Critique : Adagio
par Camillo De Marco
- VENISE 2023 : Ce thriller chargé de testostérone par Stefano Sollima est un film de genre de belle mise en scène, enrichi par les interprétations de Pierfrancesco Favino et Toni Servillo
Des pères qui dévorent métaphoriquement leurs enfants, comme l'a fait le dieu Chronos, des enfants innocents que des pères cyniques et indifférents sacrificient sur l’autel du dieu argent et, enfin, des pères qui se sacrifient pour expier leurs fautes. C'est dans ce tourbillon oedipien de testostérone, où les femmes sont tout simplement absentes, que Stefano Sollima ancre le thriller Adagio [+lire aussi :
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fiche film], en compétition à la 80e Mostra de Venise. Le réalisateur, fils de Sergio Sollima (que Quentin Tarantino a qualifié d’"un des plus grands auteurs de westerns spaghetti avec Sergio Leone et Sergio Corbucci), déjà occupé à son prochain film, intitulé Colt, qui rend hommage à Leone, est connu pour Suburra [+lire aussi :
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interview : Stefano Sollima
fiche film] et les séries TV Romanzo criminale et Gomorra. Il a réalisé, ces dernières années, les films d’action américains Sicario : La Guerre des cartels [+lire aussi :
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fiche film], avec Benicio del Toro, et Sans aucun remords. Sa très grande habileté comme metteur en scène est incontestée. Avec Adagio, Sollima revient dans sa ville, Rome, pour composer un récit criminel nocturne aux implications vaguement psychologiques, avec une troupe qui réunit Pierfrancesco Favino, Toni Servillo, Valerio Mastandrea, Adriano Giannini et Francesco Di Leva.
Manuel (Gianmarco Franchini), 17 ans, est un garçon un peu ingénu, fils d'un ex-criminel de la Banda della Magliana appelé Daytona (Servillo), désormais condamné à rester chez lui et atteint d'une forme de démence. Manuel s’est fait attraper par trois officiers des carabiniers corrompus (Giannini, Di Leva et Lorenzo Adorni) qui l'ont photographié alors qu’il se prostituait, comme il le fait occasionnellement. Les trois hommes veulent qu'il s'introduise à une fête gay et photographie un homme politique pendant qu'il sniffe de la cocaïne habillé en fée. Manuel le fait, mais il est ensuite pris de panique et s'enfuit avec les photos. Il trouve refuge auprès d’un criminel ami de son père (Mastandrea) qui lui donne le nom de quelqu’un pourrait l'aider à se sortir de la situation où il se trouve : un certain Romeo dit Le Chameau (Favino), qui vient de sortir de prison parce qu’on lui a découvert un cancer. Pour les méchants flics commence une chasse à l’homme qui va bientôt s'entacher de sang, dans une Rome tenaillée par la chaleur, l'électricité qui fonctionne par intermittence et un énorme incendie aux portes de la ville qui menace la population. Le Chameau était en fait en prison à cause de Daytona et pendant le cambriolage, il a perdu son fils adolescent. L'arrivée du jeune fils de son ennemi juré le trouble profondément, mais réveille son instinct de protection.
Le film, scénarisé par le réalisateur et Stefano Bises, ne laisse jamais retomber son rythme, soutenu, et réserve même quelques coups de théâtre plus un échange de coups de feu final digne d’un thriller d'Outre-Atlantique. Il s’agit naturellement d’un film de genre qui a pu s'arroger une place en compétition à la Mostra grâce à l'interprétation de l'acteur caméléon qu'est Favino, sur lequel l’industrie du film italienne mise beaucoup ces derniers temps, dans ses efforts pour recréer un petit star-system. Quant à Servillo, eh bien l’acteur napolitain compose habilement un vieux malfaiteur dur et impitoyable – et un simple plan sur ses pieds suffit à Sollima pour s’amuser à rendre explicitement hommage à des personnages entrés dans l’imaginaire cinématographique comme le Verbal de Kevin Spacey dans Usual Suspects, et le Brian d'Edward Norton dans The Score.
Adagio a été produit par The Apartment Pictures (société du groupe Fremantle), Vision Distribution et Alterego, en collaboration avec Sky ainsi que Netflix. Les ventes internationales du film sont gérées par Vision Distribution.
(Traduit de l'italien)
Galerie de photo 02/09/2023 : Venise 2023 - Adagio
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© 2023 Fabrizio de Gennaro for Cineuropa - fadege.it, @fadege.it
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