email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

MALAGA 2024

Critique : El salto

par 

- Benito Zambrano présente un thriller intéressant sur les tragédies que vivent les immigrés, dans l'intention de toucher le grand public

Critique : El salto
Moussa Sylla dans El salto

Ibrahim est un immigré africain qui est arrivé en Espagne, depuis sa Guinée natale, il y a plusieurs années. À présent, sa vie et sa famille sont à Madrid, il travaille comme maçon et il est sur le point d’avoir un bébé avec sa femme. Un jour, inopinément, la police l'arrête pour le déporter dans son pays d’origine, car il n’a pas de permis de séjour. Commence alors toute une odyssée pour essayer de rentrer en Espagne auprès de sa famille, odyssée qui va l'amener à tenter de passer la barrière de Melilla, une entreprise à laquelle beaucoup échouent, sans compter les nombreux migrants qui sont morts en essayant. Voilà ce que raconte El salto [+lire aussi :
bande-annonce
fiche film
]
, le nouveau film de Benito Zambrano, écrit avec Flora Gonzalez Villanueva et projeté hors-compétition au Festival de Malaga.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Zambrano raconte la tragédie derrière l'histoire de chaque migrant qui tente de passer la barrière de Melilla à travers un film classique dans sa forme, avec des intentions clairement réalistes et sociales, une espèce de thriller dramatique sans artifices conçu avec la volonté de faire connaître cette histoire au grand public (un objectif qui le rattache au récent Moi capitaine [+lire aussi :
critique
bande-annonce
fiche film
]
 de Matteo Garrone) qui s'intéresse aux parcours des personnages, à leurs drames, leurs angoisses et leurs espoirs. Une des grandes vertus du film est précisément l’humanité et l'absence de sensationnalisme pour lesquelles a opté le réalisateur dans ce tableau de la tragédie de l’immigration. À partir de cette intention de mettre la dimension humaine au centre du film, le film parvient à rendre compte de la situation de vulnérabilité et de désarroi où se trouvent beaucoup de migrants, de la manière dont le système et ses institutions déshumanisent totalement ces tragédies humaines, du fait que tous les jours, des crimes contre les droits humains sont commis à l'abri de la loi et en complicité avec la société, indifférents comme nous le sommes à la violence et à la mort des autres, du fait que nous regardons de l’autre côté tant que la tragédie n'affecte pas notre zone d'intérêt. Ainsi, le film propose des débats intéressants sur l’injustice de ce drame, sur l'idée que la légalité d'une chose ne signifie pas nécessairement qu’elle est juste et qu’il ne faut rien faire pour la changer.

Si le film manque par moments d'une certaine force visuelle et émotionnelle, c'est un travail bien mené en termes de mise en scène et d’interprétation qui parvient puissamment à aller vers sa saisissante scène finale, qui contient tout le propos du film : la terreur, le désespoir, le  besoin de s’accrocher à quelque chose, d’avoir un espoir, la situation de ceux qui sont disposés à risquer leur vie parce qu'ils ont déjà tout perdu, la peur de mourir et en même temps le fait d'être déjà mort si on ne tente pas le grand saut de l'autre côté de la barrière.

"À ceux qui sont morts pendant le voyage. À ceux qui sont arrivés. À ceux qui les ont reçu les bras ouverts" : voilà la dédicace qu'on peut lire dans le générique de fin du film. El salto est un film simple et honnête, du cinéma social et politique qui parvient à ce qu’il essaie de faire : toucher le grand public sans se présenter comme édifiant et sans grands discours. Un film qui dialogue avec le présent, devenant une sorte de miroir de ce que nous sommes aujourd’hui comme société.

El salto est une coproduction entre l’Espagne et la France qui a réuni les sociétés Cine365Films, Cine365 Films Canarias AIE, Castelao Producciones, Virtual Contenidos er Noodles Productions. Les ventes internationales du film sont assurées par Filmax.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'espagnol)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy