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FILMS / CRITIQUES Suède / Danemark

Critique : Stockholm Bloodbath

par 

- Mikael Håfström fait une incursion grandiose dans la spectaculaire animosité dano-suédoise d'il y a 500 ans, à grand renfort de seaux de sang et d'un cabotinage des plus succulents

Critique : Stockholm Bloodbath
Ulrich Thomsen, Mikkel Boe Følsgaard, Jakob Oftebro et Claes Bang dans Stockholm Bloodbath

Petit rappel historique : au début du XVIe siècle, le roi Christian II de Danemark et Norvège a décidé d’ajouter la Suède à son "union", ce qui a donné lieu à des batailles sanguinaires contre les Suédois, qui ne l’entendaient pas ainsi. En 1520, en grande partie grâce à une armée de mercenaires allemands et écossais, Christian a été couronné roi de Suède par l’archevêque suédois pro-danois Gustav Trolle, dans la cathédrale de Stockholm. Les vaincus suédois hauts placés se sont vu accorder une amnistie et un banquet de trois jours a commencé. Après les festivités, cependant, Trollle, qui avait été emprisonné pendant la guerre, a demandé une compensation à ses opposants d'alors. Compte-tenu de la position de Trolle au sein du clergé, le chef d'accusation officiel était l'hérésie. Le roi, affublé à partir de là du surnom de "Tyran" en Suède, l'a obligé de bon cœur en faisant procéder à une exécution de masse : environ 80 citoyens éminents, laïcs et religieux, ont été décapités en place publique, un événement connu comme le Bain de sang de Stockholm. Les pavés sont devenus très rouges ce jour-là.

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Cinq cents ans plus tard, maintenant que les anciens ennemis jurés se voient comme des frères, Viaplay Suède et Nordisk Danemark ont décidé de s'allier pour produire un film intitulé Stockholm Bloodbath. Le film arrive sur les écrans en Suède, en Finlande, en Norvège et au Danemark, distribué par Scanbox.

Les scénaristes norvégiens Erlend Loe et Nora Landsrød ont écrit le film en anglais, probablement en visant le marché international. La troupe comprend une galerie de stars scandinaves de premier plan, ainsi que d’excellents comédiens britanniques. Le Suédois Mikael Håfström, nominé aux Oscars pour Evil, en plus de pouvoir se vanter d'avoir les noms de Stephen King, Arnold Schwarzenegger et Sylvester Stallone sur son CV, s'est vu confier la mise en scène. Il fait ouvertement quelques clins d’œil à Guy Ritchie, Game of Thrones, Robin des bois, prince des voleurs et Tarantino, et on détecte aussi légèrement l'influence de L'Hôpital et ses fantômes de titre de Lars von Trier, qui est un classique en matière d'étude de l’animosité dano-suédoise.

Le docteur furieux de Von Trier trouve d'ailleurs ici un rival digne de ce nom dans le roi Christian magnifiquement interprété par Claes Bang ("Putain de... Suédois... quels BOUSEUX !"), dont le cabotinage est succulent. Des sentiments tout aussi grandiloquents sont exprimés par Jakob Oftebro dans le rôle de Trolle, Mikkel Boe Følsgaard dans celui du commandant danois Didrik Slagheck (“Good morning... STOCKHOLM!", rugit-il avant une nouvelle série de décapitations) et Ulrich Thomsen dans celui d'un autre homme d’église doublé d'un traître, Hemming Gadh. Les acteurs comme les personnages semblent tous s'éclater à déballer des dialogues anachroniques insensés. Shakespeare a peut-être aussi été une source d'inspiration, mais pas au niveau du registre de langue.

Il y a aussi des femmes dans tout ça, comme Kristina Gyllenstierna, qui va bientôt devenir la veuve du régent suédois, très digne dans l'interprétation qu'en fait Emily Beecham. Ses deux sœurs, Anna et Freja Eriksson, sont en revanche complètement fictives. Après un massacre familial, ces deux femmes résolues à se venger vont employer des tactiques badass façon Kill Bill que rendent bien Sophie Cookson et surtout Alba August, qui se tapit comme un tigre, se dissimile comme un dragon et sait super bien tirer à l’arbalète. Une chorégraphie frénétique intervient lors du bal organisé après le couronnement ("C'est la teeeeuf !", beugle le roi), ainsi qu'une blague sur le syndrome de Stockholm. Quant aux scènes d'exécution, le titre d'un sketch des Monty Python vient à l’esprit : "Des seaux de sang giclant de la tête des gens". Dans toute cette folie, la précision historique est par moments étonnamment intacte et l'énorme budget du film a été bien employé, jusqu’à la dernière couronne.

Stockholm Bloodbath a été produit par Viaplay Studios et Nordisk Film. Les ventes du film sont gérées par TrustNordisk.

(Traduit de l'anglais)

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