12/09/2023 - VENISE 2023 : Ivan Ostrochovský et Pavol Pekarčík racontent la guerre en Ukraine depuis les tunnels souterrains du métro, à travers les yeux de deux enfants et en cherchant des émotions positives

"Les enfants vont-ils se souvenir de tout ça ?" – Grâce aux émotions positives, on peut tout oublier." Cela fait deux mois que Nikita, 12 ans, ne voit pas la lumière du jour. Un matin de février, avec sa famille (son père, sa mère et sa petite sœur), il est descendu dans les tunnels du métro de Kharkiv, la deuxième ville la plus peuplée d'Ukraine après sa capitale, Kiev, pour se mettre à l’abri des bombardements russes. Et il n'en est plus ressorti. Nous sommes au printemps 2022, et sous terre avec lui, il y a 1500 autres personnes : des femmes, des hommes, des jeunes, des vieillards, et même des chiens et des chats. Tous ces gens campent dans les différents espaces de la station. Parmi eux, il y a une petite fille avec des oreilles de lapin rigolotes qui font de la musique. Cette dernière, Vika, se révélera pour Nikita une source salutaire d'émotions positives dans Photophobia [+lire aussi :
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Le film, qui a fait l'objet d'un événement spécial aux 20e Giornate degli Autori de la 80e Mostra de Venise, où il a remporté le Label Europa Cinemas du meilleur film européen de la section, est un travail hybride à mi-chemin entre fiction et documentaire qui regarde la guerre en Ukraine du bas vers le haut, à travers les yeux de deux enfants en quête d’un rayon de soleil. Au début du film, on voit notre jeune héros (Nikita Tyshchenko) parler avec une doctoresse de ses traumatismes. Il a la peau déshydratée et donne des signes d'apathie : il aurait en somme bien besoin d'un peu d’air frais et de lumière. Cependant, impossible de mettre le nez dehors, à la surface, parce que c’est trop risqué : sa mère, qui est en contact avec des gens de l’extérieur grâce à son téléphone portable, le lui interdit catégoriquement. Quand Nikita rencontre Vika (Viktoriia Mats), les wagons et les quais du métro désormais hors-service se transforment en un parc d'attraction, et un vieil homme qui joue de la guitare (Vitaly Pavlovitch) se met à leur dispenser des conseils sur l'amour.

Certaines diapositives que les enfants regardent à travers un viseur, qui pour le spectateur se transforment en films en Super8, sont l’expédient dont usent les réalisateurs pour nous montrer ce qui se passe au-dessus. Ce sont des images d’individus photographiés dans leur vie quotidienne, devant des décombres et des colonnes de fumée, tranquilles et résilients. Une approche qui se reflète dans tout le film, qui sur ses 71 minutes à peine de durée n'offre pas d'intrigue à proprement parler, mais saisit plus tôt, sans céder à la tentation de tomber dans le pathos, la condition humaine d'un peuple obligé du jour au lendemain de tout abandonner. Ostrochovský et Pekarčík choisissent la voie de l’espérance plutôt que le malaise pour composer ce film dramatique sur la guerre : un homme sympathique chante des chansons d’amour, deux enfants regardent vers le ciel, et leur avenir.

Photophobia a été produit par Punchart Films (Slovaquie) et Cinémotif Films (République tchèque), en coproduction avec la Radio-télévision slovaque, Arthouse Traffic (Ukraine), la Télévision tchèque et Partizanfilm (Slovaquie). Le film n’a pas encore de distributeur à l’international mais grâce au prix, il va bénéficier du soutien promotionnel d'Europa Cinemas et d’une incitation financière pour les cinémas du réseau qui l'insèreront dans leur programmation.

(Traduit de l'italien)

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Ivan Ostrochovský, Pavol Pekarčík
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