email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BLACK NIGHTS 2023 Rebels with a Cause

Critique : Five and a Half Love Stories in an Apartment in Vilnius, Lithuania

par 

- Le réalisateur lituanien né aux États-Unis Tomas Vengris dissèque de nombreux micro-drames qui surviennent dans une location Airbnb à Vilnius

Critique : Five and a Half Love Stories in an Apartment in Vilnius, Lithuania

Le deuxième long-métrage de Tomas Vengris (Motherland [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
), Five and a Half Love Stories in an Apartment in Vilnius, Lithuania [+lire aussi :
interview : Tomas Vengris
fiche film
]
, qui vient de faire sa première mondiale dans la section Rebels with a Cause du Festival Black Nights de Tallinn, est une anthologie mélancolique qui connecte et enchevêtre les destins de différentes personnes. Le film, divisé en cinq chapitres dont les titres sont des citations de sonnets de Shakespeare, suit les mésaventures romantiques qui se déploient dans un Airbnb au centre de Venise. Les quatre premiers chapitres sont consacrés à des voyageurs qui y séjournent et le dernier se concentre sur la femme de ménage qui s'occupe du logement, Jolanta (Velta Žygure), qui fait avant cela des apparitions silencieuses dans les interludes. 

Dès le premier plan, on constate que le bâtiment est lentement en train de s’effondrer. Chaque histoire ajoutant une fissure sur les murs violets de l'appartement, ce logement délabré devient le témoin de l’impact cumulatif de l’émotion humaine. Le rythme reflète la continuité et l'élément cyclique des tourmentes qui bousculent des vies apparemment ordinaires.

Tous les chapitres, quoiqu’ils aient des nuances différentes entre eux, traitent de frissons amoureux, du rejet et des regrets. Les deux premiers épisodes abordent l'épuisement grandissant au sein de couples mariés, qui embrase des désirs et flirts qui frôlent l’infidélité. Le film s'ouvre sur une note amusante et ludique : Meghan (Valene Kane), une Irlandaise qui organise une fête d’enterrement de vie de jeune fille pour sa petite sœur, s'entiche du strip-teaser Mykolas (Marijus Mažūnas) après un appel vidéo assez réservé avec son mari, ce qui permet d’entrevoir un soupçon de témérité.

La deuxième partie, où un couple israélien formé par Issa (Yiftach Klein) et Galia (Hadar Ratzon Rotem) a du mal à concevoir un enfant tout en enquêtant sur l’histoire familiale de Galia, liée à l'Holocauste, est complexe et frappante. La dynamique déjà compliquée qui règne dans leur couple est devancée par celle d’un couple passionné qui loge à l’étage au-dessus, dont la propre sous-intrigue s'articule en fait autour d'un problème de violence conjugale. Cet épisode dense, compact et à plusieurs niveaux est celui qui fait le plus l’effet d’un court-métrage qui pourrait valoir indépendamment.

Les thèmes sous-jacents des troisième et quatrième chapitres sont le mimétisme et la quête de validation. Ces épisodes présentent aussi des personnages antipathiques. Le troisième épisode, où un DJ hongrois, Philip (Géza Röhrig), essaie de raviver la flamme avec son ex lituanienne, après quoi on le voit saoul et complètement embrouilé, apporte une charge de machisme toxique à l’écran. Le personnage de Philip, caricatural, fait l'effet d'avoir été insuffisamment développé et laisse le spectateur indifférent, ou au mieux légèrement irrité.

Le quatrième segment, où le strip-teaser Mykolas revient dans l’appartement pour impressionner un garçon, l'arrogant Jonas (Skomantas Duoplys), est doux-amer et ajoute une douce sentimentalité au film. Cependant, l’arrivée du gentil petit couple polonais âgé formé par Pavel (Juliusz Krzysztof Warunek) et Agata (Magdalena Celówna-Janikowska) gâche la supercherie de Mykolas.

Le départ de Pavel et Agata nous amène à la dernière partie, où on en apprend davantage sur Jolanta et son histoire, ce qui offre une conclusion poignante et touchante à cette anthologie.

Certains liens entre les histoires s'établissent naturellement, comme les interludes récurrents où apparaissent Mykolas et Jolanta, mais d'autres font plaqués. Ce qui relie réellement l'ensemble est l'appartement, qui n'est pas qu'un décor clef, mais un personnage à part entière qui sert de véhicule pour toutes ces frustrations accumulées. La caméra du chef opérateur Jurģis Kmins (Songs for a Fox [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Džiugas Grinys
interview : Kristijonas Vildziunas
fiche film
]
, Samuel’s Travels [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
) est très attentive au détail. Les gros plans et les plans de détail montrent des tics faciaux subtils, des accessoires festifs et des effets personnels. Souvent, l'action est filmée d'une autre pièce, ce qui crée un effet de distanciation et de voyeurisme. D’autres angles atypiques (de derrière une chaise, à travers des portes mi-closes, depuis la surface du lit ou du sol, ou encore depuis la fenêtre) accentuent encore davantage l'impression grisante qu'on a d'espionner ces gens.

Five and a Half Love Stories in an Apartment in Vilnius, Lithuania a été coproduit par Studio Uljana Kim (Lituanie), Tiger Darling Production (Irlande) et Locomotive Productions (Lettonie). Les ventes internationales du film sont gérées par Alief.

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy