email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

VENISE 2023 Hors Compétition

Critique : Vivants

par 

- VENISE 2023 : Disposant de tous les ingrédients de qualité, Alix Delaporte ne réussit pas, par excès de bons sentiments, sa recette d’un portrait de groupe de grands reporters

Critique : Vivants
Pierre Lottin, Jean-Charles Clichet, Pascale Arbillot, Vincent Elbaz, Alice Isaaz et Roschdy Zem dans Vivants

Ils existent bel et bien et se reconnaitront facilement. Ce sont toujours de très fortes personnalités, dopés à l’adrénaline de l’info, voire du danger des théâtres de conflits, mais ils cachent aussi de profondes fêlures, des fragilités qui nourrissent leurs excès et les isolent de la normalité du quotidien. Leurs vies privées sont donc souvent compliquées et ils n’aiment rien tant que la compagnie de leurs consoeurs et confrères avec qui ils partagent la solidarité de ceux qui connaissent la réalité du monde et qui aspirent le plus souvent à en dénoncer les travers. Qui sont-ils ? Les grands reporters et ce sont à eux que la cinéaste française Alix Delaporte a tenté de rendre hommage dans son nouveau film, Vivants [+lire aussi :
interview : Alix Delaporte
fiche film
]
, présenté hors compétition à la 80e Mostra de Venise.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

C’est à travers le personnage de Gabrielle (Alice Isaaz), une jeune provinciale très débrouillarde prise en stage au coup de cœur que la réalisatrice nous plonge dans les coulisses de l’émission Reporters pilotée par Vincent (Roschdy Zem), épaulé par son équipe de journalistes chevronnés (notamment une excellente Pascale Arbillot, mais aussi Jean-Charles Clichet ou encore Vincent Elbaz). De l’hôpital public sous tension aux opérations clandestines des commandos végans, de la guerre civile en Afrique aux malversations liant triades parisiennes et services municipaux, la rédaction est toujours sur le qui-vive ("c’est un peu notre métier de sortir des clous") : il faut ramener des images, trouver des sources, faire parler des témoins, être à bonne distance, aller à l’essentiel, ne pas s’en laisser compter par les invités des plateaux. Un métier speed, usant (comment garder la vocation et la motivation ?), de remise en cause quotidienne ("comment on donne l’info et surtout comment on la retient") qui questionne parfois l’éthique et qui entre en friction croissante avec la pression de l’audimat, avec le surcoût des reportages à l’étranger (d’où un repli des diffuseurs sur des sujets hexagonaux et davantage de pression sur les plus rares sujets internationaux) et avec les contraintes de ne plus travailler en tant que société indépendante mais au sein d’un groupe.

Le film d’Alix Delaporte retrace une sorte de chant du cygne d’un style de journalisme d’investigation qui a été remodelé par le paysage audiovisuel depuis une bonne dizaine d’années. Très bien interprété et mettant sur la table toutes les bonnes questions que pose son sujet, la cinéaste pêche véniellement par surcharge (l’ébullition permanente un peu factice de la rédaction), mais surtout par excès de bons sentiments (une idylle inutile, des personnages inévitablement archétypaux mais un peu trop, un final complètement raté). Après Angèle et Tony [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
et Le Dernier coup de marteau [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, la cinéaste a voulu à l’évidence viser un plus large public, mais n’a pas su éviter les écueils du formatage qui parasitent malheureusement un sujet passionnant.

Produit par Trésor Films (France) et Artémis Production (Belgique), Vivants est vendu par Pyramide International.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy