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BLACK NIGHTS 2023 Critics’ Picks

Critique : Her Body

par 

- Natálie Císařovská explore les croisements entre identité, autonomie et perception de la société à travers le récit du parcours d'Andrea Absolonová, qui a dû se réinventer

Critique : Her Body
Natália Germáni dans Her Body

La documentariste tchèque émergente Natálie Císařovská présente son premier long-métrage de fiction, le drame biographique Her Body [+lire aussi :
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fiche film
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, dans la section Critics’ Picks du Festival Black Nights de Tallinn. Le film propose un examen convaincant et brut de la vie et de la carrière de feu Andrea Absolonová, une championne de plongeon qui est devenue actrice de porno. Au lieu de succomber à la tentation du sensationnalisme, Her Body se livre à une exploration sensible des thèmes des l'identité, de l’autonomie et de la perception du corps féminin dans des industries qui exploitent toutes les deux les performances physiques, quoique le niveau de respect et de révérence qu'on leur accorde soient aux deux opposés du spectre.

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Absolonová est ici incarnée par l’actrice slovaque Natália Germáni. Le film retrace ses premiers succès en plongeon, un parcours sportif vite enrayé par une blessure grave. Le scénario, coécrit par Císařovská et Aneta Honzková, reprend les témoignages de la sœur d’Absolonová, Lucie, jouée par Denisa Barešová, qui vivait avec elle. Le film traite de la relation compliquée des deux soeurs, en faisant un motif qui ancre le reste du récit. La dynamique familiale est encore accentuée par la présence de l’actrice slovaque Zuzana Mauréry et de l’acteur tchèque Martin Finger dans le rôle des parents. Ils apportent des perspectives distinctes sur le passage de leur fille du sport à l’industrie du film pour adulte, reflétant certaines attitudes sociales plus générales par rapport à ce genre de changement de cap.

Après que sa carrière dans l’athlétisme ait brutalement été brisée, Andrea tente de s’adapter à la vie après le sport de haut niveau. Une première expérience dans le monde de l’emploi au sens classique, comme caissière dans une petite épicerie, s'avère bientôt très loin de ce à quoi elle aspire. Consciente que son corps est son grand atout, Andrea s’aventure dans la mannequinat, une décision qui l'amène à rencontrer des individus appartenant à l’industrie du film pour adultes. Elle saisit l’opportunité qui lui est présentée et se lance dans un nouveau parcours professionnel dans ce domaine. Au début de ce chapitre, elle adopte le nom de scène de Lea de Mae, et se fait rapidement connaître dans cette nouvelle vocation.

Císařovská livre bel et bien un biopic (un genre présentement très populaire dans le cinéma tchèque), mais son approche se démarque nettement des récits classiques. Her Body évoque un peu Pleasure [+lire aussi :
critique
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fiche film
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dans le tableau candide qu'il brosse de l’industrie du porno, et dans le fait qu'il soulève les questions de l’autonomie et de la remise en question des stéréotypes. Le film propose une exploration intéressante et du monde du sport, et de celui du porno en relatant le parcours d'une femme cherchant l'épanouissement professionnel, affrontant en chemin des difficultés psychologiques, sociales et physiques. Sa quête aboutit non seulement au statut de star et à un style de vie grand standing, mais également au sentiment d'être arrivée là où elle voulait. Ce qui est fondamental ici, c'est que le film ne diabolise ni ne glorifie aucune des deux industries. Fidèle aux origines de documentariste de la réalisatrice, le film reconstitue de manière authentique l'expérience des acteurs et actrices de porno, qu'on voit aussi dans le film (Alexis Crystal sert de doublure corps à la comédienne principale).

Her Body se départ du reste du travail de Císařovská. Ses biopics précédents étaient pleins de réalisme magique et de poésie ; ici, elle livre un film dramatique au réalisme cru, proche du documentaire. La réalisatrice use de métaphores visuelles pour rendre compte de la résilience et de la détermination de son héroïne. Certaines peuvent hélas sembler superflues, compte tenu du caractère assez explicite du film, qui en laisse peu à l’imagination du public. Malgré cela, le film sort du lot : c'est un premier long-métrage plein de maturité.

Her Body a été produit par Cineart TV Prague en coproduction avec la Télévision tchèque, Silverart SK (Slovaquie) et la chaîne slovaque TV JOJ. Dans ses pays de production, le film sera distribué par Bontonfilm. Il aura deux versions : une pour les + de 18 ans et une pour les + de 15 ans.

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(Traduit de l'anglais)

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