email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BLACK NIGHTS 2023 Compétition Premiers Films

Critique : Falling Into Place

par 

- L'actrice allemande Aylin Tezel propose son premier long-métrage comme scénariste et réalisatrice : un récit assez cliché sur les amours de jeunesse et les connections transitoires

Critique : Falling Into Place
Chris Fulton et Aylin Tezel dans Falling Into Place

Une réplique inspirée d'un classique hollywoodien aurait pu être insérée dans Falling Into Place [+lire aussi :
interview : Aylin Tezel et Yvonne Wellie
fiche film
]
, mais ne l'a pas été : "Nous aurons toujours l'île de Skye". Kira (la réalisatrice du film, Aylin Tezel) et Ian (Chris Fulton) sont deux héros tellement photogéniques que c'en est obscène. Ils vont passer une nuit ensemble, à se découvrir des affinités et jouir de l’alchimie entre eux, mais sans la consommer, un peu comme cet autre film référence en matière de cinéma romantique, Before Sunrise. Sauf que l'oeuvre de Linklater se délectait des mots et des conversations poussées comme nourriture de l’amour, alors que Tezel préfère s'appuyer sur le montage alterné pour suivre son couple en train de nouer des liens et de s'étreindre dans des rues désertes sous la lumière des réverbères, ce qui est un signe de la connexion amoureuse spontanée, mais il n'y a hélas ici rien de plus derrière.

Tezel ayant déjà à son actif une belle carrière dans l’interprétation, principalement en Allemagne (et elle vient de faire ses premiers pas au Royaume-Uni, dans le film primé à Sundance Scrapper [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
), Falling Into Place fait l'effet d’un véhicule avant tout conçu pour mettre en valeur ses talents de réalisatrice et narratrice, tout en lui permettant de faire une prestation également dynamique devant la caméra. Si ce film vient indéniablement du coeur, surtout quand les côtés plus sombres et destructeurs des personnages principaux se mettent à apparaître, plus tard dans le film, il peine à convaincre en tant qu'histoire d'amour habilement scénarisée proposant des observations intéressantes sur les petites manies humaines, et ne fait ni original, ni frais – surtout comparé à d'autres titres destinés à la projection en salle, par opposition aux fictions sur les relations humaines qu'on peut voir à la télévision ou en streaming.

Kira et Ian ont tous les deux décampé de Londres pour rallier l’extrême nord-ouest de l’Écosse pour des raisons qui coïncident : ils fuient tous les deux une relation agonisante ou terminée (même si Ian est aussi là pour s’occuper d'affaires familiales délicates, entre un père souffrant et une sœur psychologiquement vulnérable). Leurs regards se croisent dans un pub, et c'est l’étincelle, jusqu'à ce que Kira ne se mette à freiner les choses, s'étant rendu compte des ressemblances entre Ian et son ex, Aidan (Rory Fleck-Byrne), en termes de tempérament, mais aussi dans leur allure (et en effet, la similarité de leurs traits et de leur manière de s’habiller sont troublantes !), mais on sent que le scénario de Tezel est prisonnier de sentiers trop souvent battus quand Kira déploie, dans un langage étonnamment candide qui conviendrait mieux à quelqu’un de bien moins sophistiqué qu'elle ne l'est, des réflexions banales sur le fait qu'on répète toujours nos pires élans, dans la vie et en amour, en dépit du fait qu'on sait pertinemment combien cela nous fait mal.

Le reste, qui se passe à Londres – et où on observe dans quel piteux état sont leurs vies, celle de scénographe de théâtre dans le cas de Kira et celle, encore moins réussie, de Ian comme auteur-compositeur –, se termine par des retrouvailles, comme le public peut rapidement le soupçonner. Comme on l'a dit, Tezel impressionne par la manière dont elle arrive à transmettre dans son interprétation quelque chose de très sensible, pour mettre en avant la profondeur des tourments émotionnels de son personnage, et la manière dont elle renvoie ses insécurités en direction d'Aidan puis vers une variété de nouveaux partenaires possibles (cet élément de sa sexualité étant dépeint de manière assez émancipateur et positif). Sa direction d'acteurs maintient parfois le ton adéquat, et nous tient bien dans l’embarras et l’ardeur de certains échanges chargés entre les personnages, nous mais au bout du compte, ces démonstrations de bonne maîtrise restent trop sporadiques sur la durée trop longue du film.

Falling Into Place est une production allemande qui a réuni les sociétés Weydemann Bros et Compact Pictures. Les ventes internationales du film sont gérées par Global Screen GmbH.

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy