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BERLINALE 2024 Encounters

Critique : Sleep With Your Eyes Open

par 

- BERLINALE 2024 : Ce film de Nele Wohlatz aligne bien ses thèmes et sa forme narrative pour livrer une exploration sinueuse du langage et de l'héritage au sein de la diaspora chinoise au Brésil

Critique : Sleep With Your Eyes Open
Liao Kai Ro dans Sleep With Your Eyes Open

Où commence la mondialisation, et où finit la modernité ? Les communautés diasporiques, étirées sur une fine ligne entre ces mots-clefs de notre siècle, entrent et sortent comme en flottant du temps d'attention minuscule que les médias sont capables de leur accorder, bâtissant une fondation sur laquelle les sociétés d’aujourd’hui continuent d’être construites. Dans le cadre de cet élan, au coeur de cet élan, se trouve Sleep With Your Eyes Open [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, le nouveau bébé transnational de l'Allemande Nele Wohlatz, qui a vécu et travaillé à Buenos Aires pendant 12 ans.

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Sleep With Your Eyes Open, écrit par Wohlatz et Pío Longo, a fait sa première mondiale dans la section Encounters de la 74e Berlinale. Le film est l'illustration par excellence de la vocation de fond qu'indique le titre de cette section ("rencontres", ndlt.), où des moments éphémères vont et viennent entre des gens entrent et sortent de la vie les uns des autres. Wohlatz a déjà démontré la précision de son art dans The Future Perfect (2016), qui parcourait Buenos Aires à travers les yeux d’une adolescente chinoise récemment arrivée qui apprend l’espagnol et qui a décroché le Prix du meilleur premier long-métrage à Locarno.

Son nouveau film fonctionne comme une exploration pensive de la fonction, toujours en évolution, du langage et de l’héritage culturel dans la vie moderne, avec ici le Brésil comme exemple pour l'étude. Avec ses dialogues en mandarin, en portugais, en espagnol, en anglais et en allemand, ce long-métrage se déploie comme une sorte de merveille transnationale qui fait des méandres au sein d'un groupe de personnages avec des parcours de vie interconnectés.

Kai (Liao Kai Ro), taïwanaise, arrive seule dans la ville de bord de mer brésilienne de Recife après s'être fait plaquer par son partenaire hispanophone. Là, elle rencontre un vendeur de rue, Fu Ang (Wang Shin-Hong), qui disparaît ensuite. En cherchant Fu Ang, Kai rencontre un groupe de travailleurs immigrés chinois, et trouve des cartes postales écrites par Xiao Xin (Chen Xiao Xin), une femme chinoise qui a été envoyée vivre au Brésil avec sa tante. Les histoires de Kai et Xiao Xin se mettent à présenter des similarités, elles deviennent rattachées par des liens atypiques. Avec une conscience transnationale de plus en plus présente, film présente aussi le travailleur de langue mandarine Leo, joué par l’acteur argentin Nahuel Pérez Biscayart, surtout connu pour sa filmographie en France.

Le design sonore de Mercedes Tannin et Duu-Chih Tu combiné à la photographie de Roman Kasseroller rend bien la spatialité de Recife, où des groupes d'instruments à cuivre jouent chaleureusement à tous les coins de rue et où les couleurs vives de la ville ressortent magnifiquement. Ce récit de 97 minutes, pour être sinueux, ne devient jamais sans but. Cependant, il refuse de s’arrêter sur un seul héros – ce qui, tout en correspondant bien à la forme du film, peut parfois décourager le spectateur désireux d'explorer plus en profondeur les vies fascinantes des personnages.

Wohlatz navigue sans effort entre différentes communautés avec des histoires partagées mais des présents disparates, ce qui apparaît nettement au générique en voyant les coproducteurs du film. Des vies prises dans des systèmes d’échanges infinis sont saisies à travers des objets et le monde matériel autour d'eux, un monde où les cartes postales de Recife sont fabriquées en Chine. "Croyez-vous que vous comprenez vraiment les gens que vous traduisez ?", ose demander Kai à un traducteur allemand-espagnol au début du film. La réponse n’est pas faite pour être trouvée, c'est la question qui mérite simplement d'être creusée.

Sleep With Your Eyes Open a réuni les efforts de Cinemascópio (Brésil), Yi Tiao Long Hu Bao (Taïwan), Ruda Cine (Argentine) et Blinker Filmproduktion (Allemagne). Les ventes internationales du film sont assurées par l'agence chinoise Rediance.

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(Traduit de l'anglais)

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