email print share on Facebook share on Twitter share on LinkedIn share on reddit pin on Pinterest

LOCARNO 2023 Cineasti del presente

Critique : On the Go

par 

- Julia de Castro et Marìa Gisèle Royo présentent un road movie féministe queer exaltant et militant tout à la fois qui engage à aborder la vie de front, sans peur du lendemain

Critique : On the Go
Omar Ayuso, Julia de Castro et Chacha Huang dans On the Go

Julia de Castro, artiste pluridisciplinaire espagnole qui s’exprime à travers la littérature (La Retorica Delle Puttane), la musique, le théâtre et le cinéma, ne mâche pas ses mots. Ses sujets de prédilection sont se rattachent au sexe et au corps, abordés selon un point de vue féministe résolument rafraîchissant. Pour l’accompagner dans sa nouvelle aventure cinématographique, On the Go [+lire aussi :
bande-annonce
interview : María Gisèle Royo, Julia d…
fiche film
]
, sélectionné au Festival de Locarno dans la section Cineasti del Presente, on retrouve la réalisatrice et productrice vénézuélienne María Gisèle Royo, à laquelle son documentaire de fin d’études, Rediscovering Pape, a valu l'Academy Award des étudiants et le College Student Award. Quoique leurs personnalités soient, à certains égards, très différentes, les deux réalisatrices sont parvenues, grâce à un échange ouvert fondé sur le respect et l’écoute, à composer un monde à la fois surréaliste, fou et irrationnel, peuplé de personnages exubérants qui semblent tout droit sortis de l’esprit de Pedro Almodovar première période (Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier). On the Go est une œuvre queer dans laquelle l’homme hétéro hégémonique est prié de se taire (pour une fois).

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

Andalousie, 2022. Milagros, célèbre DJ originaire de la petite ville d'Avila, doit décider si elle va aller ou pas à un rendez-vous qui pourrait changer sa vie pour toujours, dans une clinique qui s’occupe d’insémination artificielle pour les parents célibataires. Quelles sont les conséquences du fait de ne pas connaître l’identité du donneur ? Au lieu de ruminer sur un dilemme qui, de toutes façons, n’a pas de réponse, Milagros décide de partir pour Séville avec la Chevrolet Corvair de 1967 de son père. Pendant ce road trip aussi délirant qu'exaltant, l’héroïne (incarnée par Julia de Castro) rencontre (ou se heurte à) des personnages pour le moins pittoresques qui l'amènent à réfléchir sur ce qu’elle désire vraiment. Parmi ceux-ci, on a la Reine de Triana (jouée par une fascinante et énigmatique Chacha Huang), sex symbol international qui se revendique sirène et ne parle qu’anglais, et Jonathan (un irrésistible Omar Ayuso), un ami de longue date dont Milagros usurpe l'identité sur son compte Grindr dans l'objectif de trouver son étalon personnel, à savoir le donneur de sperme parfait. Milagros veut obtenir des préservatifs utilisés par Jonathan pour s’auto-inséminer, mais le plan se révèle beaucoup plus compliqué qu'elle ne l’avait envisagé. La réponse de l’héroïne aux questions de Jonathan concernant son désir frénétique de devenir mère est incisive est parfaite : "créer une famille dysfonctionnelle ensemble est le projet parfait".

En voyage à travers une Andalousie qui évoque le Far-West (le format 16 mm y contribue beaucoup), nos antihéros et antihéroïnes suivent leurs instincts et décident d'aborder le présent sans se préoccuper du lendemain, avec l’insouciance et la délicieuse arrogance de la jeunesse. La musique, la danse et les traditions liées à une terre où le flamenco règne en maître imprègnent chaque image, nous rappelant que ce qui compte sont les émotions plus que la raison. On the Go, hommage au film culte espagnol  Corridas de alegría de Gonzalo García Pelayo, est un road movie où rien n’est planifié et où tout paraît incroyablement facile. Les personnages défient le spectateur, comme pour lui rappeler qu'au fond, la vie n’est qu’un moment fluctuant, fait d’expérimentation et de quête de soi. Comme l’ont souligné ses réalisatrices, On the Go peut être interprété comme une relecture 2.0 des thèmes centraux du film de Pelayo : l’amitié et l’amour. Les réalisatrices se font à travers ce travail les porte-parole d’une nouvelle génération happée par les appli de rencontre qui, malgré une précarité économique rampante, croit encore en la vie éternelle.

On the Go a été produit par Jur Jur Productions. Les ventes internationales du film sont assurées par MPM Premium.

(L'article continue plus bas - Inf. publicitaire)

(Traduit de l'italien)

Vous avez aimé cet article ? Abonnez-vous à notre newsletter et recevez plus d'articles comme celui-ci, directement dans votre boîte mail.

Privacy Policy