email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

BERLINALE 2024 Forum

Critique : Henry Fonda for President

par 

- BERLINALE 2024 : Avec l'oeil et les vastes connaissances d'un vrai cinéphile, et le doigt sur le pouls de la société américaine, Alexander Horwath compose un fascinant hommage à son idole

Critique : Henry Fonda for President

Au moment où le jeune cinéphile Alexander Horwath découvrait sa passion pour Henry Fonda, une salle parisienne servant, par procuration, de lieu à sa rencontre avec l'acteur – il n'y eut jamais de vraie rencontre : un an plus tard, Fonda donnait sa dernière grosse interview, pour périr l'année suivante, en 1982, d'une maladie cardiaque. Fonda est peut-être disparu depuis longtemps mais son héritage, et la fascination d'Horwath pour son parcours, n'ont jamais décru.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Son film-essai Henry Fonda for President [+lire aussi :
interview : Alexander Horwath
fiche film
]
, qui fait passer Horwath du statut de journaliste et curateur à celui de réalisateur en activité, a fait sa première mondiale au 74e Festival de Berlin, dans la section Forum. Le film enquête sur l'homme, le mythe, son impact sur l'histoire du cinéma et les parallèles qui peuvent être tracés avec les mythes américains, tout aussi nébuleux. Oui, Fonda est mort depuis déjà plus de 40 ans, et Horwath ne suggère pas un seul instant que le spectateur d'aujourd'hui devrait considérer cette star d'antan comme encore pertinente aujourd'hui, mais en se plongeant dans la biographie de Fonda, les personnages qu'il a incarnés et les bouleversements qu'a connus la société américaine pendant sa vie, il crée un style fascinant où se détachent des idées politiques récurrentes et les tendances de la contre culture ainsi que de la pop culture.

Fonda contenait tout cela en lui : le mythe des pères pèlerins, le migrant suivant la piste de l'Oregon, le antihéros désenchanté, le criminel coriace. Horwath assemble habilement de courts extraits de films, des photos et des interviews et analyse Fonda cachant ses yeux de ses mains (un homme n'était alors pas autorisé à montrer ses larmes), Fonda et ses jambes (qu'il appuyait souvent sur une chaise, une barrière ou le mure)... C'était un homme remarquable par l'élément physique de sa présence, ce qui se retrouve dans tous ses travaux. Le réalisateur nous parle aussi de la famille Fonda elle-même, des immigrés hollandais venus en Amérique au XVIIe siècle dont une petite ville de l'état de New York porte encore le nom, et dont les descendants sont devenus l'illustration même de l'Américain du Midwest.

Horwath ne se contente pas d'assembler des matériels d'archives – quoiqu'il soit bien là : à New York, dans le Nebraska, à New Salem, à Tombstone, dans les vastes entrailles de l'Amérique. Il suit les pas de Fonda, non sans faire quelques détours (pour parler de Robert de Niro et sa crête iroquoise, du type qui a harcelé Jodie Foster, ou encore de Ronald Reagan, un acteur de second plan, mais qui allait dominer la décennie politiquement). Ses vues conservatrices voire chauvines sur la supériorité américaine ont façonné une ère que Fonda n'a pas eu le temps de connaître – mais encore une fois, s'il est mort et enterré, ses personnages et sa sensibilité continuent de vivre

En tant que figure extérieure au "rêve américain", à l'illusion de la "ville scintillante perchée sur une colline" qu'invoquait Reagan en parlant de son pays, Horwath se trouve dans une position qui lui garantit d'être dans la meilleure des compagnies. Son héros, Fonda, est peut-être l'Américain type, mais les rôles qu'il a joués coïncidaient avec une image généralement réservée aux gens de l'extérieur. Les cinéastes, qu'il s'agisse de Fred Zinnemann ou Alfred Hitchcock, venaient tous de l'étranger, et c'est à travers ce prisme qu'ils envisageaient le "rêve américain".

Fonda était peut-être un démocrate et un grand supporter de Franklin D. Roosevelt et John F. Kennedy, mais le film n'hésite pas à aborder ses rapports compliqués avec ses enfants, Jane et Peter, qui représentent l'Amérique plus critique, plus proactive, qui s'est lancée dans une guerre idéologique pour la défense des classes défavorisées et des droits civiques. Ce qu'il reste de Fonda, c'est son oeuvre. Sa biographie fascinante, qui l'a mené de plongeur dans un restaurant au rang de millionnaire, est l'illustration même du mythe du rêve américain. Il n'est certes pas devenu président, mais il continue de dominer une partie de l'histoire du cinéma.

Henry Fonda for President a été produit par Mischief Films (Autriche) et Medea Film Factory (Allemagne).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'anglais)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy