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BERLINALE 2024 Generation

Critique : Renard et Lapine sauvent la forêt

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- BERLINALE 2024 : Les personnages animés de Mascha Halberstad ont vraiment besoin de sauver la forêt, mais avant cela, ils vont devoir composer avec des égos énormes et des sous-vêtements minuscules

Critique : Renard et Lapine sauvent la forêt

Une vieille émission qui passait il y a longtemps disait à tout le monde de "laisser faire Castor". C’est un conseil à la noix, clairement, car rien de bon ne peut jamais en ressortir. Du moins pas dans le film d'animation Renard et Lapine sauvent la forêt [+lire aussi :
interview : Mascha Halberstad
fiche film
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de Mascha Halberstad, un titre divertissant, quoiqu'un peu barjot, qui a été projeté dans la section Generation Kplus de la Berlinale.

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Ici, Castor est étouffé par sa propre ambition. Il veut construire un barrage géant, principalement parce qu'il le peut, sauf que ce faisant, lui et ses sbires (deux rats bredouillants) empêchent complètement l'écoulement de la rivière, causant une véritable pagaille et l'inondation des maisons environnantes. "Voilà ce qui se passe quand tu cherches des noises à Castor", crie-t-il à un moment, faisant honneur à l'héritage de tous les méchants des James Bond – l'hommage est du reste assez littéral : Karl Stromberg le mégalomane (joué par Curd Jürgens dans L’Espion qui m'aimait) ne prévoyait-il pas déjà de détruire le monde et de créer une nouvelle civilisation sous-marine ? Ces deux-là devraient vraiment se rencontrer.

Si l’intrigue est mince et l’animation en 3D pas aussi charmante ni décalée que celle du petit régal en stop motion Oink [+lire aussi :
critique
bande-annonce
interview : Mascha Halberstad
fiche film
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déjà commis par Halberstad, le film reste tout de même riche en bizarrerie, à commencer par le fait qu’un film destiné à des enfants de cinq ans (et plus) aujourd'hui puisse comporter un personnage qui se balade dans le genre de sous-vêtements olé olé qu'on verrait normalement dans des bars de nuit très sombres (le fantôme de Ray Winstone et son caleçon de bain dans Sexy Beast flotte résolument quelque part dans cette histoire), mais c'est bien l'idée : ces personnages sont très différents de ce qu'on voit d'habitude, et ils sont autorisés à l'être. Leur forêt est peut-être bizarre, mais elle est très inclusive.

Quoiqu'il en soit, tandis que les bois sont menacés de destruction, gratuitement qui plus est, tout le film tourne au commentaire sur le monde d'aujourd’hui (un monde où il existe un hibou obsédé par sa poupée préférée, certes, mais ça n'empêche). On a ici un riche rongeur avec une "vision" qui se fiche complètement du cauchemar qui va en découler. D'aucuns tentent de l’arrêter, mais n’ont pas vraiment les moyens de le faire : Tusk, à présent moins dévêtu et désespérément occupé à creuser un trou qui se retrouve immédiatement inondé à chaque fois, n’est pas très différent de tous ces militants dont les voix sont recouvertes par la machinerie des entreprises du bâtiment. En même temps, Fox ne peut pas s’empêcher d’être un peu intrigué par ce fou furieux égocentrique, par sa confiance en lui et son pouvoir. C’est une histoire légère qui nous est racontée là (il y a même une ou deux chansons), mais le film a des moments qui font plus sombres, du moins pour les parents – il y a gros à parier que les jeunes spectateurs seront plus absorbés par la sirène blonde qui se prélasse dans une baignoire.

Halberstad est une réalisatrice intéressante avec un méchant sens de l’humour, une passion pour les références adultes et beaucoup de respect pour son public, petit ou grand. Elle n’a pas peur de montrer une créature qui a perdu les pédales, un être dont la maison est presque entièrement colonisée par une colossale sculpture de glace à son effigie et qui entretient des rêves de grandeur semblables à ceux de bien des politiciens ("Aujourd’hui, je vais montrer au monde à quel point je suis formidable", dit-il), mais elle semble aussi croire que les gens (et les animaux de la forêt) sont capables de changer. C’est un message important quoiqu'exprimé discrètement, de même que quelques appels à davantage préserver l'environnement et les murmures incompréhensibles des rats en train de jouer à imiter Tommy Shelby. Si ses projets personnels, comme Oink, sont sans doute plus touchants, son nouveau film vaut aussi largement la peine qu'on aille le voir.

Renard et Lapine sauvent la forêt a été produit par Submarine (Pays-Bas), Walking the Dog (Belgique), et Doghouse (Luxembourg). Les ventes internationales du film sont assurées par Urban Sales.

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(Traduit de l'anglais)

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