25/10/2023 - Le film de Benoît Chieux doit beaucoup au cinéma de Hayao Miyazaki, mais il n'en raconte pas moins une captivante histoire de sororité

Le film d’animation Sirocco et le royaume des courants d'airs [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film] de Benoît Chieux, projeté à Alice nella Città, la section indépendante de la Fête du cinéma de Rome, après une première mondiale à Annecy en juin, exploite des figures classiques bien rodées et rend hommage au style unique et visionnaire du maître japonais Hayao Miyazaki (en particulier celui du Voyage de Chihiro).

Ces ingrédients familiers ont permis à Chieux et son coscénariste Alain Gagnol de composer un récit très engageant et attendrissant. L'histoire s'articule autour de deux sœurs, Carmen, une petite fille capricieuse de huit ans (à laquelle Maryne Bertieaux prête sa voix), et sa grande sœur Juliette (Loïse Charpentier), plus raisonnable. La mère de Juliette et Carmen les confie à une de ses plus proches amies, l'auteure de récits fantastiques Agnès (Géraldine Asselin), pour qu'elle les garde le temps d'un week-end. Chez elle, les deux sœurs découvrent par hasard un passage entre leur monde et celui du personnage du titre, qui est le héros d’une saga littéraire écrite par Agnès au fil des ans. Sirocco est présenté comme un personnage solitaire et terrifiant capable de contrôler le vent et de déclencher des tempêtes. Dès le moment où elles tombent sur cet univers imaginaire créé par Agnès, Carmen et Juliette deviennent deux chatons st s'embarquent dans un voyage périlleux pour rentrer chez elles.

Sur le plan visuel, l’univers du film se caractérise par un cadre onirique composé de formes irrégulières et peu naturelles et de personnages extraordinaires qui mélangent des traits artificiels et animaux de manière très bizarre, à mi-chemin entre l’exotique et l’ordinaire. La palette de couleurs est simple mais agréable à l'oeil. C’est une manière qu’on a déjà vue dans l’œuvre de Miyazaki, mais elle reste fonctionnelle et efficace.

L'ensemble du long-métrage évoque de nombreux autres contes, et pas uniquement ceux qu'on a pu voir au cinéma. Par exemple, la manière dont la vie et la mort sont abordés, la présence de jeunes personnages forcés de se confronter à l’inconnu et à leurs peurs, ainsi que les atmosphères et l’ambiance globalement mélancolique ressemblent un peu à ce qu’on trouve dans le jeu vidéo développé par Daedalic Entertainment Les Chroniques de Sadwick : The Whispered World.

L'aventure relatée est assez linéaire, mais néanmoins pas entièrement prévisible, ce qui la rend captivante pour les grands et plus facile à comprendre pour les enfants. À vrai dire, le film est sans doute plus facile à suivre que Le Voyage de Chihiro, car l’approche narrative est un peu moins "impitoyable" et le sentiment de danger plus sporadique et tempéré, dans une certaine mesure. Ceci étant dit, la quête de Carmen et Juliette (découvrir la véritable nature de Sirocco et de son monde imaginaire) va trouver un dénouement parfait qui fait mouche pour le spectateur et qui a un fort impact émotionnel.

La musique de Pablo Pico est la cerise sur le gâteau. Le piano est doux et souvent accompagné de bruits naturels qui évoquent celui du vent. De plus, la voix céleste de Selma, une chanteuse à l'apparence proche d'un canard qui est célèbre dans l’univers de Sirocco et devient un personnage clef (Aurélie Konaté), est un enchantement.

Sirocco et le royaume des courants d'air a été produit par Sacrebleu Productions (France), Take Five (Belgique) et Ciel de Paris Productions (France). Le film est distribué par la société parisienne Haut et Court.

(Traduit de l'anglais)