email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2023 Compétition

Critique : Pauvres créatures

par 

- VENISE 2023 : Le cinéaste grec de renommée internationale Yorgos Lanthimos frappe fort, avec un film en costumes qui ne ressemble à aucun autre

Critique : Pauvres créatures
Emma Stone dans Pauvres créatures

Pauvres créatures [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Suzy Bemba
Q&A : Yorgos Lanthimos
fiche film
]
, qui marque le retour tant attendu du réalisateur grec oscarisé, Yorgos Lanthimos, est l’une des belles surprises de cette édition de la Mostra de Venise. Le prétendant au Lion d’or est peut-être difficile à cerner, mais l’étiquette hybride de "comédie gothique de passage à l’âge adulte" donne une belle idée de ce qui nous attend. Le septième film de Lanthimos est non seulement son deuxième film d’époque après La Favorite [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, mais il est également le second écrit avec Tony McNamara, et qu’il n’a pas lui-même réalisé. Il s’agit ici d’une adaptation du roman éponyme écrit en 1992 par l’Écossais Alasdair Gray, que Lanthimos embellit avec un casting prestigieux avec dans les rôles principaux, Emma Stone, Willem Dafoe, Mark Ruffalo et Ramy Youssef.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Dans le roman, un professeur de médecine excentrique transplante le cerveau de l’enfant qu’elle attendait à une jeune suicidée, dans le but de la ramener à la vie. Admiratif de son expérience, le docteur Godwin Baxter (Dafoe) désigne son assistant Max McCandles (Youssef) pour l’aider à suivre et enregistrer l’évolution de la jeune femme. Si Pauvres créatures ne manque pas de nous rappeler le Frankenstein de Mary Shelley, il évoque la création d’une femme, ou plutôt la manière dont une femme se construit elle-même. Contrairement au livre, le film de Lanthimos s’en tient au point de vue de la femme en question, Bella, tant sur le fond et que sur la forme. Alors que son langage et sa motricité s’améliorent, le monde auquel nous assistons s’agrandit, et il se déchaine rapidement. Le noir et blanc du début laisse la place à des couleurs sursaturées. Dès qu’elle décide de s’enfuir avec Duncan Wedderburn (Ruffalo), un débauché notoire, nous avons droit à des paysages urbains enchanteurs, qui vont de Lisbonne à Alexandrie en passant par Paris, et dont l’apparence stylisée renforce l’émerveillement de Bella.

Tony McNamara déplace le décor initial d’un Glasgow victorien politiquement lourd de sens à un Londres plus excentrique. Ce faisant, l’allégorie politique s’efface au profit d’une interprétation plus littérale, que les mouvements de Bella illustrent parfaitement. Si Lanthimos est attiré par le concept de tabula rasa (le rêve du siècle des Lumières), sa mise en scène l’illustre par le corps. Son étroite collaboration avec Stone, également productrice du film, a permis la construction progressive de son personnage pour obtenir des résultats fascinants. Actrice aux multiples talents, Stone se surpasse ici. L’interprétation qu’elle livre met en œuvre chaque étape du processus de socialisation de son personnage à travers sa posture, sa démarche et son langage. L’autonomie de Bella est directement liée à sa sexualité, et cette découverte, dans les nombreuses et prodigieuses scènes de sexe, se retrouve également dans son corps et dans ses gestes. Les gros plans et l’objectif fish-eye du directeur de la photographie Robbie Ryan capturent ces changements, que le monteur de longue date de Lanthimos, Yorgos Mavropsaridis, retravaille pour créer, au moment opportun, une intimité à travers la distance.

Pauvres Créatures révèle le goût de Lanthimos pour les plans rapprochés et une esthétique flamboyante, révélant une nouvelle facette de son approche très imaginative de la narration. En optant pour une fin plus adaptée, le réalisateur grec améliore résolument le matériau de base de Gray et réalise ce qui semble être son film le plus optimiste à ce jour. Il n'aurait pas pu choisir meilleur film pour le débarrasser de ses allégories politiques : les difficultés relatives au corps, qui sont au cœur de Pauvres créatures, sont non seulement surmontées, mais elles le sont de manière magistrale, avec empathie et beaucoup d’humour caustique. On ne peut jamais vraiment se préparer à un tel spectacle ni à l’étrange ardeur qu'il offre, en dépit de ce que promettait le titre.

Pauvres créatures est une production Searchlight Pictures, en collaboration avec la société irlandaise Element Pictures et la britannique Film4, ainsi que les sociétés américaines Fruit Tree et TSG Entertainment. Searchlight Pictures gère également les ventes à l’étranger.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais par Karine Breysse)


Galerie de photo 01/09/2023 : Venise 2023 - Poor Things

17 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Yorgos Lanthimos, Yoyo Cao, Madison Rian, Miguel Ángel Silvestre, Clara Galle, Matilde Gioli, Holly Waddington, H. Stacey, Robbie Ryan, James Price, Ed Guiney, Andrew Lowe
© 2023 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy