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VENISE 2023 Orizzonti

Critique : En attendant la nuit

par 

- VENISE 2023 : À travers un incisif teen movie vampirique, le premier long de Céline Rouzet explore les sujets du rejet de la différence, de la solidarité familiale et de l’injustice du monde

Critique : En attendant la nuit
Mathias Legoût Hammond dans En attendant la nuit

"Il faut absolument qu’on ait l’air le plus normal possible." Bien souvent, le conformisme social entraîne malheureusement la mise au ban de ceux qui sortent de la norme et de lourdes conséquences s’ensuivent pour l’existence des rejetés et de leurs familles avec des tendances à la dissimulation pour esquiver le regard et le jugement d’autrui, voire le harcèlement. Racisme, xénophobie, handicap, dépression, etc. : la mécanique est commune à de nombreuses situations et la cinéaste française Céline Rouzet a choisi d’en faire une parabole masquée sous la figure mythique du vampire dans son premier long métrage de fiction, En attendant la nuit [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Céline Rouzet
fiche film
]
, dévoilé dans la compétition Orizzonti de la 80e Mostra de Venise. Un film doté d’un bon équilibre entre les genres, rythmé et très bien interprété, qui peut s’apprécier au premier degré dans le sillage d’une famille protégeant depuis 17 ans un énorme secret : le fils aîné est né vampire.

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"Ce genre d’endroit, tant que tu fais comme tout le monde, tu es tranquille". En passant le pont (qui apparaîtra trois fois dans le film) menant à la petite ville pavillonnaire très isolée au cœur de la forêt où ils vont s’installer, l’adolescent Philémon (Mathias Legout Hammond) et sa famille (la mère Laurence incarnée par Élodie Bouchez, le père Georges joué par Jean-Charles Clichet et Laly Mercier dans le rôle de la petite sœur Lucie) sont très optimistes. Bien sûr, il faut tirer les rideaux, donner à Philémon la chambre plein Nord, faire profil bas, mais Laurence a surtout trouvé un job d’infirmière dans un centre de prélèvements sanguins où elle espère pouvoir détourner les poches de sang déclassés, ce qui lui évitera enfin de se sacrifier pour nourrir son fils. Mais ce dernier est aussi un adolescent rêvant d’être comme les autres (et d’intégrer le groupe de jeunes local dominé par Charles - Louis Peres), empli de désir d’émancipation ("pourquoi vous m’avez fait vivre ça ?") et d’amour avec la jolie voisine Camilla (Céleste Brunnquell). Une soif qui ne sera pas facile à contenir et à satisfaire…

Naviguant de l’humour au drame, des codes du teen movie (l’incertitude des premiers amours, l’effet de groupe avec son mâle alpha, etc.) à ceux des multiples classiques vampiriques (dont il constitue une variation intéressante), du récit de la mise à l’épreuve de la solidarité familiale au décryptage suggestif de l’emprise sociale (et de ses côtés factices) et des difficultés à s’y soustraire (ou à y adhérer quand on n’y est pas prédisposé), En attendant la nuit (dont le scénario a été écrit par la réalisatrice avec William Martin) se révèle dynamique et très distrayant en surface, tout en donnant du grain à moudre aux cinéphiles à travers ses multiples références plus ou moins masquées. Un ensemble très bien emballé et contrôlé qui démontre toutes les qualités polyvalentes d’une cinéaste qui a débuté dans le documentaire (140 km à l’ouest du paradis) et dont on attend déjà avec une grande curiosité le prochain opus.

Produit par pour ElianeAntoinette et Reboot Films en coproduction avec les Belges d’Altitude 100 Production, En attendant la nuit est vendu à l’international par Playtime.

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