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CPH:DOX 2024

Critique : Motherboard

par 

- La réalisatrice lauréate d'un BAFTA Victoria Mapplebeck se penche sur la monoparentalité à travers un documentaire tourné sur smartphone

Critique : Motherboard

La monoparentalité et le cinéma indépendant ont beaucoup de points communs : des épreuves à surmonter, toutes les difficultés liées à la croissance, mais aussi la joie de voir sa création s'épanouir et vivre sa vie, pour n'en citer que quelques uns. Il faut un niveau de sincérité remarquable pour se filmer soi-même avec sa famille, quotidiennement, afin de comprendre combien la vie peut être chaotique et magnifique. C'est exactement ce que parvient à faire la réalisatrice britannique Victoria Mapplebeck dans Motherboard, en lice cette année pour le DOX:AWARD de CPH:DOX.

En tant qu'il s'agit d'un documentaire réalisé sur smartphone, Motherboard est le prolongement du court-métrage de Mapplebeck Missed Call, déjà récompensé aux BAFTA, qui était le premier court-métrage de commande tourné sur un iPhone X. Les deux films explorent la relation de la réalisatrice avec son fils adolescent, Jim, triangulée, en quelque sorte, par l'absence du père du garçon, qui reste anonyme. D’une certaine manière, Missed Call est presque le teaser du long-métrage, où la période de vingt ans couverte est restituée plus en détails, de la première échographie au premier jour d'université de Jim. Au fil du temps, la technologie aussi charge, du vieux caméscope à cinq générations successives d’iPhone, mais les seules marqueurs de ces changements sont la qualité de l’image et le format. Vers la fin du film, quand Jim négocie son indépendance, ses vidéos Snapchat constituent un espace juste à lui, tout aussi sûr et impénétrable.

Motherboard, qui examine sans fard, mais de manière très engageante, la maternité et son évolution dans le cadre d'un réseau de dynamiques familiales, est souvent très émotif. Les images n'ont pas été retravaillées, le contenu est sincère et parfois sans détours : ces deux éléments font qu’on se rapporte bien à l’histoire, mais ce que le film arrive à faire, plus subtilement, c’est à créer un attrait émotionnel qui laisse tout de même assez d’espace pour que les personnages respirent et soient eux-mêmes, dans toute leur imperfection. Un niveau de confiance radical (dans la démarche et dans le public qui verra le film plus tard) est nécessaire pour qu’un tel projet puisse exister et se démarquer, et tout au long des deux décennies passées à vivre et à filmer, Mapplebeck n'a jamais hésité à montrer les espoirs et les désespoirs qui ont jalonné la route.

Motherboard a fait office de substitut quand le travail en free-lance de la réalisatrice et sa monoparentalité ne pouvaient plus coexister, mais en regardant le film, on n'a jamais le sentiment que c'est un pis-aller. À l'inverse, l’urgence de ce projet, et comme document, et comme manière de vivre la vie à travers le cinéma, confère au film une singularité : tout se passe comme s'il n'aurait pas pu en aller autrement.

Aussi fortes, émotionnellement, que puissent être les 90 minutes qu'on partage avec Victoria et Jim, le film lui-même raccorde un peu hâtivement les différentes images, et son esthétique de collage fait parfois un peu trop fragmentée pour compléter les pièces déjà dispersées d’un grand récit sur la "supermaman". Le montage rapide est sans doute économique, mais les moments de silence et de refus de parler portent beaucoup plus le film que ses indications formelles plus extravagantes.

Motherboard a été produit par First Person Films (Royaume-Uni). Les ventes internationales du film sont assurées par Autlook Filmsales.

(Traduit de l'anglais)

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