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BLACK NIGHTS 2023 Compétition

Critique : Le Consentement

par 

- Dans son deuxième long-métrage, Vanessa Filho raconte l'histoire affreuse, mais déjà connue et médiatisée, d'une adolescente qui se laisse séduire par un écrivain influent et âgé

Critique : Le Consentement
Kim Higelin (à droite) dans Le Consentement

Selon un cliché bien connu, il est plus facile d’adapter un livre médiocre pour en faire un bon film que d’obtenir le même succès avec un matériel-source exceptionnel. Dans le champ des livres qui ont fait parler d'eux, peu portent cette étiquette aussi fièrement que le roman autobiographique de Vanessa Springora, Le Consentement. Le livre a non seulement déclenché un débat public virulent et la chute d’une personnalité publique sinistre mais influente, il a aussi significativement contribué à ce que la loi française sur l’âge du consentement légal soit modifiée.

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L’adaptation tant attendue du livre, également intitulée Le Consentement et réalisée par Vanessa Filho, qui en a aussi écrit le scénario en collaboration avec l’écrivaine et François Pirot, a joué dans les salles dans son pays, et les droits ont été vendus à beaucoup de territoires en Europe et dans le reste du monde. Sa première internationale a eu lieu en compétition au Festival Black Nights de Tallinn.

Filho ouvre le film sur un texte apparaissant à l’écran qui nous informe que ce qu’on est sur le point de voir est une version des mémoires de Springora qui a été légèrement fictionnalisée à des fins cinématographiques, afin de mieux porter la parole de l’auteure sur le grand écran. On suit ici la relation entre Vanessa (Kim Higelin, dont c'est le premier long-métrage), 14 ans, et l'écrivain de renom Gabriel Matzneff (Jean-Paul Rouve, de La Môme [+lire aussi :
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), qui a trois fois son âge. Matzneff était connu pour ses crimes sexuels à l’encontre de filles et garçons encore adolescents (et plus jeunes), en France comme à l’étranger lors de ses voyages de tourisme sexuel, sur lesquels il a écrit ouvertement dans ses romans, ses mémoires, ses carnets et essais, en particulier dans le livre Les moins de seize ans, paru en 1974. On a chanté ses louanges en dépit de cela, parfois à cause de cela.

Ils se rencontrent à un dîner, alors que Vanessa n'a encore que 13 ans. Elle s'intéresse d'abord à son travail. Dès qu’elle atteint ses 14 ans, Matzneff se met à la séduire en lui envoyant des lettres et en lui faisant des visites surprises à l’école. La mère de Vanessa (Laetitia Casta) a beau l'avertir de la réputation de Matzneff, la jeune fille, amoureuse et incapable de résister aux manoeuvres manipulatrices et prédatrices de l'écrivain "de génie", n'en fait aucun cas. Le vrai problème pour elle commence quand "l'artiste" discute des détails de leur relation dans ses mémoires. Ce n'est très longtemps après que Vanessa désormais adulte (Élodie Bouchez) décide de riposter.

Le film précédent de Vanessa Filho, Gueule d'ange [+lire aussi :
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(2018), a été mal reçu par la presse lors de sa première mondiale à Cannes, mais l’interprétation de sa jeune co-actrice principale a été encensée. L'interprétation est aussi le point fort du Consentement, particulièrement celle de Kim Higelin, joliment complétée par celles de Rouve, qui fait de Matzneff un type rien moins que sympathique, et par le jeu maîtrisé de Casta dans le rôle de la mère. Ajoutés à des décors et des costume convaincants, ces atouts élèvent un peu le film, mais seulement dans une certaine mesure.

En effet, ces mérites à eux seuls ne peuvent masquer le fait que Filho s'engage ici dans une entreprise hardue. Au-delà du fait que l’histoire soit bien connue et que les détails en aient été révélés assez récemment, il semble aussi que la réalisatrice n'a qu’un nombre limité de tours dans son sac pour que le tout fonctionne sur les près de deux heures que dure le film. En terme d’écriture, les répétitions de scènes et conversations similaires sont le plus gros écueil, et la mise en scène de Filho semble rarement assez inspirée pour rompre avec le déroulement prévisible d'un cas typique de détournement de mineure, de manipulation et d’abus émotionnel. Cela dit, au bout du compte, Le Consentement n’est sans doute pas un succès filmique flamboyant qui apporte quoi que ce soit de neuf dans le débat, mais l’importance du sujet à elle seule et son actualité pourraient rédimer le film aux yeux du public.

Le Consentement est une coproduction franco-belge pilotée par Moana Films (France) et Windy Production (France), en coproduction avec Panache Productions (Belgique), La Compagnie Cinématographique (Belgique), France 2 Cinema et Les Films du Monsieur (France). Les ventes internationales du film sont assurées par SND – Groupe M6.

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(Traduit de l'anglais)

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