12/09/2023 - Thomas Lilti résout l’équation de l’intelligent coup de projecteur sociétal et de la comédie à dimension humaine avec un film choral drôle, instructif et touchant sur les enseignants

"Tu crois que tu sais, mais tu ne sais pas. Le pire, c’est que tu ne sais pas expliquer ce que tu sais." Tout le monde a toujours un avis sur l’Éducation nationale et pour cause, chacun est déjà passé sur les bancs de l’école. Gouvernements, médias et parents pointent sans cesse ce qui ne va pas dans l’enseignement public, sur fond de dictature des classements internationaux (un terreau propice à beaucoup d’instrumentalisation) et les enseignants eux-mêmes ont souvent l’impression de lutter dans le désert du manque chronique de moyens, d’écoute et de considération, et dans un tourbillon permanent de fausses bonnes idées de réforme.

C’est sur leur réalité dans toute sa simplicité, à travers leur prisme, dans les coulisses de la salle des profs et dans la vie privée des enseignants, que Thomas Lilti a décidé avec Un métier sérieux [+lire aussi :
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interview : Thomas Lilti
fiche film] (lancé demain dans les salles françaises par Le Pacte et qui sera projeté hors compétition au 71e Festival de San Sebastián) de porter son regard humaniste et son style cinématographique mêlant justesse de la représentation et enveloppe romanesque très proche des émotions de l’existence (humour compris) comme il l’avait fait avec succès pour l’univers médical (avec Hippocrate [+lire aussi :
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fiche film]). À la croisée idéale du film d’auteur et du cinéma populaire, le cinéaste réussit de nouveau à mettre sur la table sans caricature les bonnes questions sociétales sur une profession parfois malmenée au quotidien et à offrir toutes les réponses positives pour qui saura les discerner.

"C’est déjà une chance d’avoir un prof". Le thésard Benjamin (Vincent Lacoste) débarque au collège Victor Hugo (un établissement "normal", de banlieue parisienne) pour un remplacement en mathématiques. Il intègre une sympathique équipe enseignante incluant entre autres Pierre (François Cluzet), Meriem (Adèle Exarchopoulos), Sandrine (Louise Bourgoin) et Fouad (William Lebghil). Des conseils pour "tenir sa classe" (avoir les cheveux couts, porter des lunettes) ou améliorer ses cours (à l’aide de tutos sur YouTube plutôt qu’avec les outils inadaptés de l’institution) aux sujets plus épineux (les cas de conscience pour sanctionner les élèves ayant franchi les limites, les crises de vocation, le poids de l’administration réclamant aux enseignants des taches débordant leurs strictes compétences, etc.), le film examine à la loupe la place de l’enseignant ("l’impuissance, l’échec, l’injustice, ça arrive tout le temps dans notre métier") dans son cadre professionnel. Mais il montre aussi et surtout que les profs sont des femmes et des hommes comme les autres, avec des vies en dehors du collège, des sentiments, des espérances, des chagrins, et qu’ils sont également des parents et des parents d’élèves, ce qui n’est pas toujours une sinécure…

Éclairage, contexte, mise en perspective : Un métier sérieux radiographie le monde d’aujourd’hui à travers ce microcosme et rend un bel hommage à une profession injustement dévalorisée actuellement. Pour se faire, Thomas Lilti s’appuie sur une troupe d’interprètes impeccables, sur une solide maîtrise scénaristique (afin de donner de l’espace à chacun de ses nombreux protagonistes et à toutes les composantes suggestives de son tableau de l’enseignement) et sur sa grande finesse à distiller de l’empathie et des éléments de réflexion d’une manière très vivante (souvent drôle et parfois très émouvante) et dans un état d’esprit volontairement optimiste ("on fait tout ensemble, on s’entraide") sans néanmoins se voiler la face sur les difficultés à affronter et à surmonter.

Produit par 31 Juin Films et Les Films du Parc, Un métier sérieux a été coproduit par France 2 Cinéma et Le Pacte (qui pilote aussi les ventes internationales).

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Galerie de photo 30/09/2023 : San Sebastian 2023 - Un métier sérieux

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