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BERLINALE 2024 Compétition

Critique : Shambhala

par 

- BERLINALE 2024 : Min Bahadur Bham délivre un film d’une grande pureté romantique et mystique, dans le sillage d’une femme bravant l’adversité au cœur de l’Himalaya

Critique : Shambhala
Thinley Lhamo dans Shambhala

"Fais un peu de magie." Montagnes immenses, cascade, chevauchée, loups, gravure sur pierre, épreuve rituelle de tir à l’arc et une femme en robe blanche au bord d’un lac. C’est tout un programme et un voyage subjuguant qu’annoncent les dessins illustrant le générique d’ouverture de Shambhala [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, le remarquable second long métrage de Min Bahadur Bham (découvert à la Semaine de la Critique vénitienne en 2015 avec Kalo Pothi, un village au Népal [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
), présenté en compétition à la 74e Berlinale.

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Directement inspiré (ce qui n’est jamais précisé dans le film) d’un célèbre mythe hindo-bouddhiste sur un royaume idéal atteignable seulement par certains et qui a suscité de multiples relectures (dont entre autres celles de Helena Blavatsky dans La Doctrine secrète et de Thomas Pynchon dans Contre-jour), Shambhala se révèle une œuvre captivante et profonde, à la fois une plongée dans une existence villageoise frugale très ritualisée, un grand voyage dans une nature désertique et spectaculaire, et une expérience spirituelle en action, le tout sur la ligne claire de l’amour, de la quête du bonheur et des avanies auxquelles l’être humain peut se trouver banalement confronté et qu’il doit surmonter pour se libérer et renaître.

"Finalement, cette maison est vivante." Les trois frères Tashi (Tenzin Dalha), le moine Karma (Sonam Topden) et le très jeune Dawa (Karma Wangyal Gurung) se réjouissent de leur mariage (la polyandrie est une tradition locale, mais en réalité seul le premier nommé consomme l’union) avec la douce Pema (Thinley Lhamo), venue d’un autre village. Très vite, Karma retourne au monastère auprès de son maître Rimpoche (Loten Namling) et Tashi (qui vit le parfait amour avec Pema) part pour quelque mois dans la caravane de yacks envoyée faire du troc à Lhassa. Restée seule, un peu mélancolique, avec le turbulent Dawa, Pema tombe enceinte un peu plus tard, soupçonnée par le village d’avoir fricoté avec l’instituteur Ram Sir (Karma Shakya). La  rumeur atteint Tashi sur la route du retour et il disparaît ("il a honte d’affronter les regards") près de la passe de Nangpa La. Pema décide alors de partir à sa recherche et se lance sur son cheval Namkha dans un voyage très difficile, parcourant les vallées rocailleuses jusqu’aux cimes enneigées, accompagné par Karma, enjoint de veiller sur elle et son enfant par Rimpoche. Une véritable épopée s’ensuit où sentiments et mésaventures ne manqueront pas…

Splendide portait de femme déterminée à assumer ses responsabilités, Shambhala est une œuvre d’une grande délicatesse, très suggestive sous ses saisissants atours culturels "exotiques" (moulins à prière, flutes, chants, rêves symboliques et prémonitoires, cérémonie rituelle de la mort, épreuve de la vérité au tir à l’arc, guitare saranghi, paysages stupéfiants de beauté, nuits à la belle étoile, etc.). Poétique et physique, lumineux et cryptique, romantique et subtilement initiatique, le film se déploie dans une parfaite harmonie (avec quelques petits arrangements scénaristiques qui ne gâtent aucunement le plaisir du spectateur), un équilibre entre le fond ("une naissance est toujours un miracle en soi") et la forme (une réincarnation népalaise dans la lignée de David Lean) qui permet à Min Bahadur Bham de graver son nom dans la pierre des cinéastes accomplis.

Produit par les Népalais de Shooney Films avec CDP (France), Ape&Bjørn (Norvège), Aaru Production (Hong Kong), ZK Films (Turquie), Yi Tiao Long Hu Bao (Taiwan) et Bangdel & Shakya Production (États-Unis), Shambhala est vendu à l’international par Best Friend Forever.

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Galerie de photo 23/02/2024 : Berlinale 2024 - Shambhala

12 photos disponibles ici. Faire glisser vers la gauche ou la droite pour toutes les voir.

Min Bahadur Bham, Thinley Lhamo, Sonam Topden, Tsering Lhamo Gurung, Aziz Zhambakiyev, Tenzin Dalha
© 2024 Dario Caruso for Cineuropa - dario-caruso.fr, @studio.photo.dar, Dario Caruso

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