email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BLACK NIGHTS 2023 Critics’ Picks

Critique : The Milky Way

par 

- Maya Kenig se penche sur la maternité, le capitalisme et les différences sociales en prenant comme point de départ une vision dystopique d'une banque de lait humain

Critique : The Milky Way
Hila Ruach dans The Milky Way

Monétiser quelque chose qui est lié au corps est un tabou et l'a toujours été. Le différents "produits"  du corps vendus ne sont pas tous jugés pareil : couper ses cheveux et les vendre n’est pas si terrible, mais vendre des organes si. Cependant, le lait maternel a toujours été exempt de ce genre de règles pour des raisons pratiques : les nounous ont sauvé des millions, voire des milliards de vies tout au long de l’histoire de l'humanité. Le concept a même été promu à un statut officiel à travers la création de banques de lait maternel dans la première moitié du XXe siècle. Cependant, avec l’arrivée des formules de lait en poudre dans la deuxième moitié du même siècle, elles sont devenues un peu obsolètes et leur popularité a décliné.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Dans son deuxième long-métrage, The Milky Way, qui vient de faire sa première au Festival Black Nights de Tallinn dans la section Critics’ Picks, la réalisatrice israélienne Maya Kenig donne au concept un tour un peu hipster et légèrement dystopique.

Tala (Hila Ruach) est une mère célibataire et une musicienne qui n’a jamais franchement eu de succès. Incapable de gagner sa vie autrement, elle postule pour un travail comme donneuse de lait maternel auprès de la société du titre. Pendant qu’elle travaille à pomper son lait pour de riches clients, elle compte sur la garderie de sa société, dirigée par une puéricultrice réprobatrice, ainsi que sur l'aide de sa mère (Orli Roth Feldheim), au prix de devoir encaisser sa réprobation à elle aussi. Un jour, elle enfreint les règles très strictes de la société, se fait prendre et suspendre, et demande à un conducteur de camion de livraison de lait (Evgeny Moliboga) de l'aider à satisfaire sa curiosité quand à la destination finale du précieux liquide.

Quand elle se rend compte que son propre lait n'est vendu qu'à un seul acheteur très singulier, elle décide d’aller visiter un peu la maison de cette personne. Après une série de mésaventures et de tentatives de se sortir du pétrin (ce qui l'enfonce à chaque encore davantage dans les problèmes), elle rencontre Nili (Hadas Yaron), qui lui fait une proposition indécente. Cette offre pourrait permettre à Tala d'éponger ses dettes et même d'essayer de poursuivre sa carrière de chanteuse, mais ce pacte suppose qu'elle accepte de se soumettre aux règles floues et changeantes imposées par Nili, qui s'avère autoritaire et lunatique…

Bien que Kenig parte ici d'une idée familière et lui donne un tour froid, absurde et dystopique (qui semble tout droit sorti d'un film de Yorgos Lanthimos), elle sait jouer avec cette matière de manière à obtenir ce qu'elle recherche. En l'espèce, elle creuse les sujets de la maternité, du capitalisme et des différences sociales de plus en plus grandes entre les "nantis" et les "pauvres", en mettant toujours notre héroïne du côté des perdants. Le danger qu'il y a à amener cette prémisse sur le terrain de la "porno-misère" est esquivé par le choix de la réalisatrice de traiter de ce sujet sérieux de manière légère. Pour ce faire, elle s’appuie sur son actrice principale, Hila Ruach, dont l'interprétation énergique et l'alchimie instantanée avec le reste de la troupe s'avèrent essentielles pour installer et maintenir le ton voulu.

L’esthétique et les choix techniques de l'auteure sont tout aussi parfaitement adaptés, et il faut souligner qu'en plus d'avoir écrit et réalisé le film, Kenig en a également assuré le montage. Elle opte pour une esthétique légère et indé et pour un rythme vivant, et la musique au synthétiseur de Tom Armony, Assa Raviv et de l'actrice principale elle-même manipule et masse gentiment l'humeur du spectateur. The Milky Way fait mouche en proposant une excellente combinaison sujet sérieux/approche douce, chose de plus en plus rare dans les festivals de cinéma aujourd’hui.

The Milky Way est une coproduction entre Israël et la France qui a réuni les efforts de Green Productions et de la société Les Films du Poisson. Les ventes internationales du film sont gérées par The Party Film Sales.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy