07/09/2023 - VENISE 2023 : Il y a toujours du temps pour rire, pleurer et chanter dans le nouveau film de Goran Stolevski, un des meilleurs qu'on ait vus sur le Lido cette année

Anamaria Marinca et Vladimir Tintor (centre) dans Housekeeping for Beginners

Dans Housekeeping for Beginners [+lire aussi :
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fiche film], projeté à Venise dans la section Orizzonti, Goran Stolevski  rit, pleure et montre que la seule manière de chanter sur de la musique chez soi, c'est de chanter dans un embout d’aspirateur. En chemin, il livre aussi un des meilleurs films qui aient été présentés sur le Lido cette année.

Que ce nouveau travail du réalisateur macédonien soit bon n’est pas si étonnant que cela. Stolevski, un des réalisateurs les plus enthousiasmants du moment, est l'esprit assez tordu auquel on doit You Won’t Be Alone [+lire aussi :
critique
fiche film], qui a fait sensation à Sundance et parvenait à combiner body horror, mélancolie et rats en guise d'amuse-gueule. Ce qui est surprenant, c’est la joie qu’il trouve dans l'histoire de parents improbables et d’enfants réticents qu'il raconte ici.

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Dita (Anamaria Marinca) vit à Skopje avec sa compagne Suada (Alina Serban) et leurs deux filles, plus un trio d’amis qui couchent parfois ensemble mais parfois non, et Toni (Vladimir Tintor), qui vient de ramener un nouveau garçon à la maison. La maison est donc au complet et pleine de vacarme : il n'est pas un instant où ne soient pas en cours trois conversations et au moins une dispute. Et puis les choses changent. Dita, qui n'a jamais été très maternelle, se retrouve seule pour élever les filles (y compris Vanesa, qui est adolescente) et Toni doit aider. Le problème, c’est que personne ne l'en a encore informé.

Stolevski jongle ici avec une foule de tragédies, des petites et des grandes, de sorte qu'on a du mal à croire qu'il ait tout de même réussi à rendre son film drôle : on assiste dans Housekeeping for Beginners à certaines des meilleures chamailleries que l’auteure de ces lignes ait pu voir depuis très longtemps. Et pourtant, on ne tombe jamais dans la comédie grasse, en dépit du fait que l'idée centrale prise isolément ("deux personnes queers se marient pour leur famille et se retrouvent rapidement dans une mer de mensonges") semble tenir de la farce datée. Rien à voir avec The Birdcage, par exemple.

Stolevski a le sens de l’humour, mais son récit est tendre, plein d'empathie et sincère (tout le monde a le droit de mal se conduire au moins une fois). Ces personnages ne sont pas des anges opprimés qui se rebellent contre le reste du monde : ils font des erreurs, ils peuvent être violents, ils peuvent jeter des ordinateurs par le balcon et ne même pas s'en excuser après (probablement parce que l'engin marche encore). Le réalisateur chorégraphie ces scènes de groupe désordonnées à la perfection, les rendant faciles à suivre même s'il y a toujours quelqu'un qui hurle ou fait éclater des ballons dans le lot. Ces gens s'aiment vraiment et (comme on n'est pas dans un film américain) ils n'ont pas à dire "je t’aime" à chaque fois qu’ils sortent pour qu'on le voie.

D’une certaine manière, c’est une vraie réunion d’exclus (que ce soit pour leurs préférences sexuelles ou leurs origines roms), mais ils ne font pas cet effet-là. Stolevski montre de vraies personnes qui font souvent souffrir les gens qu'ils aiment, et fument beaucoup trop. Quant à qui couche avec qui, eh bien ça les regarde. Ça ne les définit pas. Quand ils perdent leur sang froid, et ça arrive souvent, c’est leur faute, pas celle des autres. Et on les adore quand même. Au bout d'un moment, après deux heures passées avec eux, on a même l’impression qu'ils sont de notre famille.

Housekeeping for Beginners, également écrit et monté par Goran Stolevski, est une coproduction entre la Macédoine de Nord, la Pologne, la Croatie, la Serbie et le Kosovo qui a réuni les efforts de List Production, Madants, Kinorama, Sense Production, Industria Film, Film i Väst, Common Ground Pictures et Causeway Films en association avec Tango Entertainment, New Europe Film Sales (qui s’occupe des ventes internationales du film) et le Festival du film d'Adelaide.

(Traduit de l'anglais)