09/09/2023 - VENISE 2023 : Dans son premier long-métrage, Tana Gilbert laisse les images (plus précisément des images de portable) parler d'elles-mêmes

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Ce qui est intéressant, cependant, c’est que la réalisatrice se tient tout du long à des images floues de téléphone portable et des enregistrements encore plus flous réalisés par les prisonnières elles-mêmes. Pas étonnant que le générique cite à la photographie "des femmes qui purgent actuellement une peine de prison". Le film n'est fait de rien d'autre : pas de "têtes parlantes" ici, pas de vue de l’extérieur, juste des petits fragments de leur existence dans différentes prisons chiliennes, documentés dans le secret le plus absolu. Qu’elle soit parvenue à monter tout cela pour en former un récit compréhensible, avec l'aide de Javiera Velozo, semble complètement fou.

Elles ne font pas ça pour crier à l’injustice ou condamner quiconque, quoique nombreux sont ceux qui menacent ces femmes ou les voient tout simplement comme des junkies, parce qu’"elles le sont toutes". Même le médecin de la prison. Elles font ça parce qu’elles vivent leur vie, qu'elles essaient de s’amuser de temps en temps, et que cela en fait partie. On suppose aussi qu'elles ne veulent pas être oubliées. "Loin des yeux, loin du cœur", comme elles disent. Cette petit vidéo à peine distincte avec un audio vraiment affreux ?! Eh bien, elle peut vraiment faire beaucoup, surtout si votre famille n'est pas spécialement disposée à vous rendre visite.

Gilbert, dont ce film est le premier long-métrage, se concentre sur l’ordinaire, sur la quête de connexions, sur les amies, sur les "mères en prison". Elles ne lui parlent jamais directement, en personne, mais cela n'empêche pas la réalisatrice de les écouter très attentivement. Elle écoute quand elles se confient sur leurs enfants (qui peuvent rester avec elles jusqu’à leurs deux ans), et elle regarde quand elles se coiffent ou se défoulent en twerkant. C’est un regard tendre qu'elle pose sur elles. L’expérience cinématographique qui en résulte est touchante quoique peu marquante sur la durée.

Elle n’explique pas pourquoi ces femmes ont été condamnées et ne rentre pas dans les détails sur ce qui s’est passé avant. Il n’y a pas de jugement dans ce film, pas une once, mais la perspective de Gilbert est peut-être un peu trop optimiste : c'est bien sûr charmant, de parler de solidarité féminine, surtout dans des conditions de vie aussi dures, mais Malqueridas fait parfois un peu trop gentil. Après, peut-être que c’est ça que ça vous fait, la vie derrière les barreaux : soit on se fait rapidement une carapace coriace, soit on change. Gilbert ne peut pas creuser très en profondeur, pas sur la base de ces matériels peu fiables, mais elle peut aider ces femmes à dire : "Nous sommes là, nous attendons, et un jour, si on a de la chance, vous verrez nos visages de près".

Malqueridas a été produit par la société chilienne Errante et l’allemande Dirk Manthey Film. Les ventes internationales du film sont assurées par Square Eyes.

(Traduit de l'anglais)

Galerie de photo 07/09/2023 : Venise 2023 - Malqueridas

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Tana Gilbert, Beatrice Fiorentino, Javiera Velozo, Carlo Sánchez, Karina Sánchez
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