email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

TORONTO 2023 Platform

Critique : Te l’avevo detto

par 

- Le deuxième long-métrage de Ginevra Elkann propose le portrait choral d’une humanité en proie à l’angoisse et au bord de l’apocalypse, dans une ville de Rome où on enregistre 50° en janvier

Critique : Te l’avevo detto
Alba Rohrwacher dans Te l’avevo detto

Cette année encore, la chaleur en Italie a atteint des records. Comment ce serait, si les températures infernales de juillet et août revenaient en janvier ? Ginevra Elkann essaie de l'imaginer dans son nouveau film (son deuxième long-métrage après le travail autobiographique Magari [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
), qui immerge une série de personnages dans une Rome où l'on enregistre 50° à Noël, tandis que leurs problèmes (et ils ont des sérieux, chacun sa manière) ne font que s’amplifier.

On transpire rien qu'à regarder Te l’avevo detto [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, en lice dans la section Platform du 48° Festival de Toronto. La réalisatrice, qui appartient à la famille Agnelli (Gianni était son grand-père), a choisi des acteurs d’exception et les projette dans une dystopie dangereusement proche de notre réalité. C’est l'hiver. Chez les gens, les sapins de Noël scintillent encore, et pourtant les journaux télévisés annoncent une vague de chaleur anormale qui est en train de s’emparer du pays. À Rome en particulier, le mercure indique plus de 30° en janvier, et cette ascension subite des températures ne donne pas signe de vouloir s'arrêter.

C’est ainsi que nous trouvons les personnages du film, chacun aux prises à ses propres angoisses. Gianna (Valeria Bruni Tedeschi) est une croyante fanatique obsédée par son ancienne amie star du porno, avec laquelle elle a un compte à régler. Cette dernière, Pupa (une Valeria Golino toute de botox, perruque et faux cils), a eu son heure de gloire dans les années 1980 et s'agrippe désormais aux quelques fans qui lui restent en s’exhibant dans des spectacles live d'un goût douteux. De son côté, la fille de Gianna, Mila (Sofia Panizzi), qui a une vingtaine d’années, souffre de graves troubles alimentaires (et en voyant les échanges qu’elle a avec sa mère, on en comprend sans difficulté l’origine) qu’elle ne réussit à apaiser que quand elle est en compagnie d’une vieille dame dont elle s’occupe (Marisa Borini).

Ailleurs encore, on a le Père Bill (un Danny Huston à l'accent italien parfait), un ancien héroïnomane italo-américain devenu prêtre et en proie à un dangereux tourbillon d'émotions quand sa sœur (Greta Scacchi) arrive d’Amérique avec les centres de leur mère défunte, réouvrant de vieilles plaies. Il y a aussi Caterina (Alba Rohrwacher), qui lutte contre sa dépendance à l’alcool pour avoir de nouveau la garde de son jeune fils, confié à son ex (Riccardo Scamarcio), qui l'aime encore. Quand le thermomètre atteint les 50°, et l’air devient tellement épais qu'on pourrait le couper au couteau (la photographie, aux tons très chauds, est savamment dirigée par Vladan Radovic), les personnages de ce film choral convulsé vont frôler la folie.

Te l’avevo detto, très bien écrit par la réalisatrice avec Chiara Barzini, déjà sa complice sur Magari, et Ilaria Bernardini, est une comédie grinçante où l'humour, dispensé par petites touches, et intelligent et nous offre des moments vraiment amusants, surtout quand sont réunies à l'écran Valeria Bruni Tedeschi et Valeria Golino, très amies dans la vie, ici féroces rivales. Golino en particulier semble s’être beaucoup amusée à revêtir les habits de l'ex-diva du porno, une espèce de petite fée ringarde aux lèvres refaites qui offre un sourire à tous ceux qui la croisent et se rappellent ses exploits. Le duo Danny Houston-Greta Scacchi mérite aussi une mention, pour l'authenticité avec laquelle ils rendent les nuances d’un rapport frère-sœur compliqué, et la possibilité de trouver une voie nouvelle.

Te l’avevo detto a été produit par The Apartment Pictures avec Rai Cinema, Tenderstories et Small Forward. Les ventes internationales du film ont été confiées à The Match Factory.

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy