Critique : As Neves
par Alfonso Rivera
- Le premier film de fiction de Sonia Méndez présente un autre cercle de la neige, coupé du monde, gelé et juvénile, sauf que cette fois, l'accident n'est pas aérien, mais informatique

Que se passerait-il si nous n’avions plus internet ? Pour ceux qui ont grandi dans l'ère analogique, ça ferait des vacances à nos rétines et nos neurones, mais pour tous les "manchots" numériques (car une des mains, toujours occupée par le téléphone mobile, reste inutilisée pour toute autre tâche la majeure partie du temps), une telle éventualité se rapprocherait de la plus terrible et inimaginable des catastrophes. Voilà un des sujets qu'aborde As Neves [+lire aussi :
interview : Sonia Méndez
fiche film], qui marque les débuts de Sonia Méndez dans la fiction après le documentaire A poeta analfabeta et qui a été présenté en compétition officielle au 27e Festival de Malaga.
As Neves est aussi le nom du village de Galice où se déploie l’action de ce long-métrage qui commence par une fête dominée par les drogues, mais aussi par une vidéo filmée sans consentement qui ne devrait pas déclencher un conflit, car elle appartient à l’intimité des personnes qui y apparaissent… mais il n'en ira pas ainsi ; elle va causer pas mal de grabuge. Le lendemain, le groupe découvre qu'une des filles qui apparaît dans ces images volées n’est pas rentrée chez elle, et une enquête est lancée pour savoir où elle se trouve tandis qu'une tempête de neige approche de la petite commune, la coupant entièrement du reste du monde, physiquement et virtuellement.
D'un coup, ces jeunes gens perdent leur source habituelle de mondes imaginaires, de distraction et d'évasion à travers l’écran, et doivent faire face à une réalité particulièrement dure et compliquée, car personne ne se souvient exactement ce qui s’est passé lors de la nuit de défonce. Méndez, également scénariste et coproductrice du film, accompagne de très près les personnages, partageant leurs joies, leur camaraderie, leurs angoisses, leurs incertitudes, leurs jalousies, leur rebellion et leur désemparement.
L’adolescence n’est pas ce paradis de lumière, de couleurs et de corps parfaits que nous vend Instagram, mais une cocotte minute débordant de doutes. Ainsi, As Neves se pose en portrait d’une jeunesse à des lieus du monde des adultes, qui n’ont aucune idée de ce que leurs enfants ressentent, désirent ou simplement vivent.
Cette incommunication (entre les générations, mais aussi entre ces jeunes super connectés), additionnée au sentiment de culpabilité qui s’empare d'eux comme une pandémie, se mue en axe principal de ce drame juvénile mâtiné de thriller rural, interprété par des débutants qui ajoutent de l’authenticité à la fiction, mais dont quelques scènes trahissent le manque d'habileté d'expression devant la caméra. Dans l'ensemble, le film parvient à maintenir le suspense de sa trame de polar tout en décrivant combien on use (et abuse) des technologies.
As Neves a été produit par Aquí y Allí Films et Cósmica Producións. Les ventes internationales du film sont gérées par Begin Again Films.
(Traduit de l'espagnol)
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