email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

NAMUR 2023

Critique : Soudain seuls

par 

- Thomas Bidegain revient avec son deuxième long métrage en tant que cinéaste, drame du remariage contrarié par les éléments porté avec souffle par Mélanie Thierry et Gilles Lellouche

Critique : Soudain seuls
Gilles Lellouche et Mélanie Thierry dans Soudain seuls

Après avoir impressionné avec son premier long métrage comme réalisateur, Les Cowboys [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
, Thomas Bidegain dévoilait cette semaine en avant-première au Festival International du Film Francophone de Namur (NIFF) son nouveau film, Soudain seuls [+lire aussi :
interview : Thomas Bidegain
fiche film
]
, librement adapté du roman éponyme d’Isabelle Autissier.

Ben et Laura s’offrent un voyage de la dernière chance : dernière chance de voir le monde avant sa fin, dernière chance aussi de sauver leur couple, ce que l’on découvrira bien assez vite. Ce voyage à deux en voilier aux confins du monde les pousse malgré eux dans leurs retranchements, jusqu’à l’accident. Poussés par la curiosité à débarquer sur une ile déserte, ils sont surpris par une tempête et contraints d’y passer la nuit. Au réveil, leur bateau a disparu. Très vite, la question de leur survie se pose. Ils doivent s’organiser, se soutenir et s’entraider. Dans ces conditions extrêmes, alors que le froid polaire s’invite, les tensions grimpent et les sentiments s’exacerbent : colère, peur, découragement viennent troubler la cordiale entente. Ben et Laura vont devoir poser des actes, et répondre à des questions qu’ils n’auraient jamais penser devoir se poser : vaut-il mieux survivre seul·e ou mourir à deux ?

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

En projetant ses personnages dans une arène des plus hostiles, où l’instinct (parfois) prend le dessus sur les sentiments, Soudain seuls met à nu la mécanique du couple. Non pas ce qui constitue ses fondations, puisque le couple pré-existe au récit, mais plutôt ce qui justifie sa survie. Car c’est bien à une double survie que le spectateur est ici suspendu : celle des personnages, très prosaïquement, attaqués de toutes parts ; celle de leur couple, là aussi mis face à ce qui justifie son existence.

Thomas Bidegain dépouille la relation conjugale de ses contingences sociales, pour arriver à l’os, et comprendre ce qui peut faire qu’elle dure au-delà des conflits, des divergences et des déceptions. Les protagonistes vont découvrir ce qui fait l’essence de leur attachement et de leur amour, mais aussi ce qui pourrait le mettre en péril. Dans une inversion des genres bienvenue, l’apparente vulnérabilité de Laura va laisser place à une capacité de résistance et une opiniâtreté folles, incarnée par la puissance de jeu de Mélanie Thierry, tandis que Ben, homme à première vue en charge et rassurant, panique devant la gravité de l’enjeu et perd ses moyens, Gilles Lellouche parvenant à interpréter avec la nuance nécessaire la fragilité de cette posture.

Parallèlement, le cinéaste ose le film d’aventure, mais une aventure âpre, parsemée de dangers larvés, souvent plus insidieux que spectaculaires. Il décale par ailleurs avec finesse le classique film de survie sur île déserte en l’éloignant des tropiques pour plonger ses héros dans un froid polaire, et transforme la comédie de remariage en drame, dévoyant en passant la figure de la scène de ménage bourgeoise en la faisant résonner dans un désert arctique où la dispute est littéralement objet de vie ou de mort.

Soudains seuls est produit par Trésor Films (France) et coproduit par StudioCanal (France), France 2 Cinéma (France), Artémis Productions (Belgique) et Truenorth (Islande). Les ventes internationales sont assurées par StudioCanal, ainsi que la distribution France, datée au 6 décembre.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy