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FILMS / CRITIQUES Suède / Danemark

Critique : Together 99

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- La suite donnée par Lukas Moodysson à son film à succès de 2000 propose des retrouvailles nostalgiques, légèrement réactionnaires, avec des personnages dont les spectateurs seraient censés se souvenir

Critique : Together 99

Le film à succès Together de Lukas Moodysson (2000), dont l'action se déroulait dans une commune suédoise de 1975, réunissait une galerie de personnages hauts en couleurs, et le grand plaisir du film était de regarder des personnes totalement naturelles dans leurs attitudes participer à des dynamiques dont eux-mêmes ne se rendaient pas compte, ce qui avait des conséquences bonnes et mauvaises selon les cas. Il ne serait pas très sage d’attendre la même chose de la suite donnée à ce film sensation, Together 99 [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
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, censé se passer 24 ans plus tard, mais on pouvait légitimement s'attendre à plus de cohésion dans ce nouveau regard posé sur un groupe de personnes se comportant comme des gens de leur époque. Dans ce nouveau film, qui a fait sa première mondiale parmi les séances spéciales de Toronto, et qui vient de sortir en Suède, en Finlande et en Norvège (distribué par SF Studios), chaque personnage est une île.

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Le raison en est en grande partie que la commune s’est grosso modo disloquée dans les années qui ont suivi. Sur la demi-douzaine de personnes qui la constituaient initialement, seuls Göran (Gustaf Hammarsten) et Klasse (Shanti Roney) sont restés, qui partagent désormais à deux une grande maison à la campagne. Cela dit, ceci n’explique que partiellement l'incapacité du film à rendre ce sentiment d’être ensemble qu'indique le titre. Dans le film originel, les fortes personnalités réunies se heurtaient constamment et c'est toujours le cas dans Together 99, quand Klasse organise une réunion surprise avec les membres de l'ancienne commune encore en vie, sauf que sans le premier film, le dynamisme de la caméra, les zooms manuels sur les personnages et le montage, rapide, d’une scène de la vie domestique à une autre, faisaient qu'on était toujours conscient de tout le microcosme formé par cette maisonnée. Le style beaucoup plus calme du nouveau film fait sans doute écho aux tempéraments plus déprimés des personnages et au rythme plus lent de leurs vies, mais il gâche l'impression que les gens de cette maisonnée forment un groupe.

Quelque chose d’autre contribuait à communiquer cela dans le premier film : le fil rouge que constituait l’intrigue autour d’Elisabeth (Lisa Lindgren), la sœur de Göran, qui venait vivre dans la commune de son frère avec ses deux enfants, après avoir quitté son mari violent, Rolf (le regretté Michael Nyqvist). Elisabeth et les enfants s'habituaient vite au mode de vie moins contraignant et plus solidaire de la commune, Rolt prenait conscience de la douleur de la solitude et du film finissait par ressortir l'idée que la vie en commune était un modèle bien meilleur que celui de l’unité familiale traditionnelle.

On ne retrouve pas un tel fil rouge dans Together 99, et aucune vraie réflexion n'est formulée sur ce que vivre ensemble signifie réellement. À l'évidence, le titre est ironique, et il est en effet difficile d’imaginer des gens dans leur cinquantaine qui continueraient de vivre de cette manière, mais Moodysson ne semble pas du tout avoir pour intention de vraiment nous montrer pourquoi les personnages ont quitté la commune et pourquoi ils ne pourraient pas y retourner maintenant (ni le rapport entre cela et le contexte de la fin des années 1990), au-delà de l’observation décevante de banalité qui est que tous ont à présent leur propre vie, très conventionnelle. De plus, certains développements concernant certains personnages, encore plus réactionnaires, font l'effet de trahisons de l’esprit radical du film originel : on apprend que la féministe Anna (Jessica Liedberg), dont le bonheur se résumait avant à boire du vin et à explorer sa sexualité dans la commune, écrivait en fait tout du long un livre, de sorte qu'elle est depuis devenue une romancière à succès ; de son côté, l’ancienne petite amie de Göran, Lena (Anja Lundqvist), une fille narcissique qui avait à l'époque été chassée sans cérémonie de la maison (dans une des meilleures scènes du premier film), a développé une maladie mentale suite à cela. Toutes ces décisions renvoient plus à une peur apparente d'offenser et à une vision terriblement cliché de la vie à l’âge moyen qu'elles ne transmettent l’espoir et l’affection qu’on pouvait attendre du réalisateur du film originel, totalement magique.

Together 99 a été produit par Memfis Film & TV (Suède) en coproduction avec Film i Väst, SF Studios Production AB et Zentropa Entertainments (Danemark). Les ventes internationales du film sont gérées par REinvent Studios.

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(Traduit de l'anglais)

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