Gucci de Ridley Scott. Driver fait de son mieux pour incarner un père meurtri, un mari volage et un employeur impitoyable, mais son interprétation ne parvient pas à convaincre. S’il est vrai que la pauvreté des dialogues ne l’aide pas, son portrait reste en définitive sommaire, et manifestement, derrière son maquillage discutable et ses cheveux blancs, se cache une star hollywoodienne qui interprète sa propre vision (ou celle de Mann) de "l’Italien" et du patron de la Scuderia Ferrari.

La manière dont Penélope Cruz joue Laura Dominica Garello est également hasardeuse. Elle surjoue du début à la fin. De plus, en raison de son accent espagnol prononcé, elle n’est pas crédible dans le rôle d’une Italienne. Nous nous attendons à ce qu’elle s’exprime dans sa langue maternelle à tout moment, notamment dans les scènes les plus houleuses.

De manière plus générale, la "polyphonie vocale" des acteurs finit par ressembler à une fâcheuse parodie d’argot italien, un mélange de dialecte émilien romagnol et d’anglais, plusieurs personnages s’exprimant avec de forts accents. Et des répliques comme "Call the banca" ou "Yes, commendatore" n’apportent rien. Elles ne sont qu’une pénible tentative qui vise à rendre plus exotique la langue de Dante, avec un effet caricatural à la Super Mario.

Que dire aussi du fait que les personnages italiens et étrangers soient, par défaut, joués par des acteurs américains (même lorsque ceux-ci n’ont rien à voir avec les personnages qu’ils incarnent) ? Voilà un sujet bien trop vaste pour être abordé ici. Ce qui fonctionnerait davantage cependant, c’est de faire un choix entre le recours à des acteurs natifs ou le fait de renoncer à toute prétention de "localisme", en se contentant peut-être d’une sorte d’anglais ou d'américain standard. Plusieurs productions de ce type existent, et elles semblent beaucoup plus crédibles.

Dans l’ensemble, le scénario de Troy Kennedy Martin manque de clarté. La course des Mille Miglia semble être l'événement le plus attendu sur lequel le récit devrait se concentrer, mais l’histoire ne cesse d'osciller entre la "double" vie de Ferrari avec sa maîtresse Lina Lardi (Shailene Woodley) et son fils Piero, entre les disputes de Ferrari et Laura et leur manière de gérer la disparition récente de leur fils Alfredo, entre la relation tumultueuse de l’industriel avec la presse et l’opinion publique et l’allusion à l'amour des pilotes pour la prise de risque ainsi qu'à leurs vies sentimentales. En outre, les acteurs incarnant les coureurs Piero Taruffi (Patrick Dempsey), Peter Collins (Jack O’Connell) et Alfonso De Portago (Gabriel Leone) sont également sous-exploités.

Si nous sommes en présence d’un film à gros budget, la conception de la production semble négligée, allant même jusqu’à manquer d’authenticité dans certains cas. Par exemple, si nous remarquons les radios ou les télévisions allumées en arrière-plan, les images d'archives qu’elles diffusent, avec les voix off modernes qui révèlent une fois de plus cette étrange novlangue, sont à peine visibles.

Ferrari est une énorme occasion manquée et un film qui se prend trop au sérieux. Il s’agit ici d’une œuvre dans laquelle le travail de développement et de recherche, qui l'aurait rendu plus authentique et aurait pu nous aider à comprendre ou au moins à adhérer aux vicissitudes du célèbre Grande Vecchio né à Modène, fait cruellement défaut.

Ferrari est une production de STXfilms (États-Unis), Moto Productions (États-Unis), Forward Pass (États-Unis), Le Grisbi (États-Unis), Bliss Media (États-Unis), Rocket Science (Royaume-Uni), Storyteller Productions (Royaume-Uni) et Iervolino & Lady Bacardi Entertainment (Italie). La société londonienne Black Bear International est responsable des ventes à l’étranger.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)


Galerie de photo 31/08/2023 : Venise 2023 - Ferrari

27 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Michael Mann, Patrick Dempsey, Adam Driver, Daniel Pemberton, Daniela Piperno, Massimo Bottura, Jillian Fink, Piero Ferrari
© 2023 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy