email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2024 Panorama

Critique : The Outrun

par 

- BERLINALE 2024 : Dans cette adaptation de l'autobiographie d'Amy Liptrot, Nora Fingscheidt lance Saoirse Ronan dans un parcours d'abstinence dénué non seulement d'alcool, mais aussi de direction

Critique : The Outrun
Saoirse Ronan dans The Outrun

La bourrasque fait trembler la maison. La verdure couvrant les paysages rocailleux est trempé par la bruine. Les vagues heurtant les falaises éclatent en fines gouttelettes, offrant un magnifique spectacle océanique. Les îles de l'archipel des Orcades, en Écosse, sont splendides, et  ici, le spectateur va avoir largement l'occasion de les regarder. C'est qu'elles sont, après tout, le refuge de Rona (Saoirse Ronan), qui vient de rentrer chez elle après dix années chargées de drogues et d’alcool à Londres. Son objectif est de vaincre ses addictions.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Après avoir fait sa première à Sundance plus tôt cette année, The Outrun [+lire aussi :
bande-annonce
interview : Nora Fingscheidt
fiche film
]
, adaptation par Nora Fingscheidt des mémoires best-seller d’Amy Liptrot, vient de faire sa première européenne dans la section Panorama du 74e Festival de Berlin. Liptrot, sobre depuis 2011, a chroniqué ses années à Londres à mener une vie sans limites, mais avec une foule de substances entraînant dépendance. Après avoir suivi un programme de désintoxication de 90 jours (une tentative de viol après une nuit d’excès a fini par lui ouvrir les yeux), elle (ou du moins Rona, son alter ego dans le film) rentre chez elle dans les Orcades pour échapper à tout cela : à la tentation, à la dépression que cause la ville. Elle ne peut être heureuse sans boire, dit Rona à un moment. Sa mission est donc de trouver un objectif, un projet d’existence qui va lui apporter la sérénité.

Dans les Orcades, le spectateur a un premier aperçu de ce qui a pu amener Rona à dépasser les bornes de manière aussi drastique. Si Fingscheidt s'abstient de dépeindre un des lieux les plus reculés des îles britanniques comme solitaire et ennuyeux, on y rencontre le père de notre héroïne (Stephen Dillane), schizophrène et bipolaire, qui passe constamment, sans crier gare, de la gentillesse aux insultes, et inversement. Et puis il y a la mère chrétienne évangélique (Saskia Reeves), qui reste passive face aux attaques agressives de sa fille et n’a pas vraiment d’autre recours que Jésus pour aider sa fille.

Fingscheidt, qui a co-écrit le scénario du film avec Liptrot elle-même, évite ici de proposer un récit strictement linéaire. L’histoire de Rona est racontée à travers un assemblage d'idées, de souvenirs et d'événements clefs, ce qui permet au spectateur de déduire lui-même certaines révélations plus tard, c'est-à-dire qu'il remet constamment en question l’image qu’il a de ce lieu et de cette poignée de personnages.

Ceci étant dit, la manière dont l’intrigue fait des bonds dans le temps, couplée à l’intensité du moment, peut parfois submerger le spectateur et le faire décrocher. Et si Ronan prouve ici de nouveau qu’elle est bel et bien une des meilleures actrices de sa génération, le film offre trop peu. On en apprend beaucoup sur le passé de Rona, mais il y a on a très peu de moyens de savoir ce qui se passe dans sa tête. Le choix de Fingscheidt de recourir à une caméra extrêmement dynamique, qui imite la vision brouillée et défaillante d’une personne sous l'emprise de substances, épuise plus qu'il ne permet d'accéder à ce que vit son héroïne.

Parler d'abus de drogue et d’alcool est un sujet toujours pertinent, et peu d'anciens consommateurs ont la chance d'arriver à vivre enfin une vie saine et sobre comme celle d'Amy Liptrot, mais dans l’ensemble, le film n'a pas grand chose à offrir de plus qu'une attitude de supporter ("elle y est arrivée !") noyée dans un récit inégal. Fingscheidt a bâti sa carrière sur des portraits de personnages féminins prisonniers de circonstances mentales et sociétales difficiles, mais si Benni [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Nora Fingscheidt
fiche film
]
, le film qui l'a révélée, avait un fil directeur net, The Outrun fait plus l'effet d'un amas d’idées censées fonctionner toutes seules. C’est un message qui aurait mérité d'être affiné.

The Outrun a été produit par les sociétés britanniques Brock Media, Arcade Pictures et MBK Productions avec l’allemande Weydemann Bros. Les ventes internationales du film sont assurées par Protagonist Pictures.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Privacy Policy